Le Mali demande à des dignitaires religieux de négocier avec Al Qaïda

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(Crédits : Paul Lorgerie)

BAMAKO (Reuters) - Le gouvernement de Bamako a annoncé mardi avoir mandaté la principale institution religieuse musulmane du Mali afin qu'elle négocie avec la branche locale d'Al Qaïda pour tenter de mettre fin au conflit qui ensanglante le pays depuis une décennie.

Les autorités maliennes ont laissé entendre à plusieurs reprises par le passé qu'elles n'étaient pas hostiles à de telles négociations, et elles ont discrètement soutenu des pourparlers menés au niveau local, malgré l'opposition de la France.

Le président Emmanuel Macron a notamment affirmé en juin dernier que l'armée française ne mènerait pas d'opérations conjointes avec les forces de pays qui négocient avec les groupes terroristes internationaux.

Alors que le torchon brûle entre Bamako et Paris sur fond de redéploiement de la force Barkhane et de rapprochement entre la junte malienne et la Russie, le ministère des Affaires religieuses a indiqué mardi à Reuters que le Haut Conseil islamique malien (HCI) allait ouvrir des négociations avec le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (JNIM), la branche locale d'Al Qaïda.

"Le ministre s'est entretenu la semaine dernière avec le Haut Conseil islamique pour l'informer du désir du gouvernement de négocier avec tous les groupes radicaux maliens, (y compris) Iyad Ag Ghali et Amadou Koufa", a déclaré le porte-parole du ministère, Khalil Camara, confirmant une information rapportée par RFI.

Le Touareg Iyad Ag Ghali est le chef historique du JNIM et Amadou Koufa, chef peul de la Katiba Macina, son principal affilié dans le centre du Mali. Tous deux sont régulièrement ciblés par l'aviation française.

Un responsable du HCI, Mohamed Kimbiri, a précisé que l'institution avait été mandatée pour négocier avec les dirigeants maliens du JNIM, mais pas avec les djihadistes étrangers.

Le HCI avait négocié en mars dernier une trêve entre le JNIM et les groupes d'autodéfense dits "dozos" qui le combattent dans le cercle de Niono, dans le centre du Mali, mais les violences ont repris de plus belle en juillet.

(Tiemoko Diallo et Aaron Ross, version française Tangi Salaün)