Paris veut freiner la hausse de l'électricité, EDF recule

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Paris prevoit de nouvelles mesures pour freiner la hausse des prix de l'electricite, selon des sources[reuters.com]
(Crédits : Stephane Mahe)

PARIS (Reuters) - Le gouvernement français envisage des mesures supplémentaires pour freiner l'impact de la forte hausse des prix de marché de l'électricité sur les consommateurs français, a indiqué jeudi une source au sein de l'exécutif.

Confirmant des informations du Figaro, cette source a précisé que les mesures incluaient la possibilité pour l'exécutif de ne pas appliquer la formule de calcul des tarifs d'EDF en février prochain, ainsi que le relèvement potentiel des volumes d'électricité nucléaire que le groupe est contraint de céder à ses concurrents à un prix préférentiel.

L'action EDF baissait nettement en Bourse de Paris à la mi-journée en réaction aux informations du Figaro, selon un trader et des analystes.

Le titre du premier producteur français d'électricité perdait 3,95% à 12,29 euros vers 13h10, accusant l'un des reculs les plus marqués de l'indice européen Stoxx 600, qui se replie de 0,22%.

Le nouveau plan envisagé fait suite à la promesse du Premier ministre Jean Castex de limiter la hausse des tarifs réglementés (TRV) à 4% en février et pour l'ensemble de 2022.

Cette limitation devait passer par une baisse de la taxe sur l'électricité (TICFE), une mesure que la flambée des prix sur les marchés de gros risque aujourd'hui de rendre insuffisante même dans l'hypothèse d'une réduction de la taxe à zéro, dont le coût pour les finances publiques est pourtant déjà estimé à huit milliards d'euros.

La source interrogée par Reuters a précisé que la mise en oeuvre du nouveau plan se traduirait par un amendement au projet de loi de finances 2022 permettant aux ministres de l'Economie et de l'Energie de "fixer un niveau de tarif inférieur" à ce que prévoirait l'application de la formule de calcul des TRV en cas d'augmentation "exceptionnelle" des prix de marché.

"Tout le monde s'accorde à dire qu'il est primordial de préserver le pouvoir d'achat des ménages et qu'il faut aussi préserver les finances publiques", a fait valoir la source.

DES DISCUSSIONS ONT ÉTÉ ENGAGÉES AVEC BRUXELLES

Un "rattrapage" pourrait toutefois avoir lieu en 2023 à travers une hausse des tarifs graduelle sur douze mois, afin de couvrir les pertes subies par EDF en raison de limitation du TRV en février 2022.

L'exécutif envisage également d'augmenter de 100 à 150 térawatts-heure (TWh) les volumes d'électricité que le groupe doit céder à ses concurrents dans le cadre du dispositif Arenh (accès régulé à l'électricité nucléaire historique), qui assure un prix d'achat préférentiel aux producteurs alternatifs, au second semestre 2022.

Un tel dispositif éviterait à ces derniers de devoir payer des prix très élevés sur les marchés de gros, ce qui se répercuterait sur les tarifs appliqués aux clients particuliers.

Sa mise en place passera toutefois par un feu vert de la Commission européenne. "Des échanges ont commencé, on a bon espoir que ça aboutisse début 2022", a indiqué la source.

"C'est une première marche vers un fonctionnement pérenne du marché français qui puisse établir une juste exposition des consommateurs français à l'évolution des coûts."

EDF n'a pas souhaité commenter ces informations.

Son PDG, Jean-Bernard Lévy, demande régulièrement une suppression de l'Arenh - qu'il compare à "un poison" - en faisant valoir que le système contraint le groupe à s'endetter et limite sa capacité d'investissement tout en subventionnant ses concurrents.

"Une fois de plus, la régulation apparaît comme un fardeau pour le groupe", estime Nicolas Bouthors, analyste chez Alphavalue.

"Selon moi, ce qui explique le plus probablement la réaction négative du cours de l'action d'aujourd'hui, c'est une sorte de ras-le-bol des investisseurs face au poids de la réglementation et aux inférences politiques", ajoute-t-il en soulignant toutefois que les mesures envisagées ne devraient avoir qu'un impact limité pour EDF.

Les analystes de Barclays voient quant à eux une "opportunité d'achat" dans la baisse du titre EDF étant donné le contexte de prix de marché de l'électricité toujours très élevés.

(Reportage Benjamin Mallet, avec Lucinda Langlands-Perry et Sarah Morland, édité par Blandine Hénault)