Maduro promis à un nouveau mandat malgré le mécontentement des Vénézuéliens

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Maduro promis a un nouveau mandat malgre le mecontentement des venezueliens[reuters.com]
(Crédits : Carlos Jasso)

par Andrew Cawthorne

CARACAS (Reuters) - Les bureaux de vote ont ouvert leurs portes dimanche au Venezuela pour une élection présidentielle que les adversaires du chef de l'Etat sortant assimilent au "couronnement" d'un dictateur, dont la probable réélection risque de se traduire par un alourdissement des sanctions internationales.

La majeure partie de l'opposition appelant au boycott du scrutin et les deux principaux rivaux du président ayant été déclarés inéligibles, rien ne semble pourvoir empêcher Nicolas Maduro d'obtenir un nouveau mandat, malgré son impopularité.

L'ancien chauffeur de bus âgé de 55 ans, qui se présente comme le "fils" du charismatique Hugo Chavez décédé en 2013, assure faire face à un complot "impérialiste" dont l'enjeu serait les ressources pétrolières vénézuéliennes. Ses détracteurs, qui se disent victimes d'une campagne de répression politique, le tiennent pour seul responsable de la ruine économique d'un pays autrefois florissant.

Henri Falcon, son seul concurrent sérieux, a décidé de ne pas suivre l'appel au boycott. "Le jour est venu d'écrire l'histoire et de sauver le Venezuela", a tweeté dimanche cet ancien gouverneur de l'Etat de Lara âgé de 56 ans. Il propose notamment de remplacer le bolivar, la monnaie nationale dont la valeur s'est effondrée, et a symboliquement distribué de faux billets de 100 dollars pendant la campagne.

Ses chances semblent minces compte tenu notamment de la forte abstention prévisible, des divisions de l'opposition auxquelles il a lui même contribué en se démarquant de l'appel au boycott et de la présence de proches de Maduro au sein de la commission électorale.

"MASCARADE"

"Ce ne sont pas des élections. C'est une mascarade destinée à maintenir Maduro au pouvoir sans le soutien populaire", a déclaré Juan Pablo Guanipa, membre de la principale coalition de l'opposition.

Le pasteur évangélique Javier Bertucci, qui s'est forgé une certaine popularité en organisant des distributions de nourriture façon soupe populaire, se présente également face à Maduro.

La récession économique qui dure depuis cinq ans, la baisse de la production pétrolière, l'hyperinflation et les sanctions américaines alimentent le mécontentement d'une population désabusée, dont une partie importante a choisi l'exil.

"Arrêtez votre campagne agressive contre le Venezuela !", s'est écrié dimanche matin Nicolas Maduro, s'adressant indirectement à la communauté internationale.

Les meetings électoraux n'ont pas fait recette et il n'y avait pas foule dimanche matin dans les bureaux de vote de la partie orientale de Caracas, plus prospère et favorable à l'opposition.

Selon le ministre de l'Information, Jorge Rodriguez, deux millions et demi d'électeurs avaient voté à 10h00 (14h00 GMT), un chiffre qui a suscité les sarcasmes de l'opposition.

Les partisans du boycott ont appelé à manifester dans la journée, mais 300.000 militaires et policiers ont été déployés pour l'occasion. Les résultats du scrutin sont attendus en fin de soirée.

La victoire attendue de Maduro risque fort de lui valoir une nouvelle bordée de protestations occidentales, mais il semble pouvoir compter sur l'appui de la Russie et de la Chine, qui restent d'importants bailleurs de fonds de Caracas.

Les Etats-Unis ont intensifié leur pressions vendredi en accusant pour la première fois le président de tirer profit du trafic de stupéfiants et en imposant des sanctions au numéro deux du Parti socialiste au pouvoir, Diosdado Cabello.

(Avec Corina Pons, Jean-Philippe Lefief pour le service français)