Neuf dirigeants catalans condamnés à des peines de prison

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Neuf dirigeants catalans condamnes a des peines de prison[reuters.com]
(Crédits : Rafael Marchante)

par Isla Binnie et Emma Pinedo

MADRID (Reuters) - Le Tribunal suprême espagnol a condamné lundi pour "sédition" neuf dirigeants indépendantistes catalans à des peines de prison allant de neuf à treize ans pour leur implication dans le référendum d'autodétermination d'octobre 2017 et la déclaration unilatérale d'indépendance qui a suivi.

La haute cour n'a pas retenu le chef de "rébellion", considéré comme un crime contre la Constitution et qui est passible de peines plus lourdes (jusqu'à 25 ans de prison).

Outre le chef de sédition, quatre des condamnés le sont aussi pour "détournement de fonds publics".

Trois des douze dirigeants jugés dans ce procès historique ont été condamnés pour "désobéissance civile", aucune peine de prison n'a été prononcée à leur encontre.

L'ancien vice-président du gouvernement régional catalan Oriol Junqueras, élu au Parlement européen en mai, est condamné à 13 ans de prison. Il est en détention provisoire depuis novembre 2017 comme huit autres accusés.

"Ce qui s'est passé le 1er octobre (2017) n'était pas juste une démonstration ou un acte massif de protestation citoyenne. Il s'agissait d'un soulèvement tumultueux encouragé par les accusés et bien d'autres", souligne la cour dans sa décision.

L'ancien président indépendantiste catalan Carles Puigdemont, réfugié en Belgique pour échapper à des poursuites judiciaires, a dénoncé sur Twitter "une atrocité".

"Il est temps de réagir (...) pour l'avenir de nos fils et de nos filles. Pour la démocratie. Pour l'Europe. Pour la Catalogne", a-t-il écrit.

Le Tribunal suprême a annoncé quelques heures plus tard avoir émis à son encontre un nouveau mandat d'arrêt européen pour "sédition et détournement de fonds publics".

Des groupes séparatistes, qui réclamaient l'acquittement des douze dirigeants, ont appelé à de vastes actions de désobéissance civile.

"Il est temps de se soulever contre le fascisme autoritariste de l'Etat espagnol et de ses complices. C'est l'heure de la #RévoltePopulaire", ont lancé sur Twitter les Comités de défense de la République (CDR), de petites assemblées locales soutenant l'indépendance politique de la Catalogne.

Les liaisons entre Barcelone, la capitale catalane, et l'aéroport d'El Prat ont été brièvement perturbées sans que l'activité du site soit entravée.

Il est pour l'heure difficile d'établir l'ampleur que pourraient prendre d'éventuelles manifestations, alors que la participation a été faible aux rassemblements organisés il y a moins de deux semaines pour célébrer le deuxième anniversaire du référendum sur l'indépendance.

(Jean Terzian, Jean-Philippe Lefief et Sophie Louet pour le service français, édité par Jean-Michel Belot et Henri-Pierre André)