Fourniret condamné à la perpétuité, Monique Olivier à 20 ans

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La perpetuite de nouveau requise contre le couple fourniret-olivier[reuters.com]
(Crédits : Yves Herman)

par Emmanuel Jarry

VERSAILLES, Yvelines (Reuters) - La cour d'assises des Yvelines a condamné vendredi le tueur en série Michel Fourniret à la prison à perpétuité et sa complice Monique Olivier à 20 ans de prison pour avoir assassiné en 1988 la compagne d'un truand afin de s'emparer d'un magot.

Michel Fourniret, 76 ans, a déjà été condamné en 2008 à la prison à perpétuité réelle et Monique Olivier, 70 ans, à la perpétuité avec 28 ans de sûreté pour le meurtre de sept adolescentes et jeunes femmes entre 1987 et 2001.

La cour a pris en compte vendredi l'absence de casier judiciaire de Monique Olivier au moment des faits et sa personnalité, celle d'une "femme dominée et manipulée par Michel Fourniret".

Les peines prononcées ne changent rien à leur sort. Là n'était d'ailleurs pas l'enjeu de ce procès, qui laisse sans réponses une série de questions et de zones d'ombre.

Arrêté en juin 2003 en Belgique pour l'enlèvement d'une fillette et dénoncé en 2004 aux enquêteurs belges par son épouse et complice, "l'ogre des Ardennes" a reconnu avoir tué en avril 1988 Farida Hammiche, 30 ans, compagne d'un truand avec lequel il s'était lié en prison, Jean-Pierre Hellegouarch.

Le couple a ainsi fait main basse sur plusieurs dizaines de kilos de lingots et de pièces d'or, trésor d'origine criminelle récupéré dans un cimetière avec la victime.

C'est leur deuxième meurtre connu après celui d'Isabelle Laville, 17 ans, enlevée, violée et assassinée dans l'Yonne en décembre 1987, deux mois et demi après que Fourniret eut fini de purger une peine de prison pour agressions sexuelles.

Le corps de Farida Hammiche n'a pas été retrouvé et les avocats des parties civiles et le président de la cour ont pressé en vain jeudi le tueur d'avouer où il l'avait caché.

Michel Fourniret a certes dit qu'il n'était "pas impossible" qu'il l'ait "déposé" dans une carrière, à proximité d'un ancien domicile, dans les Yvelines, mais pour se rétracter aussitôt.

"Honnêtement, en cet instant, je ne le sais pas", a-t-il ainsi répondu à l'avocate de la famille Hammiche, Me Yolaine Bancarel, avant d'ajouter : "Il n'est pas impossible que dans mon subconscient, il y ait quelque chose qui apparaisse."

"ÉGALEMENT COUPABLES"

La série pourrait ne pas s'arrêter aux crimes connus du couple à ce jour, les enquêteurs, belges notamment, s'interrogeant sur des affaires non résolues comme la disparition d' Estelle Mouzin, en 2003 en Seine-et-Marne.

Le couple a déjà avoué deux autres meurtres commis dans l'Yonne, ceux d'une handicapée mentale de 19 ans disparue en juillet 1988, Marie-Angèle Domèce, et d'une britannique de 20 ans, Joanna Parrish, violée et étranglée en mai 1990.

Dans son réquisitoire, l'avocat général a admis qu'il restait d'autres zones d'ombre, comme l'importance réelle et la provenance du stock d'or récupéré par le couple : "Etait-ce le produit des vols avec armes du gang des postiches ? Ont-ils une autre origine ? Nous ne le savons pas avec précision."

"Le gang des postiches, c'est plausible mais pas plus qu'autre chose", a pour sa part confié à Reuters Jean-Pierre Hellegouarch, 75 ans, qui a assisté à tout le procès avec quatre sœurs et deux frères de la victime et dit n'avoir été qu'un "maillon dans une transaction" impliquant un truand italien.

Le couple infernal, divorcé depuis 2010, a écouté impassible les plaidoiries, le réquisitoire et le verdict, chacun à un bout du banc des accusés, sans échanger un regard.

L'avocat général avait justifié la peine demandée par leur "volonté égocentrique". Il avait invité la cour à les juger "également coupables", en insistant notamment sur le rôle joué par Monique Olivier, alors enceinte de leur fils, pour attirer Farida Hammiche dans le piège tendu par Michel Fourniret.

"Je regrette ce qui s'est passé. Farida ne méritait pas ça, c'est impardonnable", a dit Monique Olivier, avant que les jurés se retirent pour délibérer. Michel Fourniret a pour sa part dit ne pas avoir de déclaration à faire.

(Edité par Yves Clarisse et Sophie Louet)