BERLIN (Reuters) - Le chef de l'Eglise catholique en Allemagne, le cardinal Reinhard Marx, a demandé pardon mardi aux milliers de victimes d'agressions sexuelles de la part de religieux, des affaires qui remontent parfois à près de soixante-dix ans.
"Pendant trop longtemps dans l'Eglise nous avons regardé ailleurs, nié ou couvert (de tels faits), nous ne voulions pas que ce soit vrai", a dit le président de la conférence épiscopale allemande en présentant officiellement un rapport sur de tels agissements au sein de l'Eglise, rapport dont le magazine Der Spiegel s'était procuré un exemplaire il y a deux semaines.
Après l'article du Spiegel, l'Eglise catholique allemande a reconnu avec "honte" que des centaines de prêtres et de religieux avaient commis des agressions sexuelles contre des mineurs, en majorité des garçons, entre 1946 et 2014.
Selon l'enquête menée pendant plus de trois ans par des universitaires à la demande de la conférence épiscopale, 1.670 membres de l'Eglise ont agressé sexuellement 3.677 mineurs pendant ces soixante-huit années.
Parlant au nom de la conférence nationale, l'évêque de Trêves, Stephan Ackermann, avait déclaré mi-septembre que l'Eglise était consciente de l'ampleur de ces crimes. "Nous sommes accablés et honteux", avait-il précisé.
L'étude, qui porte sur plus de 38.000 dossiers étudiés dans 27 diocèses, montre que plus de la moitié des victimes étaient âgées de 13 ans ou moins.
Un sixième des cas environ concerne des viols. Les trois quarts des victimes ont été agressées dans une église ou à l'occasion d'une rencontre avec leur agresseur dans le cadre d'activités pastorales.
Dans de nombreux cas, des preuves ont été détruites ou manipulées, ajoute le document.
Seulement un tiers des religieux mis en cause ont été poursuivis canoniquement et les sanctions qui les ont frappés ont été des plus minimes. Quatre pour cent d'entre eux sont toujours en fonction.
Le pape François réunira les présidents des conférences épiscopales du monde entier du 21 au 24 février prochain au Vatican pour étudier les moyens de protéger les enfants et les adultes vulnérables contre les agressions sexuelles, a annoncé mercredi le service de presse du Saint-Siège.
(Riham Alkousaa et Maria Sheahan; Guy Kerivel pour le service français)