Un pacte pour les migrations entaché par les défections

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Un pacte pour les migrations entache par les defections[reuters.com]
(Crédits : Stephane Mahe)

PARIS (Reuters) - A défaut d'engager ses signataires de manière contraignante, l'adoption lundi prochain à Marrakech du Pacte mondial sur les migrations a mis en lumière les fragilités politiques de nombre de gouvernements européens sur la question migratoire.

En France, Emmanuel Macron, qui avait annoncé en septembre devant l'Assemblée générale des Nations unies son soutien au "Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières", sera représenté par le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères Jean-Baptiste Lemoyne.

Mais en Italie, en Suisse ou en Belgique, où le parti nationaliste NVA dans la majorité gouvernementale a menacé de désavouer le Premier ministre Charles Michel par opposition au pacte, le texte a cristallisé des oppositions de principe et la présence de délégations reste incertaine, à l'heure ou six pays Européens ont d'ores et déjà annoncé le retrait de leur soutien.

Israël, l'Australie, la Hongrie, la République tchèque, la Slovaquie, la Bulgarie, l'Autriche et la Pologne ont ainsi rejoint le groupe du "non" à ce pacte validé en juillet dernier par l'ensemble des pays membres de l'Onu sauf les Etats-Unis.

Le texte recense 23 objectifs de coopération, des ambitions communes et responsabilités partagées en matière de migrations : par exemple "lutter contre les facteurs négatifs et les problèmes structurels qui poussent des personnes à quitter leur pays d'origine", mais aussi "assurer l'accès des migrants aux services de base" ou "ne recourir au placement en rétention administrative des migrants qu'en dernier ressort".

Le Pacte doit déboucher formellement sur une résolution aux Nations unies le 19 décembre prochain.

En France, plusieurs représentants des Républicains (LR), d'extrême droite (Rassemblement national) et Debout la France demandent au gouvernement de ne pas s'associer au texte, voire de le soumettre à l'approbation du Parlement national comme l'a promis en Italie le ministre de l'Intérieur Matteo Salvini.

Dans un communiqué jeudi, la porte-parole des Républicains Lydia Guirous estime que le texte relève "d'une logique de promotion des migrations" et appelle Emmanuel Macron à refuser de signer le pacte. "Chaque peuple a le droit de décider souverainement qui il souhaite accueillir", dit-elle, un principe pourtant inscrit dans le textemême du pacte.

Le député LR Eric Ciotti avait dénoncé pour sa part une "boîte de Pandore qui instaurera un appel d'air mondial et une forme de droit à l'immigration"

De source diplomatique, on souligne la "simplicité" du soutien français au pacte : "On le soutient pour ce qu'il est, c'est-à-dire une déclaration politique qui est juridiquement non contraignante, qui se fait à droit constant et qui ne crée aucunement un 'droit à la migration' comme on peut l'entendre", note-t-on, évoquant des "lectures biaisées" du texte.

"La migration sera d'autant plus acceptée qu'elle se fera dans le respect des règles", souligne-t-on. Par ailleurs, "il ne faut pas considérer que c'est un texte qui a les yeux rivés sur l'Europe", ajoute-t-on de même source, en soulignant l'utilité des principes énoncés pour l'Amérique latine, l'Asie ou encore les pays du Golfe.

(Julie Carriat, édité par Yves Clarisse)