"Gilets jaunes" : Paris de nouveau sous haute sécurité samedi

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(Crédits : Benoit Tessier)

PARIS (Reuters) - Le dispositif de maintien de l'ordre renforcé mis en place le 8 décembre face aux débordements des manifestations de "Gilets jaunes" est largement reconduit ce samedi en France, notamment à Paris, a fait savoir le gouvernement.

"Nous le renforcerons et nous l'adapterons partout où c'est nécessaire", a déclaré vendredi à Europe 1 le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner.

Il faisait notamment allusion à des villes de province comme Bordeaux, Toulouse ou Saint-Etienne, où les casseurs ont particulièrement sévi samedi dernier.

Le 8 décembre, selon le gouvernement, 120.000 policiers, gendarmes et pompiers avaient été mobilisés dans le pays, pour 136.000 manifestants recensés par le ministère de l'Intérieur.

Les annonces d'Emmanuel Macron en début de semaine pour le pouvoir d'achat, la diminution de la mobilisation des "Gilets jaunes" sur les ronds-points au fil des jours, les intempéries et, surtout, le choc de l'attentat de mardi soir à Strasbourg, devraient théoriquement peser.

Ces derniers jours, les "Gilets jaunes" ont ainsi paru partagés sur la conduite à tenir ce week-end.

Pouvoirs publics et policiers n'en redoutent pas moins de nouveau des violences et des dégradations, lors de ce cinquième samedi de manifestations, de la part des "Gilets jaunes" les plus radicalisés et d'éléments d'ultra-gauche plus que d'ultra-droite, auxquels viendraient se mêler casseurs et pillards.

"Même au niveau des services de renseignement il est difficile d'avoir une vision claire pour demain", souligne le secrétaire général de l'Unsa-Police, Philippe Capon. "Avant Strasbourg, nous avions des informations selon lesquelles certains s'organisaient pour échapper aux contrôles."

La nécessité à l'approche des fêtes de sécuriser des sites comme les marchés de Noël, sites sensibles après l'attentat de Strasbourg, complique la tâche des forces de l'ordre.

"Je préfèrerais que les forces de l'ordre soient en train de faire leur vrai métier, c'est-à-dire poursuivre les criminels, diminuer le risque terroriste, plutôt que de devoir sécuriser des ronds-points", a souligné Christophe Castaner.

"Il y a un acte V, paraît-il, de mobilisation des 'Gilets jaunes' à Paris. Eh bien moi je préfèrerais un acte de responsabilité", a ajouté le ministre de l'Intérieur, joignant sa voix aux appels au calme de l'exécutif.

CONTRÔLES ET INTERPELLATIONS

Au moins 55 compagnies de CRS et plus d'une centaine d'escadrons de gendarmes mobiles seront encore mobilisés samedi pour maintenir l'ordre, dit-on côté police et gendarmerie.

A Paris, 8.000 CRS, gendarmes mobiles et autres policiers seront de nouveau déployés, avec l'appui de 14 blindés de la gendarmerie, a dit le préfet de police, Michel Delpuech, à RTL.

Comme le 8 décembre, un périmètre de protection sera établi autour du palais de l'Elysée, du ministère de l'Intérieur, de l'Assemblée nationale et des services du Premier ministre. Les forces de l'ordre auront consigne d'interpeller toute personne en possession d'une arme ou d'une arme par destination.

Des contrôles d'identité et fouilles de sac seront réalisés de façon aléatoire en tout point de Paris, où une cinquantaine de "détachements d'action rapide" formés de 20 à 25 policiers, pourront aussi intervenir avec pour mission ces interpellations.

Le 8 décembre, les forces de l'ordre ont effectué plus d'un millier d'interpellations à Paris et près de deux mille sur la totalité du pays, un record pour une journée de manifestation.

Cela n'a pas empêché 250 entreprises et commerces d'être victimes de casseurs au coeur de Paris, selon la Chambre de commerce et d'industrie (CCI). Autant que le 1er décembre qui a pourtant constitué un pic de violences dans la capitale.

"Les mots-clés, c'est quadrillage, mobilité, réactivité", a résumé Michel Delpuech. "La semaine passée, nous avons plutôt bien maîtrisé l'aspect 'Gilets jaunes'. En revanche, à partir du milieu de l'après-midi, on a assisté à des scènes de casse et de pillage par des délinquants d'opportunité (...) et notre objectif sera de mieux maîtriser ce phénomène".

Les équipes mobiles seront ainsi ménagées pour la fin de l'après-midi, a précisé le préfet de Police.

Si des fleurons du commerce parisien ont décidé malgré tout d'ouvrir samedi, comme les Galeries Lafayette, l'Alliance pour le commerce estime dans un communiqué qu'une nouvelle journée de violences pourrait avoir "des conséquences désastreuses et irréversibles pour les enseignes".

Selon le président de la CCI d'Ile-de-France, Didier Kling, 47% de ses membres ont des difficultés de trésorerie depuis les manifestations du 8 décembre. Il a conseillé aux commerçants situés dans le périmètre de sécurité de fermer et aux autres d'ouvrir seulement "s'ils sont en mesure de filtrer le public".

(Emmanuel Jarry et Caroline Pailliez, édité par Yves Clarisse)