L'ex-président brésilien Lula sort de prison

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Bresil: la cour supreme rend un arret pouvant entrainer la liberation de lula[reuters.com]
(Crédits : Rodolfo Buhrer)

BRASILIA (Reuters) - L'ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, dit Lula, est sorti de prison vendredi, après plus d'un an et demi de détention, à la suite d'une décision favorable de la Cour suprême.

L'ex-dirigeant du Parti des travailleurs (PT), qui purgeait une peine pour corruption, a été accueilli par une foule de partisans devant lesquels il a tenu un meeting improvisé.

Sa libération a été ordonnée par la justice vendredi, au lendemain d'un arrêt de la Cour suprême brésilienne qui a mis fin à l'emprisonnement obligatoire des condamnés avant l'épuisement de tous leurs recours, ouvrant potentiellement la voie à la remise en liberté de plusieurs milliers de personnes.

Lula avait été incarcéré en avril 2018 à la suite d'une condamnation à huit ans et dix mois de prison pour avoir accepté des pots-de-vin en échange de l'attribution de contrats gouvernementaux.

La décision des onze juges de la Cour suprême, approuvée par six voix contre cinq, enterre une jurisprudence mise en place il y a trois ans et qui a contribué au succès de l'enquête anti-corruption "Lavage express" ("Lava Jato").

Cette enquête est centrée sur des entreprises du BTP qui ont arrosé de pots-de-vin des responsables politiques et d'anciens cadres d'entreprises nationales en échange de contrats avec la compagnie pétrolière nationale Petroleo Brasileiro (Petrobras) et avec d'autres sociétés.

Le président de la Cour suprême, Jose Antonio Dias Toffoli, dont la voix a été décisive, a déclaré que les libérations ne seraient pas automatiques mais décidées par les tribunaux au cas par cas.

Le magistrat Sergio Moro, qui a conduit l'enquête "Lava Jato" avant de devenir ministre de la Justice du gouvernement de Jair Bolsonaro, avait averti, avant la décision de la Cour suprême, quil s'agirait d'un revers infligé à la lutte contre la corruption.

Dans le même registre, les procureurs de "Lava Jato" ont déploré une décision qui compliquera leur tâche et favorisera l'impunité en raison des procédures d'appel selon eux "excessives" du système judiciaire brésilien.

Le Parti des travailleurs, dont est issu Lula, a salué l'arrêt de la Cour suprême. Sa présidente Gleisi Hoffmann l'a qualifié d'"étape très importante pour renforcer la démocratie et la Constitution à un moment où elles sont menacées par un gouvernement d'extrême droite".

Selon le Conseil national de justice, près de 4.900 personnes pourraient bénéficier de cet arrêt.

Le barreau brésilien a fait valoir que la prison obligatoire violait la Constitution en ne respectant pas la présomption d'innocence des accusés tout au long de la procédure d'appel.

(Anthony Boadle, Eduardo Simoes et Ricardo Brito, version française Arthur Connan, Jean-Stéphane Brosse et Simon Carraud)