L'Elysée désamorce sur la PMA avant l'avis du comité d'éthique

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L'elysee desamorce sur la pma avant l'avis du comite d'ethique[reuters.com]
(Crédits : Gonzalo Fuentes)

PARIS (Reuters) - L'avis que rendra mardi le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) ne préjuge en rien de la décision du gouvernement concernant l'élargissement de la procréation médicalement assistée (PMA), a-t-on indiqué lundi à l'Elysée, prévenant que le débat éthique sur cette question n'était pas clos.

"On n'est pas lié par cet avis, le rapport n'est pas un avant-texte de loi, il y a toute une phase d'écoute et une phase de discussion parlementaire qui va avoir lieu", a-t-on souligné. "Nous sommes très conscients de la dimension éthique de la bioéthique, pour nous le débat sur la PMA il est éthique et ce débat n'est pas au bout".

Emmanuel Macron "a tenu à faire en sorte que toutes les sensibilités sur ce sujet soient attentivement écoutées, donc une fois que le rapport sera rendu il va continuer à écouter ce qui se dit sur ce rapport", a-t-on ajouté. "Nous ne sommes pas dans l'affirmation dogmatique de 'ça va se faire malgré tout le monde'".

Depuis une semaine et à l'approche de la publication de l'avis du CCNE, qui outre la PMA se prononcera plus généralement sur les grands thèmes de la prochaine loi bioéthique, l'exécutif marche sur des oeufs et tente de désamorcer un dossier potentiellement explosif en appelant à un "débat apaisé".

Car près de cinq ans après l'adoption mouvementée de la loi ouvrant la voie au mariage et à l'adoption aux couples de même sexe sous le quinquennat de François Hollande, les questions éthiques et sociétales restent politiquement sensibles en France.

"LA RÉFLEXION N'EST PAS AU BOUT"

Certes, les opinions évoluent - selon un sondage Ipsos publié en juillet, les trois quarts des Français se montrent désormais favorables à l'ouverture de la PMA à toutes les femmes, un chiffre en constante augmentation depuis 2013 - mais le sujet reste clivant.

Et ces derniers jours, les opposants à l'extension de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules - promesse de campagne d'Emmanuel Macron sur laquelle le CCNE a émis un premier avis favorable à l'été 2017 - ont fait entendre leurs voix.

En première ligne dans le combat contre le mariage pour tous, "la manif pour tous" a notamment appelé le chef de l'Etat à reculer sur la "PMA sans père" et se dit prête à mener le combat via un "un réseau de milliers de personnes qui ne demandent qu'à se mettre au travail".

L'Eglise catholique de France a de son côté publié jeudi une "déclaration solennelle" - "La dignité de la procréation" - un document de 112 pages signé par tous les évêques de France, pour expliquer sa position sur la PMA.

"On voit déjà plusieurs mouvements de contestation se mettre en place mais le processus n'est pas au bout, la réflexion n'est pas au bout", indique-t-on à l'Elysée. "Pour autant il ne faut pas craindre d'avancer".

"Est ce que la société est prête à la PMA pour toutes? On pense que oui. Est ce que la société est prête à la GPA (gestation pour autrui)? On pense que non. Est-ce que ça veut dire qu'on va faire la PMA pour toutes sans débat et sans débat éthique? Non. Est-ce que pour autant on va ouvrir le dossier de la GPA? La réponse est non. On est sur ces bases-là".

Le gouvernement a annoncé son intention de présenter en conseil des ministres avant la fin de l'année un projet de loi sur les questions de bioéthique, qui aborderait le thème de la PMA, avant un débat au Parlement au premier trimestre 2019.

(Marine Pennetier, avec Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse)