Avec plus de 190.000 cas de coronavirus, la gestion de la crise en Inde fait débat

reuters.com  |   |  462  mots
Avec plus de 190.000 cas de coronavirus, la gestion de la crise en inde fait debat[reuters.com]
(Crédits : Danish Siddiqui)

NEW DELHI (Reuters) - Le nombre de contaminations au coronavirus a franchi la barre des 190.000 cas en Inde, a annoncé lundi le ministère de la Santé, alors que le gouvernement indien lève la plupart des restrictions appliquées ces deux derniers mois pour endiguer la pandémie de coronavirus.

Ces derniers jours, la critique s'est emportée vis-à-vis de la politique menée par le Premier ministre Narendra Modi. Le confinement sans préavis, en mars, de 1,3 milliard d'Indiens, parmi lesquels des millions souffrent d'avoir perdu leur travail, n'a pas permis de freiner la circulation du virus, accusent ses détracteurs.

Lundi, des milliers de travailleurs migrants et leurs familles sont montés à bord de quelque 200 trains dont le trafic a repris à travers le pays, quittant notamment les grandes métropoles de Delhi ou de Mumbai (ex-Bombay) pour regagner leurs foyers à l'intérieur des terres.

"Si les migrants avaient été autorisés à rentrer chez eux au début de l'épidémie, quand le taux de propagation de la maladie était encore très faible, la situation actuelle aurait pu être évitée", ont regretté dans un communiqué commun l'Association de santé publique indienne, l'Association indienne de prévention et de médecine sociale et l'Association indienne des épidémiologistes.

"Les migrants qui rentrent chez eux propagent désormais l'infection aux quatre coins du pays, à commencer par les zones rurales et semi-urbaines, dans des districts aux systèmes de santé publique relativement fragiles", ont précisé les experts.

Le gouvernement considère que le confinement a permis d'éviter une prolifération des cas de coronavirus et maintenu le nombre de décès imputés au COVID-19 à un niveau modéré (5.394 décès selon les derniers chiffres disponibles), permettant aux hôpitaux de traiter les patients contaminés dans de meilleures conditions.

Toutefois, si les infections au coronavirus continuent de se multiplier dans le pays, l'hypothèse d'une saturation du système de santé indien jusqu'à son point de rupture n'est pas exclue, notamment dans les grandes métropoles.

Arvind Kejriwal, chef de l'exécutif du territoire de Delhi, a annoncé la fermeture des frontières de la ville pour empêcher les Indiens d'affluer vers ses hôpitaux pendant une semaine. New Delhi compte 9.500 lits réservés aux patients atteints du coronavirus, mais viendra à en manquer si les habitants de tout le pays s'y rendent pour être traités, a-t-il dit.

Avec un record de 8.392 nouveaux cas recensés en 24 heures, le sous-continent devient, d'après le décompte de Reuters, le septième pays le plus touché au monde derrière les Etats-Unis, le Brésil, la Russie, la Grande-Bretagne, l'Espagne et l'Italie.

(Sanjeev Miglani; version française Juliette Portala, édité par Henri-Pierre André)