AfSud : Le président de l'ANC veut exproprier au-delà de 12.000 ha

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Afsud: le president de l'anc veut exproprier au-dela de 12.000 ha[reuters.com]
(Crédits : Siphiwe Sibeko)

JOHANNESBURG (Reuters) - Le président du Congrès national africain (ANC) au pouvoir en Afrique du Sud se dit favorable dans une interview publiée mercredi à ce que l'Etat exproprie sans compensation tous ceux qui possèdent plus de 12.000 hectares de terres, une déclaration qui a contribué à faire baisser le rand.

Plus de deux décennies après la fin de l'apartheid, la minorité blanche possède encore l'immense majorité des terres sud-africaines.

Le sujet demeure très sensible dans un pays où, après des siècles de domination coloniale, puis raciale, la majorité noire s'impatiente devant la lenteur de la redistribution promise par les gouvernements successifs.

Sous la pression de l'extrême-gauche et à l'approche des élections générales de l'an prochain, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a annoncé fin juillet un futur amendement de la Constitution visant à permettre des expropriations agricoles sans compensation.

Mais il n'a fourni pour le moment aucune précision sur ses intentions, qui feront l'objet de débats au Parlement mais sont source d'inquiétude pour les investisseurs alors que l'économie du pays tourne déjà au ralenti.

Dans une interview accordée au site d'informations News24, le président de l'ANC, Gwede Mantashe, se montre plus précis, sans que l'on sache pour le moment si l'avis de ce proche du président Ramaphosa représente la position officielle du parti - aucun haut responsable de l'ANC n'a répondu aux sollicitations de Reuters mercredi.

"Personne ne devrait posséder plus de 12.000 hectares de terres et donc si tel est le cas, ces terres devraient être confisquées sans compensation", déclare Gwede Mantashe, qui est aussi ministre des Mines.

Ce commentaire, conjugué à un rapport critique de l'agence Moody's sur l'économie sud-africaine, a fait reculer la monnaie nationale, le rand, de 3% par rapport au dollar.

La limite de 12.000 hectares avait déjà été évoquée en 2016 par le ministre du Développement rural et de la réforme agraire de l'époque, Gugile Nkwinti, mais celui-ci suggérait alors que l'Etat achète, et non s'approprie, les terres des grands propriétaires.

AfriForum, une organisation représentant principalement les intérêts des blancs sud-africains, a critiqué la décision de l'ANC d'ouvrir un débat constitutionnel sur le sujet, prévenant que toute expropriation sans compensation aurait des effets "catastrophiques".

(Alexander Winning; Tangi Salaün pour le service français, édité par Arthur Connan)