Poutine et Zelenski à Paris pour conforter les avancées en Ukraine

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(Crédits : Vasily Fedosenko)

PARIS (Reuters) - Le président russe Vladimir Poutine a rencontré pour la première fois lundi son homologue ukrainien Volodimir Zelenski lors d'un sommet en "format Normandie" sous médiation franco-allemande organisé à l'Elysée.

La réunion doit permettre de conforter de récentes avancées destinées à parvenir à un règlement du conflit vieux de plus de cinq ans dans l'est de l'Ukraine.

Les diplomates préviennent cependant qu'il ne faut pas attendre de percée majeure lors de ce sommet: Zelenski est confronté à une opinion publique majoritairement opposée à des concessions envers Moscou tandis que Poutine n'est guère enclin à céder aux pressions de puissances étrangères.

"La question centrale est celle de l'établissement de la confiance, pour que nous puissions avancer vers l'objectif de restaurer la souveraineté de l'Ukraine", dit-on de source diplomatique française.

Après une série d'entretiens bilatéraux, les dirigeants russe et ukrainien sont entrés dans la salle accueillant une réunion plénière avec Angela Merkel et Emmanuel Macron. Visage fermé, les deux hommes ont à peine échangé un regard, sans se serrer la main devant les caméras.

Quelque 13.000 personnes ont été tuées depuis le printemps 2014 dans le conflit qui oppose dans l'est de l'Ukraine les forces ukrainiennes à des combattants séparatistes prorusses à la suite de l'annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie.

Conclus en 2015 pour régler le conflit, les accords de Minsk sont en grande partie restés lettre morte en dépit des efforts déployés par Berlin et Paris mais des signaux d'ouverture se sont multipliés ces derniers mois, laissant espérer une reprise des pourparlers entre l'Ukraine et la Russie.

RETRAITS DE TROUPES

En septembre, les deux pays ont échangé 70 prisonniers - 35 de chaque côté - dont 24 marins ukrainiens dont les navires ont été arraisonnés en novembre 2018 après être entrés, selon Moscou, dans les eaux territoriales russes.

Depuis juin, des retraits de troupes ont également été constatés dans plusieurs secteurs situés le long de la ligne de front dans la région du Donbass, sous la supervision des observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Depuis que Volodimir Zelenski est arrivé au pouvoir en avril à Kiev, succédant à Petro Porochenko dont les relations étaient notoirement compliquées avec Vladimir Poutine, "il y a une nouvelle dynamique dans les discussions visant à appliquer les accords de Minsk", estime une source gouvernementale allemande.

"Il faut constater que la méthode du président Zelenski qui consiste à ouvrir le jeu et donc à obtenir des Russes un changement de posture a plutôt fonctionné", abonde-t-on à l'Elysée.

Pour autant, l'heure est à la prudence dans les quatre capitales tant le fil du dialogue est fragile et la marge de manoeuvre étroite compte tenu des contraintes de politique intérieure à Kiev comme à Moscou.

"Si on commence à discuter des vraies questions politiques, militaires et des questions de sécurité", notamment sur le statut du Donbass ou des élections locales, les deux dirigeants "n'ont pas beaucoup de marge de manoeuvre", souligne un haut diplomate français.

Proposée en 2016, la "formule Steinmeier", qui prévoit l'octroi d'un statut spécial provisoire aux "Républiques populaires" autoproclamées de Donetsk et de Louhansk, dans le Donbass, et l'organisation à brève échéance d'élections locales, est contestée par une partie de la population ukrainienne qui y voit une capitulation face à Moscou.

(John Irish, avec Marine Pennetier, Andreas Rinke à Berlin, Matthias Williams à Kiev et Tom Balmforth à Moscou, édité par Bertrand Boucey et Jean-Stéphane Brosse)