Une chance sur trois d'une récession aux USA dans les deux ans

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Police officers display counterfeit u.s. dollar bills during a news conference in lima[reuters.com]
(Crédits : Guadalupe Pardo)

par Shrutee Sarkar

BANGALORE (Reuters) - La probabilité que l'économie américaine entre en récession dans les deux prochaines années est de 31%, selon une enquête Reuters auprès d'économistes, qui voient dans la longévité du cycle économique actuel, la hausse des taux d'intérêt et le protectionnisme des facteurs d'inquiétude.

Selon cette étude menée auprès de 110 d'économistes entre le 16 et le 24 mai, la croissance économique américaine devrait atteindre en moyenne 2,8% en 2018, son rythme le plus rapide en trois ans, soutenue par la plus importante réforme fiscale adoptée depuis les années 1980.

Comme dans les enquêtes précédentes, les économistes pensent toutefois que l'effet de cette réforme sera de courte durée. La croissance devrait ainsi ralentir à 2,5% en moyenne en 2019, avant de retomber à 1,8% en 2020.

La probabilité médiane d'une récession au cours des 12 prochains mois est de 15%, selon les estimations de plus de 70 économistes ayant répondu à une question sur le sujet, une proportion identique à celle de ces dernières années.

En revanche, elle passe à 31% pour les deux prochaines années.

"Le risque d'une récession augmente réellement au-delà d'un an, ou en 2020, car c'est à ce moment-là qu'on verra le stimulus budgétaire commencer à se dissiper", explique Joseph Song, économiste chez BofAML.

"C'est à ce moment-là que l'on reviendra vers la tendance de la croissance potentielle, qui est inférieure à 2%, et si l'économie subit un choc négatif - dû au pétrole ou au dollar- alors on commencera à voir la croissance faiblir ou devenir négative."

QUATRE HAUSSES DE TAUX ANTICIPÉES EN 2018

Les économistes relèvent des signes suggérant que le cycle d'expansion actuelle se terminera bientôt.

Par rapport aux enquêtes précédentes, un nombre croissant d'entre eux s'attend à ce que la Réserve fédérale commence à réduire ses taux d'intérêt en 2020.

Pour l'instant cependant, la plupart des responsables de la Réserve fédérale pensent qu'il sera probablement "bientôt" nécessaire de relever les taux aux Etats-Unis si les perspectives pour l'économie américaine ne se dégradent pas, selon le compte-rendu, publié mercredi, de leur dernière réunion de politique monétaire.

Tous les économistes interrogés sauf un anticipent une hausse de taux en juin et la majorité en voit deux autres d'ici la fin de l'année pour les amener dans une fourchette de 2,25-2,50%, soit au final donne quatre hausses pour 2018.

Les responsables de la Fed n'en évoquent que trois dans leurs prévisions actuelles.

Le caractère déjà mature du cycle actuel d'expansion économique aux Etats-Unis pourrait bientôt apparaître encore plus prononcé par rapport à celui de l'économie mondiale, qui montre aussi des signes de vieillissement. Et la menace d'un protectionnisme croissant est réelle.

Le président américain Donald Trump, qui a lancé une enquête sur les importations de voitures susceptibles de déboucher sur des tarifs douaniers similaires à ceux imposés sur l'acier et l'aluminium, a dit qu'il proposerait de nouvelles réductions d'impôts avant novembre.

Mais comme ils l'avaient dit lorsqu'ils ont été interrogés avant les réductions d'impôts votées par le Congrès à la fin de l'année dernière, de nombreux économistes estiment que des réductions d'impôts ne sont pas justifiées à ce stade du cycle économique, au vu de la situation de quasi-plein emploi.

(Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Bertrand Boucey)