Nucléaire iranien : Téhéran veut faire un point avant de reprendre les discussions de Vienne, selon une source

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Nucleaire iranien : teheran veut faire un point avant de reprendre les discussions de vienne, selon une source[reuters.com]
(Crédits : Lisi Niesner)

BRUXELLES (Reuters) - L'Iran n'est pas encore prêt à revenir à la table des discussions pour relancer l'accord de Vienne de 2015 sur son programme nucléaire et la nouvelle équipe de négociation souhaite débattre des textes qui y seront soumis lors d'une rencontre prévue avec les Européens à Bruxelles dans les prochaines semaines, a déclaré vendredi un haut responsable de l'Union européenne (UE).

"Ils ne sont pas encore prêts à s'engager dans les discussions de Vienne", a dit à des journalistes ce responsable ayant requis l'anonymat, en référence aux discussions indirectes destinées à ramener l'Iran et les Etats-Unis dans le cadre du Plan d'action global commun (PAGC, ou JCPoA en anglais), qui se déroulent dans la capitale autrichienne, où se trouve le siège de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

Il a cependant précisé être persuadé que la République islamique était "totalement déterminée à revenir à Vienne pour terminer les négociations."

Engagées en avril dernier, les discussions indirectes destinées à ramener Téhéran et Washington dans le cadre défini par l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien ont été ajournées en juin, dans la foulée de l'élection présidentielle iranienne ayant débouché sur l'arrivée au pouvoir d'Ebrahim Raïssi, partisan d'une ligne dure avec l'Occident à l'inverse de son prédécesseur, le modéré Hassan Rohani.

Quatre mois après cette interruption le secrétaire général adjoint pour les Affaires politiques de l'UE, Enrique Mora, qui dirige la délégation européenne pour ces négociations, s'est rendu jeudi à Téhéran, où il a rencontré des membres de la délégation iranienne.

Avant cette visite, des diplomates de l'"E3" (les trois pays européens - France, Allemagne, Grande-Bretagne - parties prenantes de l'accord aux côtés de la Chine et de la Russie) avaient prévenu que ce déplacement de l'émissaire européen survenait à un moment critique, dans un contexte d'escalade des activités nucléaires iraniennes sur le terrain et de paralysie des négociations. De leur côté, les Etats-Unis ont prévenu que le temps pressait.

"La France, ses partenaires E3, ses autres partenaires du JCPoA et les États-Unis appellent à l'unisson l'Iran à revenir sans délai aux négociations de Vienne en vue de conclure rapidement les négociations sur le retour de l'Iran au respect de ses engagements et des États-Unis au JCPoA", a de nouveau répété vendredi le porte-parolat du ministère français des Affaires étrangères.

"REDONNER VIE AU JCPoA"

Jusqu'ici le président iranien Ebrahim Raïssi a refusé de reprendre les discussions indirectes avec les Etats-Unis sur un retour dans le cadre de l'accord de 2015, qui limitait la progression du programme nucléaire iranien en contrepartie d'une levée des sanctions économiques.

Téhéran a promis à plusieurs reprises de reprendre sous peu les pourparlers mais sans donner de calendrier et les diplomates occidentaux espéraient une reprise des négociations avant la fin octobre.

Mais à la suite de la visite d'Enrique Mora, le ministère iranien des Affaires étrangères a précisé que des discussions auraient lieu dans les prochains jours avec des représentants de l'UE à Bruxelles.

"Ils ont insisté sur le fait qu'ils ne voulaient pas discuter pour discuter, mais qu'ils voulaient des négociations avec des résultats concrets et avec un accord final sur la façons de redonner vie au JCPoA", a expliqué le responsable européen.

Qualifiant cette rencontre à Bruxelles de "bonne idée", il a souligné qu'elle permettrait aux deux parties de faire le point et de répondre aux questions éventuelles de la nouvelle équipe de négociation iranienne.

"Je pense que nous sommes juste en train de dégager encore plus la voie vers l'objectif final, qui sera la reprise des discussions à Vienne. Je pense que ça viendra bientôt", a dit cette source.

L'Iran, qui a toujours démenti vouloir développer une arme nucléaire, s'est progressivement affranchi des limites fixées dans l'accord de 2015 après sa dénonciation et le rétablissement des sanctions américaines en 2018 par l'ancien président des Etats-Unis Donald Trump.

L'actuel président Joe Biden souhaite relancer l'accord de 2015 mais Washington et Téhéran divergent sur les étapes à mettre en place et sur le calendrier de leur mise en oeuvre.

(Reportage Phillip Blenkinsop à Bruxelles avec la contribution de John Irish à Paris, version française Myriam Rivet, édité par Blandine Hénault)