Le pape entame à Vilnius un voyage balte de quatre jours

reuters.com  |   |  549  mots
Le pape entame un voyage balte avec un message de tolerance[reuters.com]
(Crédits : Max Rossi)

VILNIUS (Reuters) - Le pape François a entamé samedi à Vilnius une visite de quatre jours dans les pays baltes, et déclaré que la Lituanie devait tirer parti de son passé de souffrance sous la botte nazie puis soviétique pour défendre le principe de tolérance en Europe.

François, premier souverain pontife à se rendre dans les Etats baltes depuis 1993, entend profiter de ce voyage pour adresser un message de solidarité à la Lituanie, la Lettonie et l'Estonie, qui regardent avec méfiance une Russie devenue agressive depuis quelques années, ce près de 30 ans après la dislocation de l'Union soviétique.

Dans son premier discours en terre balte, il a invité les Lituaniens à se garder de ceux qui "sèment la division et la confrontation, souvent en exploitant l'insécurité ou les situations de conflit - et proclament que la seule façon possible d'assurer la sécurité et de maintenir une culture est d'essayer d'éliminer ou d'expulser les autres".

S'il n'a pas mentionné de pays en particulier, il faisait manifestement allusion aux gouvernements populistes au pouvoir dans plusieurs pays d'Europe, dont la Pologne voisine, la Hongrie et l'Italie, où ces partis ont remporté les élections en faisant campagne contre l'immigration.

"Tout au long de l'histoire, la Lituanie a su héberger, recevoir et accepter des gens de communautés ethniques et de religions diverses", a fait remarquer le pape, dans un discours devant la présidente lituanienne, Dalia Grybauskaite, et le corps diplomatique.

Il a salué la capacité de la Lituanie à surmonter les "idéologies totalitaires", allusion à l'occupation nazie durant la Seconde Guerre mondiale et à l'incorporation du pays dans l'URSS de 1944 à 1991.

VISITE DU MUSÉE DES OCCUPATIONS

"Vous avez souffert dans votre chair face à ceux qui voulaient imposer un modèle unique éliminant toutes les différences(...)", a-t-il dit en ajoutant que les Lituaniens pouvaient faire profiter de leur expérience "la communauté européenne en particulier".

La Lituanie, qui comme les deux autres pays baltes appartient à l'Union européenne et à l'Otan, devrait profiter de sa position historique et géographique pour servir de "pont entre l'Europe de l'Est et l'Europe de l'Ouest", a estimé François.

Dimanche, le souverain pontife doit visiter le Musée des occupations et des luttes pour la liberté, une ancienne prison du KGB soviétique à Vilnius, où plusieurs centaines de personnes sont mortes et d'où des milliers de personnes, dont de nombreux prêtres, ont été envoyés en déportation en Sibérie.

L'Eglise catholique de Lituanie a constamment campé sur des positions antisoviétiques après l'annexion du pays par les Russes, et la présidente Dalia Grybauskaite a remercié samedi le pape pour le soutien du Vatican lorsque la Lituanie était sous le joug de Moscou.

Le pape ira également prier au pied d'un monument aux victimes du ghetto juif de Vilnius, où seulement quelques centaines des 40.000 habitants ont survécu à l'extermination nazie. Plus de 200.000 juifs lituaniens ont péri durant l'holocauste ; au cours de la période soviétique, un nombre équivalent de Lituaniens ont été déportés en Sibérie.

Le pape doit passer deux jours en Lituanie, pays à prédominance catholique, avant de se rendre en Lettonie puis en Estonie.

(Andrius Sytas; Eric Faye pour le service français)