La Turquie convoque 10 ambassadeurs après un appel à la libération de Kavala

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La turquie convoque 10 ambassadeurs apres un appel a la liberation de kavala[reuters.com]
(Crédits : Dilara Senkaya)

par Ali Kucukgocmen

ISTANBUL (Reuters) - La Turquie a convoqué mardi les ambassadeurs de dix pays, dont les Etats-Unis, la France et l'Allemagne, à la suite d'un appel qu'elle a qualifié d'"irresponsable" à la libération immédiate de l'homme d'affaires et philanthrope Osman Kavala, détenu depuis quatre ans.

Un communiqué relayé lundi par plusieurs ambassades réclame un règlement équitable et rapide de "l'affaire Kavala" qui "jette une ombre sur le respect de la démocratie".

L'homme d'affaires turc est détenu sans condamnation depuis la fin 2017. Les organisations de défense des droits de l'Homme y voient un symbole de la répression de toute opposition par le régime du président Recep Tayyip Erdogan.

En 2019, la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) a estimé que la détention de l'homme d'affaires ne reposait sur aucune preuve et avait un caractère politique. Elle a réclamé sa libération immédiate, une décision ignorée par la Turquie.

Osman Kavala est accusé par la justice turque d'avoir financé des manifestations à l'échelle nationale en 2013 et d'être impliqué dans la tentative de coup d'Etat de juillet 2016, ce qu'il dément.

Il a été acquitté en février 2020 au sujet des manifestations de Gazi en 2013, mais le jugement a été annulé en appel en janvier dernier.

"Le retard persistant du procès (d'Osman Kavala) (...) jette une ombre sur le respect de la démocratie, l'Etat de droit et la transparence du système judiciaire turc", ont déclaré les ambassades dans leur communiqué.

"Prenant note des décisions de la CEDH sur la question, nous appelons la Turquie à sa libération immédiate", ont-elles ajouté.

Outre les Etats-Unis, la France et l'Allemagne, le Canada, le Danemark, les Pays-Bas, la Norvège, la Suède, la Finlande et la Nouvelle-Zélande ont signé cette déclaration.

Le ministère turc des Affaires étrangères a informé les ambassadeurs convoqués qu'il rejetait ce communiqué "inacceptable" visant à faire pression sur la justice.

"Il a été souligné que la Turquie est un Etat de droit démocratique respectueux des droits de l'Homme et il leur a été rappelé que la justice turque ne serait pas affectée par une telle déclaration irresponsable", a-t-il dit.

Le Conseil de l'Europe a annoncé il y a un mois son intention de lancer en novembre une procédure d'infraction contre la Turquie, l'un de ses pays membres, si Osman Kavala n'était pas libéré en application de la décision de la CEDH.

Une prochaine audience sur l'affaire est prévue en Turquie le 26 novembre.

(Reportage Ali Kucukgocmen, avec la contribution de Daren Butler; version française Jean Terzian et Jean-Stéphane Brosse, édité par Blandine Hénault)