Les tensions commerciales pèsent sur le moral de l'industrie, au plus bas depuis 2015

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Les tensions commerciales pesent sur le moral de l'industrie, au plus bas depuis 2015[reuters.com]
(Crédits : Charles Platiau)

par Leigh Thomas

PARIS (Reuters) - Le climat des affaires s'est détérioré de manière inattendue en octobre dans l'industrie en France, tombant à son niveau le plus bas depuis début 2015, la France et ses partenaires européens étant désormais la cible de l'offensive commerciale américaine, selon l'enquête mensuelle publiée mercredi par l'Insee.

Jusqu'à présent, le secteur industriel a mieux résisté en France qu'en Allemagne, en raison de la moindre dépendance de l'Hexagone aux exportations, qui ont été pénalisées par les tensions commerciales internationales.

Cependant, la France s'est retrouvée ce mois-ci dans l'oeil du cyclone, Washington ayant obtenu le feu vert de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) pour relever ses droits de douane sur une série de produits européens, dans le cadre d'un différend très ancien avec l'Union européenne sur les aides publiques au constructeur aéronautique Airbus.

L'indicateur global du climat des affaires a légèrement reculé à 105 points contre 106 en septembre, se maintenant toutefois confortablement au-dessus de sa moyenne de long terme, qui s'établit à 100.

Cet indicateur composite masque cependant des évolutions divergentes en fonction des secteurs, l'indice de l'industrie tombant ainsi à 99 contre 102 en septembre, son plus bas niveau depuis mars 2015.

L'indicateur de l'industrie s'établit nettement en dessous du consensus, 102 points, calculé sur la base de la moyenne des prévisions de 18 économistes interrogés par Reuters, qui s'échelonnaient entre 101 et 103.

En revanche, l'indicateur des services, qui est beaucoup moins exposé aux vicissitudes du commerce international que l'industrie, est resté stable à 106 points.

"La guerre commerciale pèse clairement sur le climat des affaires et les nouveaux droits de douane appliqués à certains produits français sont très négatifs à cet égard", a déclaré Gilles Pradere, gérant obligataire chez la société genevoise RAM Active Investments.

"Mais il y a certainement d'autres facteurs en jeu, tels que la transition du secteur automobile en raison de nouvelles réglementations et du ralentissement de l'économie chinoise", a-t-il ajouté.

Malgré les menaces de représailles brandies par Paris, les États-Unis ont décidé vendredi de mettre à exécution leur menace de relever de 10% les droits de douane sur les avions vendus par Airbus, l'un des principaux exportateurs français.

Washington a également relevé de 25% ses droits de douane sur une gamme de produits, notamment certains vins français, le whisky écossais et les fromages européens.

Alors que l'économie allemande est au bord de la récession en raison du coup de frein aux exportations, l'économie française a jusqu'à présent fait front, grâce à une demande intérieure soutenue notamment par les mesures de relance prises par le gouvernement pour tenter d'enrayer le mouvement de contestation des "Gilets jaunes".

(Leigh Thomas, version française Jean-Michel Bélot, édité par)