France/Primaire de la gauche : accueil glacial pour la proposition d'Hidalgo

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(Crédits : Pool)

PARIS (Reuters) - Les principaux candidats de gauche à l'élection présidentielle française d'avril 2022 ont rejeté jeudi l'idée formulée la veille par la maire de Paris et candidate du Parti socialiste, Anne Hidalgo, d'organiser une primaire pour faire émerger un candidat unique.

L'écologiste Yannick Jadot, le communiste Fabien Roussel et les Insoumis de Jean-Luc Mélenchon se sont tous déclarés hostiles à cette initiative à laquelle les socialistes eux-mêmes n'étaient guère favorables jusqu'à ce que les sondages d'intention de vote, qui laissent penser qu'aucun candidat de gauche n'est en mesure de se qualifier pour le second tour, ne les poussent à revoir leur position.

"J'ai pris acte de cette situation, (...) si nous ne faisons pas de rassemblement, il n'y aura pas de possibilité pour cette gauche de continuer à exister dans notre pays", a expliqué Anne Hidalgo mercredi sur TF1.

Signe des divisions dans le camp de la candidate, un haut responsable socialiste a déclaré jeudi matin à Reuters, sous couvert d'anonymat, que cette suggestion "n'est pas une bonne idée".

L'offre a reçu une fin de non recevoir de la part de Yannick Jadot, avec lequel une tentative de rapprochement avait tourné court plus tôt cette année.

"Non, je ne participerai pas à une primaire de la gauche", s'est exclamé le candidat écologiste au micro d'Europe 1.

"MACHINE À PERDRE"

"Anne Hidalgo a pris acte de l'impasse de sa candidature, de sa difficulté à ce que ses idées percent dans la société publique. Il y a une volonté de sortir de l'impasse par une idée surprise", a estimé Yannick Jadot.

"Ce n'est pas le choix des écologistes. Le choix des écologistes, c'est de rassembler très largement autour d'idées fortes", a poursuivi le candidat d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), lui-même désigné en septembre à l'issue d'une primaire interne, et qui devance Anne Hidalgo de quelques points dans les sondages.

La main tendue de la maire de Paris n'a pas davantage été saisie par le communiste Fabien Roussel, qui a au contraire invité la dirigeante socialiste, ainsi qu'Arnaud Montebourg qui a également appelé mercredi au "rassemblement", à se rallier à sa candidature.

"J'appelle leurs électeurs à nous rejoindre et à travailler ensemble pour un pacte pour la France", a-t-il déclaré sur franceinfo.

De manière encore plus attendue, plusieurs élus de La France insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon, passé pas très loin d'une qualification au second tour en 2017, mais à la traîne dans les sondages cette année, ont catégoriquement rejeté l'idée d'une primaire de la gauche.

Le député Eric Coquerel a reproché sur Twitter à Anne Hidalgo de proposer à toute la gauche une "machine à perdre", en référence à la primaire socialiste de 2016 remportée par Benoît Hamon, qui n'avait in fine obtenu que 6% des voix au premier tour de la présidentielle.

Tout aussi sévère, la députée insoumise Danielle Obono qualifie l'idée d'Anne Hidalgo de "proposition de la dernière chance".

(Reportage Tangi Salaün avec la contribution d'Elizabeth Pineau, édité par Blandine Hénault)