Feu vert à Eiffage pour le rachat de l'aéroport de Toulouse

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Feu vert a eiffage pour le rachat de l'aeroport de toulouse[reuters.com]
(Crédits : Regis Duvignau)

par Johanna Decorse

TOULOUSE (Reuters) - L'Autorité de la concurrence a annoncé jeudi autoriser le rachat par Eiffage des parts détenues par Casil Europe au capital de la société Aéroport Toulouse-Blagnac, gestionnaire de l'aéroport toulousain, sans conditions particulières.

Eiffage, leader européen du BTP et des concessions, est entré en négociations exclusives en mai 2019 avec Casil Europe pour racheter les 49,99% de parts que la société a acquises en avril 2015 auprès de l'Etat pour 308 millions d'euros.

L'Autorité de la concurrence n'a pas « identifié de problèmes de concurrence susceptibles de survenir à l'issue de l'opération », Eiffage étant notamment concessionnaire de l'aéroport de Lille-Lesquin à compter du 1er janvier 2020.

La société de droit français Casil Europe, issue du consortium chinois Symbiose formé par l'entreprise d'Etat Shandong Hi-Speed Group et le fonds d'investissement Friedmann Pacific Asset Management, est depuis avril 2015 le premier actionnaire d'ATB aux côtés de l'Etat qui conserve une participation de 10,01%.

Les autres actionnaires sont la Chambre de commerce et d'industrie de Toulouse (25% du capital) et les trois collectivités locales, Toulouse Métropole, la Région Occitanie et le Département de Haute-Garonne qui détiennent chacune 5%.

Depuis son entrée au capital d'ATB en avril 2015, Casil Europe a essuyé de vives critiques de la part d'élus, syndicats et associations qui ont multiplié les recours en justice pour annuler la privatisation partielle de l'aéroport toulousain.

Après un bras de fer judiciaire de plusieurs années, la procédure de cession des parts de l'Etat à Casil Europe d'avril 2015 a finalement été validée le 9 octobre dernier par le Conseil d'Etat.

S'ils ne se sont pas associés à ces recours en justice, les actionnaires publics locaux dénoncent depuis plusieurs années de la part de Casil Europe une « logique de rendement immédiat déconnectée du développement à long terme de l'aéroport » et sa « gestion strictement mercantile ».

Entre 2015 et 2017, 41,6 millions d'euros de dividendes ont été versés aux six actionnaires d'ATB, soit 20,7 millions d'euros pour Casil Europe et 20,8 millions d'euros pour les collectivités et l'Etat.

Le 5 novembre dernier, la décision en assemblée générale de Casil Europe de distribuer les 16,2 millions d'euros de bénéfices de 2018 sous forme de dividendes a suscité une nouvelle levée de boucliers des actionnaires locaux qui ont voté contre.

«L'enthousiasme des grandes collectivités pour un opérateur chinois a été une tragédie et un marché de dupes car aucune promesse de Casil n'a été tenue tant sur le respect des collectivités que sur les financements annoncés", a déclaré récemment Jean-Louis Chauzy, président du Ceser Occitanie pour qui "les actionnaires chinois vident les caisses de l'aéroport avant de partir".

Pour le Ceser et les collectivités, l'arrivée d'un nouvel actionnaire doit « permettre de définir la mise en place d'une nouvelle politique en matière de gouvernance, de distribution de dividendes et d'investissements dans des perspectives de long terme".

(Edité par Sophie Louet)