Réunion à l'Onu pour préserver l'accord sur le nucléaire iranien

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Reunion a l'onu pour preserver l'accord sur le nucleaire iranien[reuters.com]
(Crédits : Carlo Allegri)

NATIONS UNIES (Reuters) - Les Etats signataires l'accord sur le programme nucléaire iranien qui en sont toujours parties prenantes sont convenus lundi soir, à l'Onu, de poursuivre leurs efforts pour maintenir les échanges commerciaux avec Téhéran, malgré le rétablissement des sanctions américaines.

Donald Trump a dénoncé en mai l'accord de Vienne conclu en juillet 2015 par l'Iran et le groupe dit P5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne) et a ouvert la voie au rétablissement progressif des sanctions américaines.

Dans un communiqué commun publié à l'issue de la réunion, Grande-Bretagne, Chine, France, Allemagne, Russie et Iran se disent déterminés à poursuivre les échanges commerciaux et annoncent la création d'un mécanisme de paiement.

"Conscients de l'urgence et de la nécessité d'obtenir des résultats tangibles, les participants ont salué les propositions pratiques visant à maintenir et développer les canaux de paiement, notamment l'initiative d'instaurer une structure ad hoc (SPV) pour faciliter les paiements liés aux exportations iraniennes, dont le pétrole", est-il écrit dans le communiqué.

Beaucoup doutent toutefois de la possibilité d'entretenir des relations commerciales avec Téhéran, alors qu'un nouveau train de sanctions américaines doit entrer en vigueur le 4 novembre.

Selon plusieurs diplomates européens, l'idée est de créer un système de troc similaire à celui utilisé par l'Union soviétique durant la Guerre froide, afin d'échanger du pétrole iranien contre des produits européens sans transactions financières.

"MONTRER QUE LA PORTE NE SE FERME PAS"

L'objectif serait de contourner en toute légalité les sanctions américaines, qui peuvent être étendues aux entreprises étrangères qui font des affaires avec l'Iran.

La décision de créer une telle entité a été prise et des experts techniques vont se réunir pour en définir les contours, a déclaré la porte-parole de la diplomatie européenne.

"Cela signifie que les Etats membres de l'UE vont créer une entité juridique pour faciliter les transactions financières licites avec l'Iran, ce qui permettra aux sociétés européennes de continuer à commercer avec l'Iran conformément aux règlements de l'UE. Cela pourrait s'étendre à d'autres partenaires dans le monde", a expliqué Federica Mogherini.

De nombreux diplomates et observateurs ne croient toutefois pas à la capacité de cette entité à contrecarrer les sanctions américaines, notamment parce que Washington pourrait les adapter afin d'interdire de telles opérations.

"L'essentiel est de garder toutes les options sur la table afin de montrer aux Iraniens que la porte ne se ferme pas", a dit un diplomate français de haut rang.

"Si les positions se durcissent, rien ne sera meilleur ou plus facile, mais tout sera beaucoup plus dangereux et difficile", a résumé par la suite Heiko Maas, chef de la diplomatie allemande.

L'UE peine à trouver les outils juridiques nécessaires pour protéger les compagnies européennes des sanctions américaines qui seront rétablies en novembre et qui visent à étouffer les exportations de pétrole iranien.

Signe de ses difficultés, Bpifrance a dit lundi avoir suspendu ses travaux visant à créer un dispositif d'accompagnement des exportations françaises à destination de l'Iran.

(Parisa Hafezi, John Irish, avec Yara Bayoumi, Arshad Mohammed et Michelle Nichols; Jean Terzian pour le service français)