Gilets jaunes : Un anniversaire sous tension, 28.000 manifestants en France

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Tension au depart des corteges de gilets jaunes a paris[reuters.com]
(Crédits : Charles Platiau)

PARIS (Reuters) - Les manifestations organisées par les "Gilets jaunes" ont rassemblé quelque 28.000 personnes samedi en France, a déclaré le ministère de l'Intérieur, soit dix fois moins qu'au début du mouvement de contestation sociale il y a un an.

Alors que près de 300.000 personnes s'étaient rassemblées le 17 novembre 2018 à travers la France, notamment sur les ronds-points, ces manifestations hebdomadaires ont progressivement réuni moins de monde jusqu'à ce week-end anniversaire.

Ce chiffre de 28.000 manifestants, le plus important depuis plusieurs mois, marque toutefois un certain regain de mobilisation.

A Paris, où 4.700 personnes ont défilé samedi d'après les autorités, des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre ont entraîné l'annulation d'une manifestation au départ de la place d'Italie.

Des voitures ont été renversées, du mobilier urbain cassé et des feux allumés sur cette place du sud-est de Paris, où des projectiles, notamment des pavés, ont été lancés contre les forces de l'ordre et contre des vitrines de magasins. La police a fait usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau.

"La tournure des événements et notamment les destructions mais également les attaques systématiques contre les forces de sécurité mais également contre les sapeurs pompiers (...) ont fait que j'ai décidé d'interdire que cette manifestation se déroule", a déclaré le préfet de police de Paris, Didier Lallement, au cours d'une conférence de presse, en évoquant la présence de casseurs et de "black blocs".

Assumant une stratégie consistant à "fixer" les violences en un seul endroit de Paris, Didier Lallement a assuré que "tous ceux qui cachent leur visage, tous ceux qui jettent des pierres" seraient progressivement interpellés, les forces de l'ordre ne laissant qu'une seule voie de sortie de la place d'Italie.

"Notre réponse sera très ferme", a-t-il promis, tout en jugeant les destructions "limitées" et circonscrites à cette place, où les autorités ont annoncé vers 17h00 avoir rétabli l'ordre.

Quelques incidents ont éclaté par la suite, à la tombée de la nuit, dans le quartier commerçant des Halles, en plein coeur de la capitale.

SITUATION CALME À MARSEILLE

A 20h00, la préfecture de police avait procédé à 147 interpellations. A la même heure, 129 personnes avaient été placées en garde à vue, selon le parquet.

Dans le nord-ouest de la capitale, après quelques jets de grenades lacrymogènes, les Gilets jaunes ont pu défiler dans l'après-midi sur le parcours d'une autre manifestation au départ de la porte de Champerret.

Plusieurs dizaines de personnes avaient auparavant brièvement bloqué la circulation sur le périphérique parisien dans ce secteur. Elles se sont retirées dans le calme à l'arrivée des forces de l'ordre, intervenues quelques minutes après leur irruption sur le périphérique.

Cette manifestation s'est terminée sans incident notable place de la Bastille, a déclaré Didier Lallement.

Plusieurs secteurs de Paris avaient été interdits dès vendredi aux manifestants, notamment les Champs-Elysées et les abords de l'Arc de Triomphe, théâtres de nombreuses violences dans les premiers mois du mouvement de contestation.

L'interdiction restera valable dimanche, alors que de nouvelles actions sont prévues pour marquer l'anniversaire du mouvement.

A Marseille, un millier de personnes se sont regroupées sur le Vieux Port en scandant des slogans hostiles au président Emmanuel Macron. Quelques heurts ont éclaté lorsque des manifestants ont tenté de forcer un barrage, provoquant des jets de pierre contre des tirs de grenades lacrymogènes.

A Montpellier, la permanence du député LaRem (La République en marche) Patrick Vignal a été endommagée. Cinq personnes ont été interpellées et deux policiers ont été blessés en marge d'une manifestation, a rapporté la préfecture.

Le mouvement des Gilets jaunes visait initialement à protester contre la hausse des taxes sur les carburants mais il s'est transformé en une contestation plus générale de la politique économique et sociale d'Emmanuel Macron.

(Bureau de Paris, avec Marc Leras à Marseille, édité par Bertrand Boucey et Jean-Stéphane Brosse)