Israël : Pas de majorité nette à l'issue des élections, selon les sondages

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Israel: netanyahu joue sa survie politique lors d'un nouveau scrutin[reuters.com]
(Crédits : Ronen Zvulun)

par Dan Williams et Jeffrey Heller

JERUSALEM (Reuters) - Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui joue sa survie politique, n'est pas parvenu mardi à dégager une majorité claire à l'issue des élections législatives anticipées, selon les sondages réalisés à la sortie des urnes.

Ces sondages repris par les chaînes de télévision israéliennes, actualisés depuis, donnent entre 30 et 33 sièges au Likoud, le parti conservateur dont il est issu, en légère baisse par rapport aux premières estimations.

Il serait ainsi au coude-à-coude avec le parti centriste Bleu et blanc de Benny Gantz, ancien chef d'état-major de l'armée. Ce dernier remporterait en effet entre 32 et 34 sièges sur les 120 qui forment le Parlement.

Lors d'une allocution au siège Likoud à Tel Aviv dans la nuit de mercredi, Benjamin Netanyahu, visiblement éreinté et s'exprimant avec la voix enrouée, n'a revendiqué ni la victoire ni la défaite, précisant qu'il attendrait les résultats officiels.

Son principal adversaire, Benny Gantz, a déclaré mercredi qu'il semblait que le Premier ministre sortant avait perdu, même s'il fallait attendre les résultats officiels.

"Nous avons rempli notre mission", a-t-il lancé devant ses sympathisants, ajoutant qu'il était prêt à travailler à la mise en place d'un gouvernement d'union nationale.

Crédité de huit à neuf sièges, Avigdor Lieberman, ancien allié de Benjamin Netanyahu devenu l'un de ses plus fervents opposants, fait ainsi figure de faiseur de rois.

Il a immédiatement appelé, lui aussi, à la création d'un gouvernement d'unité nationale regroupant sa formation, le Likoud et le parti Bleu-blanc.

Constituer une coalition gouvernementale pourrait s'avérer complexe: Lieberman a déclaré qu'il ne rejoindrait pas une alliance intégrant des partis ultra-orthodoxes - les alliés traditionnels de Netanyahu.

Benny Gantz a exclu pour sa part de participer à un gouvernement avec Netanyahu, si le Premier ministre sortant, qui est sous le coup de plusieurs enquêtes pour corruption, était inculpé.

Une défaite électorale l'affaiblirait et l'exposerait davantage à des poursuites dans les affaires de corruption, sans l'immunité parlementaire que ses partisans cherchent à obtenir pour de le protéger. Netanyahu nie toute malversation et dénonce une chasse aux sorcières.

PEU DE DIVERGENCES

Les Israéliens avaient déjà voté en avril, mais Benjamin Netanyahu, qui est âgé de 69 ans, n'a pas été en mesure de retrouver sa majorité absolue à la Knesset, faute d'accord avec les autres composantes de la droite et les formations d'extrême droite ou ultra-orthodoxes. Le parti Bleu et blanc et le Likoud avaient obtenu 35 sièges chacun.

Il y a peu de divergences entre les deux principaux partis en ce qui concerne les sujets les plus importants tels que la lutte contre l'influence grandissante de l'Iran dans la région, les liens avec l'Autorité palestinienne et avec les Etats-Unis ou la stabilité de l'économie.

Benjamin Netanyahu taxe Benny Gantz, qui est âgé de 60 ans, d'inexpérience et le dit incapable d'inspirer le respect aux dirigeants étrangers, alors qu'il se targue d'avoir celui de Donald Trump. Benny Gantz accuse pour sa part le chef du gouvernement d'essayer de détourner l'attention des soupçons de corruption dont il fait l'objet.

Aux affaires sans discontinuer depuis 2009, le Premier ministre sortant, qui avait déjà gouverné de 1996 à 1999, vise le record de longévité à son poste.

Une alternance n'aurait probablement que peu de conséquences pour le processus de paix israélo-palestinien, qui est dans l'impasse depuis cinq ans.

A l'approche du scrutin, Benjamin Netanyahu a promis d'annexer la vallée du Jourdain et la partie Nord de la mer Morte, ce qui ruinerait probablement tout espoir de reprise du dialogue avec l'Autorité palestinienne, mais le parti Bleu et blanc est lui aussi favorable au développement des colonies juives de Cisjordanie. Avant les élections d'avril, le chef du gouvernement avait annoncé son intention d'annexer ces colonies.

Donald Trump lui avait en outre donné un coup de pouce en reconnaissant la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan syrien, dont Tsahal s'est emparé lors de la guerre des Six Jour, en 1967, et qu'Israël a annexé unilatéralement en 1981.

L'administration américaine doit publier prochainement son plan de relance du processus de paix, que les Palestiniens ont d'ores et déjà rejeté.

(Avec Rami Ayyub, Ari Rabinovitch et Stephen Farrell; Arthur Connan, Jean-Philippe Lefief et Jean-Michel Bélot pour le service français)