Trump aurait fait pression sur le président ukrainien pour enquêter sur Biden

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(Crédits : Joshua Roberts)

par Jonathan Landay, Aram Roston et Mark Hosenball

WASHINGTON (Reuters) - Le président américain Donald Trump aurait pressé à plusieurs reprises son homologue ukrainien Volodimir Zelenski, au cours d'un entretien téléphonique en juillet, d'enquêter sur l'ancien vice-président Joe Biden, rapportent vendredi le Wall Street Journal et plusieurs médias américains.

Cet appel au coeur d'une plainte déposée par un lanceur d'alerte, qui a déclenché une bataille politique entre les démocrates, qui alertent contre une menace potentielle contre la sécurité nationale, et le camp républicain, qui soupçonne Joe Biden, favori du Parti démocrate pour l'élection présidentielle de 2020, d'actes de corruption.

Reuters n'a pas pu confirmer les détails de la plainte du lanceur d'alerte mais une source proche du dossier, qui s'exprimait sous le sceau de l'anonymat, a indiqué que la plainte alléguait des "actes multiples" de la part de Trump en plus de l'appel téléphonique avec un dirigeant étranger.

Le président s'est entretenu au téléphone avec son homologue ukrainien quelques semaines avant le dépôt de la plainte. Les deux dirigeants doivent se rencontrer en marge de la 74e Assemblée générale des Nations unies.

L'appel du 25 juillet entre les deux dirigeants fait l'objet d'une enquête de trois commissions de la Chambre des représentants, contrôlée par les démocrates, qui cherchent à déterminer si Trump et son avocat personnel, Rudolph Giuliani, ont tenté de faire pression sur le gouvernement ukrainien pour qu'il l'aide en vue de sa campagne de réélection.

Selon l'édition de vendredi du Wall Street Journal, qui cite des sources au fait du dossier, Trump aurait pressé Volodimir Zelenski, à quelque huit reprises durant l'appel de coopérer avec Rudolph Giuliani pour ouvrir une enquête sur Joe Biden et son fils.

"UNE VENDETTA POLITIQUE PERSONNELLE"

Sur la chaîne CNN, Giuliani a affirmé avoir demandé au gouvernement ukrainien d'enquêter sur Hunter Biden, le fils de l'ancien vice-président.

Hunter Biden a travaillé à partir de 2014 pour le groupe énergétique ukrainien Burisma Holding. Selon Giuliani, Biden - alors vice-président - a demandé le limogeage d'un procureur ukrainien qui enquêtait sur les relations commerciales de son fils.

Viktor Chokine, le procureur général en question, avait été critiqué par le gouvernement américain et l'Union européenne pour des questions plus vastes, notamment le blocage des réformes du système juridique ukrainien. Le parlement ukrainien a approuvé son limogeage en mars 2016.

Trump a déclaré plus tôt vendredi qu'il ignorait l'identité du lanceur d'alerte et le contenu de la plainte mais que toutes ces conversations avec des dirigeants étrangers avaient été appropriées.

"Peu importe ce dont j'ai discuté, mais je dirai ceci: quelqu'un devrait examiner la déclaration de Joe Biden car elle était honteuse, dans laquelle il a parlé de millions de dollars qu'il ne verserait pas à un certain pays à moins qu'un certain procureur ne soit choisi", a-t-il ajouté.

Dans un communiqué, Joe Biden a déclaré que les informations évoquant une pression exercée par Trump, si elles étaient confirmées, montreraient que le président a abusé de sa position dans son propre intérêt. Il a exhorté la Maison blanche à publier une retranscription de l'appel et autoriser le Congrès à auditionner le lanceur d'alerte.

"Une telle corruption évidente abîme et affaiblit nos institutions gouvernementales en les utilisant comme les outils d'une vendetta politique personnelle", lance-t-il.

(Arthur Connan pour le service français)