Israël poursuit son offensive sur Gaza en visant des tunnels palestiniens

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Israel poursuit son offensive sur gaza en visant des tunnels palestiniens[reuters.com]
(Crédits : Mussa Issa Qawasma)

par Nidal al-Mughrabi et Jeffrey Heller

GAZA/JERUSALEM (Reuters) - Les forces armées israéliennes ont procédé vendredi à des tirs d'artillerie et lancé d'importantes frappes aériennes contre un réseau de tunnels exploités par des combattants dans la bande de Gaza alors que des salves de roquettes, tirées de l'enclave palestinienne, ont continué de s'abattre sur Israël.

Si les forces terrestres israéliennes ont pris part à une offensive de 40 minutes avant l'aube, elles n'ont pas pénétré dans la bande de Gaza, a précisé le lieutenant-colonel Jonathan Conricus, porte-parole de Tsahal.

Israël et le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, sont engagés dans un nouveau cycle d'affrontements depuis que le mouvement islamiste palestinien a tiré lundi soir des roquettes en direction de Jérusalem et du sud de l'Etat hébreu en réponse à plusieurs nuits de heurts entre manifestants palestiniens et policiers dans la ville sainte. Ces tirs ont donné lieu immédiatement à des frappes de représailles israéliennes dans l'enclave palestinienne.

Alors que la communauté internationale multiplie les appels au calme, aucun signe d'apaisement ne semble se profiler à l'horizon.

Selon des responsables de la santé dans le nord de la bande de Gaza, une femme et ses trois enfants ont trouvé la mort lors de l'opération israélienne de vendredi matin et leurs corps ont été retrouvés dans les décombres de leur logement.

Au total, selon les mêmes sources, 13 personnes ont été tuées dans ces bombardements.

160 AVIONS ISRAÉLIENS ENGAGÉS

D'après le porte-parole de l'armée israélienne, Israël a répliqué à des tirs de roquettes contre des villes du sud du pays par des tirs d'artillerie et de blindés de l'intérieur de son territoire et engagé 160 avions dans cette offensive, présentée comme la plus importante depuis le début des opérations contre une cible spécifique.

"Ce que nous visions, c'est un système élaboré de tunnels sous Gaza, principalement dans le nord mais pas seulement; c'est un réseau que les membres du Hamas utilisent pour se déplacer, pour se cacher, pour se mettre à l'abri", a déclaré Jonathan Conricus à la presse étrangère.

"Nous l'appelons le Métro", a-t-il poursuivi, ajoutant qu'un bilan de l'opération était en cours.

De sources palestiniennes, on déclare que l'offensive israélienne sur Gaza depuis lundi a fait au moins 122 morts, dont 31 enfants et 20 femmes, et quelque 900 blessés.

En Israël, le bilan s'élève à huit morts: il s'agit d'un soldat en patrouille le long de la frontière avec la bande de Gaza, de six civils israéliens et d'un travailleur indien, ont précisé les autorités de l'Etat hébreu.

Le vacarme des tirs d'artillerie et des explosions a été entendu vendredi matin dans les parties nord et est de Gaza. Des témoins ont raconté avoir vu des familles vivant près de la frontière quitter leur logement, parfois à la recherche d'un abri dans des écoles gérées par les Nations unies.

Le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires a déclaré que plus de 200 logements avaient été détruits ou gravement endommagés et que des centaines de personnes cherchaient refuge dans des écoles du nord de Gaza.

RÉUNION DU CONSEIL DE SÉCURITÉ DE L'ONU

Les appels à la retenue lancés par la communauté internationale n'ont pour l'heure aucun effet sur la volonté des belligérants de poursuivre les hostilités.

La campagne israélienne prendra "plusieurs jours encore", a prévenu jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanhayu.

Les responsables israéliens disent vouloir infliger au Hamas un revers majeur avant tout cessez-le-feu.

Le mouvement palestinien, qui contrôle la bande de Gaza, demeure lui aussi dans une posture martiale, comme en témoigne les propos de son dirigeant, Ismaël Haniyeh, qui évoque une confrontation "sans limitation de temps".

Le président américain Joe Biden a appelé jeudi à un apaisement de tensions et exigé une baisse immédiate des tirs de roquettes.

Le président Emmanuel Macron, qui s'est dit "préoccupé" par le regain de violences, a appelé jeudi à une "relance décisive" des négociations nécessaires à l'établissement d'une "paix juste et durable" entre Israéliens et Palestiniens.

Le président russe Vladimir Poutine et le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres ont également lancé un appel à une cessation des combats dans un message vidéo.

Le Conseil de sécurité des Nations unies se réunira dimanche pour discuter de l'aggravation des violences entre Israël et les combattants palestiniens.

Ce regain de violence, le plus vif depuis le conflit de 2014, est la conséquence d'affrontements entre Palestiniens et forces israéliennes autour de la mosquée Al Aqsa à Jérusalem, où les tensions ont été alimentées ces dernières semaines, qui correspondent au mois sacré musulman du ramadan, par le risque d'expulsion de plusieurs familles palestiniennes du quartier de Cheikh Jarrah à Jérusalem-Est.

Ce conflit se déroule sur fond de crise politique en Israël, où Benjamin Netanyahu n'est pas parvenu à former de gouvernement après les élections législatives du 23 mars dernier, le parlement restant très fragmenté. Ses adversaires politiques ont suspendu leurs négociations sur la formation d'un gouvernement de coalition.

Côté palestinien, des élections législatives sont censées avoir lieu le 22 mai avant une présidentielle en juillet mais la tenue de ces scrutins reste incertaine.

(Nidal al-Mughrabi, Jeffrey Heller, Rami Ayyub, Dan Williams et Ari Rabinovitch; Avec Nandita Bose et Steve Holland à Washington, Michelle Nichols à New York et Emma Farge à Genève; version française Claude Chendjou, édité par Jean-Michel Bélot et Jean-Stéphane Brosse)