Cambodge : Des dizaines de membres de l'opposition jugés pour trahison

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PHNOM PENH (Reuters) - Un tribunal cambodgien devait ouvrir mardi le procès pour trahison de plus de 100 membres et soutiens de l'opposition politique, une affaire que des activistes ont dénoncée comme une manoeuvre du Premier ministre de longue date, Hun Sen, pour écraser ses rivaux.

Au total, 121 accusés, tous liés au désormais dissous Parti du sauvetage national du Cambodge (PSNC), ont été convoqués pour comparution jeudi. Nombre d'entre eux ont toutefois fui, convaincus qu'ils ne bénéficieraient pas d'un procès équitable.

"Ce sera un spectacle avec un verdict déjà décidé, non pas par les juges mais par le régime", a déclaré à Reuters l'ancien vice-président du PSNC, Mu Sochua, dont le procès doit avoir lieu ultérieurement.

"Plus de 121 affaires, à la même date, la même heure, avec les mêmes juges: cela ne peut pas être un procès équitable", a-t-il ajouté, indiquant que seulement 50 accusés seraient présents.

La plupart des médias n'ont pas pu pénétrer dans le tribunal, alors que la salle d'audience a été décrite par la police comme bondée.

Le PSNC a été dissous en 2017 par la Cour suprême et la plupart des députés qui en sont issue ont été privés de leurs droits civiques pour une durée de cinq ans.

Ken Sokha, l'ex-chef de file du PSNC, a été arrêté en amont des élections législatives de 2018 massivement remportées par le Parti du peuple cambodgien (PCC) de Hun Sen. Il est accusé d'avoir conspiré avec les Etats-Unis dans le but de renverser le Premier ministre, des accusations rejetées par Sokha et par Washington.

Le gouvernement assure que les procès pour trahison sont légitimes.

"Le tribunal prendra sa décision en respect de la règle de droit et des faits", a déclaré le porte-parole du ministère de la Justice, Chin Malin.

(Prak Chan Thul; version française Jean Terzian)