Pakistan-Attentat dans une mosquée sous haute sécurité, 59 morts

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Un officier de police guide une ambulance apres un attentat suicide dans une mosquee, dans la zone de la ligne de police a peshawar[reuters.com]
(Crédits : Fayaz Aziz)

PESHAWAR, Pakistan (Reuters) - Un kamikaze a fait exploser lundi une bombe dans une mosquée située dans un complexe sous haute sécurité de Peshawar, tuant 59 personnes alors que de nombreux fidèles étaient rassemblés pour la prière, une attaque qui s'ajoute à une longue liste d'actions visant la police au Pakistan.

D'après la police, le suspect est parvenu à franchir plusieurs contrôles de sécurité pour pénétrer dans le complexe fortifié dit "Zone rouge", qui abrite notamment le siège de la police provinciale et une division antiterroriste.

"C'était un attentat-suicide", a déclaré à Reuters le chef de la police de Peshawar, ville instable du nord-ouest du pays. Au moins 47 personnes ont été tuées et 176 autres blessées, a indiqué Ijaz Khan, précisant que de nombreux blessés se trouvaient dans un état critique.

Les services hospitaliers ont annoncé par la suite que le bilan s'était alourdi à 59 morts.

Le Premier ministre pakistanais Shebaz Sharif a condamné cette attaque, survenue la veille de l'arrivée dans la capitale Islamabad d'une équipe du Fonds monétaire international (FMI) pour des discussions destinées à porter secours économiquement au pays.

Peshawar est le théâtre d'attaques menées par le groupe Etat islamique (EI) et les taliban pakistanais (Tehrik-e-Taliban Pakistan, TTP) depuis la rupture l'an dernier d'un "accord de paix" conclu avec le gouvernement d'Islamabad après une médiation des taliban afghans.

Le TPP a rejeté toute responsabilité dans cet attentat-suicide.

Les autorités ont déclaré que le suspect avait déclenché sa bombe alors que des centaines de fidèles étaient massés dans la mosquée.

"Nous avons trouvé des traces d'explosif", a dit Ijaz Khan à des journalistes, notant qu'il y avait clairement eu une faille sécuritaire, la "Zone rouge" étant la plus protégée du complexe.

Une enquête a été ouverte pour déterminer comment le kamikaze a pu franchir les différents contrôles des forces de sécurité et si celui-ci a bénéficié de complicités.

Quelque 400 fidèles étaient vraisemblablement réunis dans la mosquée au moment de l'attaque, a dit le chef de la police locale. La plupart des personnes tuées sont des officiers de police, a-t-il ajouté.

Cette attaque n'a pas été revendiquée dans l'immédiat. Peshawar, située près des zones tribales proches de la frontière avec l'Afghanistan, n'avait pas connu d'attentat aussi meurtrier depuis une explosion en mars dernier dans une mosquée chiite qui avait fait 58 morts et 200 blessés en pleine prière.

"D'après les premières informations, le terroriste se tenait au premier rang (dans la mosquée)", a déclaré le ministre de la Défense, Khawaja Asif, à la chaîne Geo TV.

L'explosion a provoqué l'effondrement d'un étage de la mosquée, piégeant des dizaines de personnes sous les décombres. "Nous ne pouvons dire combien se trouvent toujours en-dessous", a dit le gouverneur de la province, Haji Ghoulam Ali, alors que les équipes de secours s'affairaient pour déblayer les décombres.

(Reportage Jibran Ahmed à Peshawar et Asif Shahzad à Islamabad, rédigé par Shilpa Jamkhandikar; version française Bertrand Boucey, Tangi Salaün et Jean Terzian, édité par Kate Entringer et Nicolas Delame)