La France dans l'attente d'une nouvelle phase de confinement

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(Crédits : Benoit Tessier)

PARIS (Reuters) - Les Français ont entamé lundi leur septième jour de confinement obligatoire, une mesure inédite en temps de paix qui pourrait encore être renforcée et prolongée à la lumière d'un nouvel avis du conseil scientifique pour tenter d'endiguer la progression de l'épidémie de coronavirus.

"Nous avons toujours considéré qu'il serait possible" d'étendre ce dispositif prévu à ce stade pour durer jusqu'à fin mars, a souligné la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye sur CNews lundi matin. "Nous attendons d'avoir un avis du conseil scientifique", qui devrait se prononcer rapidement sur l'étendue et la durée du confinement.

Le nombre de cas et de morts en constante augmentation en France - 674 décès et 16.018 cas confirmés de contamination dont 1.746 en réanimation recensés dimanche soir - a conduit les autorités françaises à prendre des mesures drastiques la semaine dernière.

Depuis le 17 mars, toute personne se déplaçant doit être en mesure de présenter un justificatif aux quelque 100.000 membres des forces de l'ordre déployées sur le territoire - toute violation étant passible de 135 euros d'amende et 1.500 euros d'amende en cas de récidive.

Mais malgré l'appel "Restez chez vous!" lancé par la classe politique et le milieu hospitalier et scientifique, le confinement a encore du mal à être pleinement respecté, en témoignent les 91.824 infractions relevées sur un 1,8 million de contrôles effectués depuis mardi selon les chiffres officiels.

Face à ces violations, des médecins ont saisi en urgence le Conseil d'Etat pour réclamer un "confinement total", une demande rejetée dimanche par la plus haute juridiction administrative qui a toutefois donné 48 heures au gouvernement pour revoir sa copie.

Elle lui demande entre autres de préciser l'autorisation de pratiques sportives individuelles, comme le jogging, et d'évaluer les risques pour la santé publique du maintien" des marchés ouverts, compte tenu de leur taille et de leur niveau de fréquentation".

"RESISTER A CETTE CRISE"

Préparant le terrain à une probable prolongation du dispositif, Emmanuel Macron a réuni ce lundi matin par audioconférence "les autorités morales et religieuses" afin d'échanger sur "la cohésion morale du pays face à la crise".

"Cet échange portera sur la manière dont les Français peuvent faire face et résister à cette crise qui ne fait que commencer", a indiqué l'Elysée, précisant que les représentants des cultes, des francs-maçons et d'associations laïques avaient été conviés.

Dans les hôpitaux, l'augmentation du nombre de malades et notamment ceux se trouvant dans un état critique accentue la pression sur le personnel soignant et les demandes de renforts se multiplient. Dimanche, le directeur général des Hôpitaux de Paris, Martin Hirsch, a appelé les personnes ayant "un diplôme de soignant, un diplôme de médecin et qui ne se sentent pas mobilisés" à venir apporter leur aide.

Dans la région Grand-Est, l'hôpital militaire de campagne, mis en place pour désengorger l'hôpital de Mulhouse, devrait être opérationnel dans les prochains jours et comptera 30 lits de réanimation.

Face à un début de polémique sur un manque criant de masques pour les professionnels amenés à être en contact avec le public, le gouvernement a annoncé ce week-end avoir commandé 250 millions de masques qui seront livrés progressivement dans les prochaines semaines.

En Ile-de-France, la région la plus touchée par l'épidémie, la présidente de région Valérie Pécresse a pour sa part annoncé lundi la commande de 20 millions de masques, dont cinq millions qui arriveront en milieu de semaine.

Préconisé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le dépistage massif est quant à lui toujours écarté à ce stade par l'exécutif qui invoque une capacité de tests insuffisante.

Côté recherche, la course contre la montre se poursuit pour tenter de trouver des traitements. L'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a annoncé dimanche le début en France d'un essai clinique européen destiné à évaluer quatre traitements expérimentaux.

Baptisé "Discovery", il inclut notamment la chloroquine, un traitement contre le paludisme qui a obtenu des résultats prometteurs lors d'une étude menée sur un nombre réduit de patients à Marseille mais qui fait débat au sein de la communauté médicale.

(Marine Pennetier avec la rédaction de Paris; édité par Henri-Pierre André)