Le camp conservateur favori des législatives iraniennes

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Ouverture des bureaux de vote en iran pour les elections legislatives[reuters.com]
(Crédits : Wana)

DUBAI (Reuters) - Les Iraniens étaient appelés aux urnes vendredi pour des législatives dont le camp conservateur devrait sortir renforcé, deux ans après le rétablissement des sanctions américaines et quelques semaines après la catastrophe de l'avion d'Ukrainian Airlines abattu "par erreur" par les gardiens de la Révolution.

Selon la télévision publique, les bureaux de vote, qui ont ouvert à 04h30 GMT, devaient fermer dix heures plus tard, mais la clôture du scrutin a été repoussée de quatre heures - jusqu'à 18h30 GMT - en raison "d'un afflux d'électeurs". La participation sera l'un des principaux enjeux de ces législatives.

En milieu d'après-midi, 11 des 58 millions d'inscrits avaient exprimé leurs suffrages, d'après le ministère de l'Intérieur.

L'hypothèse d'une victoire des conservateurs s'est encore renforcée ces derniers jours avec l'invalidation de près de 50% de candidatures du camp réformateur et modéré.

Les pouvoirs du Majlis, le Parlement, sont limités mais un bon score de la frange la plus dure du régime signerait la fin de la politique pragmatique menée ces dernières années par le président Hassan Rohani, qui a permis la signature en 2015 de l'accord international sur le programme nucléaire de la République islamique.

Cet accord, qualifié d'historique, a volé en éclats en 2018 lorsque Donald Trump a décidé d'en retirer les Etats-Unis et de rétablir, puis d'alourdir, les sanctions économiques levées après son entrée en vigueur, ce qui a mis fin aux espoirs d'amélioration des conditions de vie des Iraniens.

"CHAQUE VOTE EST UN MISSILE"

Les mesures d'austérité prises depuis et l'annonce d'une hausse du prix de l'essence ont donné lieu à l'automne à d'importantes manifestations, dont la répression a fait plus de 300 morts selon Amnesty International.

Face au risque de décrochage de son camp, le président Rohani a exhorté les Iraniens à aller voter. L'abstention profite généralement aux candidats proches du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, véritable détenteur du pouvoir en Iran.

Les autorités tablent sur une participation de l'ordre de 50%, alors qu'elle a atteint 62% et 66% respectivement lors des élections de 2016 et de 2012.

Aux difficultés économiques dues aux sanctions s'ajoutent les menaces de conflit ouvert avec les Etats-Unis. Le général Qassem Soleimani, commandant de la force Al Qods, a été tué le 3 janvier à Bagdad par un drone américain et l'armée iranienne a riposté en tirant une salve de missiles balistiques en direction de positions américaines en Irak, sans faire de victimes.

Les défenses antiaériennes des gardiens de la Révolution étaient alors en état d'alerte maximum de crainte de représailles, ce qui a entraîné la catastrophe du vol Ukrainian Airlines le 8 janvier.

Après trois jours de dénégations, l'armée iranienne a avoué avoir abattu l'avion "par erreur", causant la mort des 176 personnes à bord.

Sur fond de mécontentement croissant et d'indignation internationale, l'aveu tardif des gardiens de la Révolution a dissipé l'unité retrouvée après la mort du général Soleimani.

"Chaque vote déposé dans les urnes est un missile au cœur de l'Amérique", a déclaré vendredi Amirali Hajizadeh, chef de l'unité aérospatiale des gardiens de la Révolution.

(Parisa Hafezi et Babak Dehghanpisheh, version française Arthur Connan et Jean-Philippe Lefief, édité par Marc Angrand)