Wall Street hésite entre le vert et le rouge

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Wall street termine dans le desordre[reuters.com]
(Crédits : Brendan Mcdermid)

NEW YORK (Reuters) - Wall Street a terminé dans le désordre et avec de faibles écarts une séance heurtée mardi, la menace brandie par le président américain Donald Trump d'un "shutdown" l'ayant disputé à l'optimisme suscité par l'évolution des discussions commerciales sino-américaines.

Le Dow Jones finit sur une perte modeste, tandis que le S&P-500 termine pratiquement stationnaire et que le Nasdaq Composite engrange un maigre gain.

Donald Trump a déclaré mardi qu'il serait ravi de bloquer le fonctionnement de l'administration fédérale américaine (shutdown) s'il n'obtenait pas du Congrès les crédits qu'il réclame pour construire un mur à la frontière avec le Mexique, l'une de ses promesses de campagne.

Le président américain a fait cette déclaration après une rencontre marquée par de vifs échanges verbaux, inhabituels en public, avec les dirigeants démocrates de la Chambre des représentants Nancy Pelosi et du Sénat Chuck Schumer à la Maison blanche.

Wall Street avait bien démarré la journée, stimulée par le fait que la Chine et les Etats-Unis aient discuté d'une feuille de route pour la prochaine étape de leurs négociations commerciales.

En outre, Pékin envisagerait de réduire ses droits de douane sur les voitures américaines importées, suivant des informations de presse.

Mais la passe d'armes entre Trump et les parlementaires a fait partir le Dow Jones et le S&P-500 vers le bas dans l'après-midi avant que ces deux indices ne reviennent dans le vert puis ne retournent dans le rouge durant la dernière heure d'échanges.

L'indice Dow Jones a perdu 53,02 points, soit 0,22%, à 24.370,24 points. Le S&P-500, plus large, a laissé 0,94 point (0,04%) à 2.636,78 points.

Le Nasdaq Composite a gagné 11,31 points (0,16%) à 7.031,83 points.

"Nous traversons une période de forte volatilité au jour le jour; les intervenants du marché tentent avec un certain mal de déterminer les valorisations correctes et c'est pour ça qu'on aura beaucoup d'allers-retours", a dit Scott Brown (Raymond James).

Il a ajouté que les perspectives de 2019 étaient plombées par une "période d'incertitude exceptionnelle" durant laquelle les investisseurs tentent de pondérer les valorisations en fonction d'événements tels que la vie politique de Washington, le Brexit, l'évolution attendue des taux d'intérêt ou encore celle du commerce international.

Le fait que, selon un responsable du service politique de la chaîne Sky, certains élus conservateurs estiment que les députés tories ont adressé un nombre suffisant de lettres pour provoquer un vote interne de défiance contre la Première ministre britannique Theresa May, n'a fait qu'ajouter à la nervosité ambiante.

Mais, a remarqué Carol Schleif (Abbott Downing), cette volatilité est aussi l'occasion de faire des rachats à bon compte. "On ne peut pas contrôler les événements mais on sait que les fondamentaux économiques restent solides", a-t-elle dit.

Le volume a été de 8,01 milliards de titres échangés, égal à la moyenne des 20 dernières séances.

VALEURS

Au plan sectoriel, le plus fort recul du jour est au passif de l'indice des financières, dont les pertes se sont accélérées dans la dernière heure et qui subit un creux de 1,02%.

A contrario, l'indice des biens de consommation de première nécessité s'adjuge le plus gros gain de la séance, de 0,85%.

LES INDICATEURS DU JOUR

Les prix à la production aux Etats-Unis ont progressé de façon inattendue en novembre, la hausse des coûts des services ayant compensé un vif déclin des prix de l'énergie.

LA SÉANCE EN EUROPE

Les Bourses européennes ont pu rebondir mardi à la faveur des développements positifs dans les négociations commerciales entre les Etats-Unis et la Chine.

À Paris, l'indice CAC 40 a terminé en hausse de 1,35% à 4.806,2 points. Le Footsie britannique a pris 1,27% et le Dax allemand a gagné 1,49%.

L'indice EuroStoxx 50 a progressé de 1,27%, le FTSEurofirst 300 de 1,77% et le Stoxx 600 de 1,53%.

L'indice Stoxx du segment automobile a bondi de 2,34%, signant une des plus fortes hausses en Europe.

D'autres secteurs sensibles à la thématique commerciale se sont aussi distingués, comme celui associé aux ressources de base (+3,11%) et la technologie (+2,22%).

TAUX

Les rendements ont monté dans l'ensemble, profitant de l'élan un temps imprimé par Wall Street, portée par de bonnes nouvelles sur le front commercial sino-américain, et de la hausse inattendue des prix à la production aux Etats-Unis.

Le Trésor a placé du papier à trois ans au taux de 2,748%, le plus faible depuis juillet. Les traders attendent à présent l'adjudication de 24 milliards de dollars de titres à 10 ans demain mercredi.

Le rendement de l'emprunt à 10 ans ressortait à 2,879% contre 2,856% lundi, tandis que celui de l'emprunt à 30 ans - qui a pris l'habitude de ne pas suivre le reste du marché ces dernières séances - ne variait guère, s'inscrivait à 3,125% contre 3,129% lundi.

CHANGES

L'espoir d'un règlement du conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine a fait monter le dollar face à un panier de devises de référence.

Le sterling lui a pâti du risque de voir déposer une motion de défiance contre la Première ministre britannique Theresa May.

L'indice du dollar gagnait 0,18% à 97,396 après avoir atteint 97,545 en séance, au plus haut depuis le 28 novembre.

Le sterling perdait 0,29% à 1,2523 dollar après être tombé en séance à 1,249, au plus bas depuis avril 2017.

PÉTROLE

Les cours du pétrole ont terminé en hausse mardi sur le marché new-yorkais Nymex, portés par la hausse des places boursières, par une baisse de la production libyenne et par une réduction progressive de la production russe.

Le marché pétrolier a accentué ses gains par la suite après que l'Institut américain du pétrole (API) eut annoncé une baisse des réserves de brut américaines bien plus forte que prévu.

L'API a également annoncé une baisse inattendue des stocks d'essence et une hausse des stocks de produits distillés moins importante que prévu.

(Avec Medha Singh, Sinéad Carew, Gertrude Chavez-Dreyfuss, Richard Leong; Wilfrid Exbrayat pour le service français)