Alors que la guerre fait rage dans l'est, l'Ukraine a la possibilité de "vivre le rêve européen"

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Alors que la guerre fait rage dans l'est, l'ukraine a la possibilite de vivre le reve europeen[reuters.com]
(Crédits : Yves Herman)

par Robin Emmott et Max Hunder

BRUXELLES, KYIV (Reuters) - Alors que la guerre fait rage dans l'est de l'Ukraine, Kyiv a vu la Commission européenne (CE) recommander qu'elle se voit accorder le statut de candidat à l'Union européenne (UE), une étape majeure pour l'ancienne république soviétique en vue du développement de son économie.

Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE devront se prononcer sur la décision de l'exécutif européen lors d'un sommet prévu les 23 et 24 juin à Bruxelles.

Le président ukrainien Volodimir Zelensky a écrit sur twitter que le courage des Ukrainiens avait donné l'opportunité à l'Europe de "créer une nouvelle histoire de la liberté en mettant fin à la zone grise que représente l'Europe de l'Est, entre l'UE et la Russie".

Lors de son allocution télévisée quotidienne, Volodimir Zelensky a déclaré qu'il faudrait encore attendre de voir quelle serait la décision des dirigeants de l'UE.

La présidente de la CE, Ursula von der Leyen, a annoncé la recommandation de la Commission vêtue d'une veste jaune et d'un chemisier bleu - les couleurs du drapeau ukrainien.

"Les Ukrainiens sont prêts à mourir pour la perspective européenne", a-t-elle dit. "Nous souhaitons qu'ils vivent avec nous le rêve européen."

Le président russe Vladimir Poutine a fustigé l'Occident lors d'un discours fleuve prononcé au Forum économique international de Saint-Pétersbourg, relativisant toutefois l'annonce de la CE.

"Nous n'avons rien contre (le fait que l'Ukraine se voit accorder le statut de candidat à l'UE)", a-t-il déclaré. "Ce n'est pas une alliance militaire. C'est le droit de tout pays de rejoindre une union économique."

Le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov, a toutefois indiqué que la Russie suivait avec intérêt la demande d'adhésion déposée par l'Ukraine, notamment en raison du développement de la coopération en matière de défense au sein du bloc.

L'Ukraine a déposé sa demande d'adhésion quatre jours après l'invasion russe de son territoire, à la fin du mois de février. La Moldavie et la Géorgie - deux anciennes républiques soviétiques également confrontées à des mouvements séparatistes dans des régions prorusses - l'ont imité quelques jours plus tard.

L'adhésion à l'UE n'est toutefois pas garantie à l'Ukraine - les discussions avec la Turquie, officiellement candidate depuis 1999, étant au point mort depuis plusieurs années. Si l'Ukraine est admise dans le plus grand bloc commercial mondial, elle en sera le plus grand pays en termes de superficie et le cinquième plus peuplé.

LES COMBATS SE POURSUIVENT DANS L'EST

Dernier dirigeant étranger à se rendre à Kyiv, le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a proposé vendredi à Volodimir Zelensky de former jusqu'à 10.000 soldats en près de quatre mois.

Boris Johnson a ajouté que la Grande-Bretagne se tiendrait aux côtés du peuple ukrainien "jusqu'à ce que vous finissiez par l'emporter".

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmitro Kouleba, a écrit dans un article publié en ligne que l'Occident ne devrait pas "suggérer des pourparlers de paix dont les termes sont inacceptables".

Au lieu de cela, les puissances occidentales devraient aider l'Ukraine à gagner la guerre, non seulement en lui procurant des armes lourdes mais en continuant à appliquer et en imposant de nouvelles sanctions à Moscou, a-t-il ajouté.

Moscou concentre désormais son offensive sur la région du Donbass, dans l'est de l'Ukraine, où ses forces ont utilisé leur artillerie pour tenter de s'emparer de plusieurs villes.

Le gouverneur de la région de Donetsk, Pavlo Kyrylenko, a écrit sur l'application Telegram que quatre civils avaient été tués et six autres blessés vendredi dans des bombardements.

Des responsables ukrainiens ont indiqué que leurs soldats tenaient encore la ville de Sievierodonetsk, située dans la province voisine de Louhansk, mais qu'il était impossible d'évacuer plus de 500 civils piégés dans une usine chimique en raison des combats et des bombardements.

Le gouverneur régional, Serhiy Gaïdaï, a déclaré qu'une autoroute stratégique menant à la ville jumelle de Lisitchansk était désormais impraticable après d'intenses bombardements russes.

(Avec la contribution d'Abdelaziz Boumzar et des rédactions de Reuters, rédigé par Peter Graff, Andrew Cawthorne et David Brunnstrom ; version française Camille Raynaud)