Grande Bretagne : Eprouvée par les affres du Brexit, May rend les armes en larmes

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May demissionne, turbulences en vue avec l'ue sur le brexit[reuters.com]
(Crédits : Toby Melville)

par Elizabeth Piper, Kylie MacLellan et William James

LONDRES (Reuters) - Au bord des larmes, Theresa May a annoncé vendredi sa démission, ouvrant la voie à l'arrivée au pouvoir d'un nouveau Premier ministre qui pourrait vouloir une rupture plus nette entre le Royaume-Uni et l'Union européenne pour sortir de l'impasse sur le Brexit.

Theresa May, qui "regrette profondément" de ne pas avoir pu mener à bien la sortie de l'UE, désormais prévue le 31 octobre, quittera ses fonctions de chef du Parti conservateur le 7 juin. Le processus de désignation de son successeur débutera la semaine suivante.

Le futur chef de file des Tories, qui sera choisi avant les vacances parlementaires, deviendra Premier ministre.

Theresa May expédiera les affaires courantes dans l'intervalle.

Son ancien ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, donné favori pour lui succéder, a donné le ton au sujet du Brexit : "Nous quitterons l'UE le 31 octobre, accord ou pas", a-t-il insisté lors d'une conférence économique en Suisse.

Lors de son discours de démission, prononcé devant sa résidence officielle du 10 Downing Street, Theresa May a exprimé sa "gratitude immense" d'avoir eu "la chance de servir le pays que j'aime".

"Je vais bientôt quitter le travail qui a été l'honneur de ma vie", a-t-elle déclaré la voix brouillée par l'émotion.

Celle qui succéda à David Cameron pour organiser le Brexit après le référendum de juin 2016 démissionne sans avoir pu réaliser sa mission : conduire le Royaume-Uni hors de l'UE et mettre fin à ses divisions.

L'Accord de retrait conclu avec les Européens en novembre dernier pour accompagner le Brexit a été rejeté trois fois par les députés britanniques. Theresa May avait abattu sa dernière carte mardi en proposant de tisser des liens commerciaux plus étroits avec l'UE sans exclure la tenue d'un second référendum.

"LAISSER LE PEUPLE DÉCIDER ?"

Cette dernière offre a cimenté un front du refus allant des éléments les plus pro-Brexit de son parti jusqu'à l'opposition travailliste, avec laquelle Theresa May a vainement tenté pendant six semaines de trouver un compromis.

Son successeur, a-t-elle dit, devra trouver un consensus pour mettre en oeuvre les résultats du référendum de 2016 par lequel les Britanniques ont choisi à 52% de quitter l'UE.

Jeremy Corbyn, chef de file du Parti travailliste, a demandé la tenue d'élections législatives pour "laisser le peuple décider de l'avenir de notre pays".

Theresa May laisse un pays profondément divisé sur le fait de savoir quand et comment quitter l'UE - s'il faut la quitter.

Les principaux candidats à sa succession ont tous dit vouloir une rupture plus nette avec Bruxelles, bien que l'UE ait fait savoir qu'elle ne renégocierait pas l'Accord de novembre.

Le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney, a déclaré qu'il n'y aurait pas de meilleur accord.

La France a dit souhaiter une "clarification rapide" de la part de Londres sur ses intentions.

Outre Boris Johnson, qui était chef de file des brexiters lors de la campagne pour le référendum de 2016, l'actuel secrétaire au Foreign Office, Jeremy Hunt, s'est lui aussi porté candidat à la succession de Theresa May.

Boris Johnson est donné gagnant par un sondage YouGov publié vendredi dernier..

Graham Brady, président de l'influent Comité 1922 qui réunit l'ensemble des députés conservateurs à l'exception de ceux qui siègent au gouvernement, a démissionné de ce poste pour préparer son éventuelle candidature, selon la BBC.

Certains parient sur Dominic Raab, partisan de la rupture avec l'UE et ancien ministre chargé du Brexit. Les noms des ministres de la Défense et de l'Environnement Penny Mordaunt et Michael Gove, de la ministre démissionnaire chargée des Relations avec le Parlement, Andrea Leadsom circulent également, mais leurs chances semblent faibles.

(Avec Guy Faulconbridget et Kate Holton; Danielle Rouquié avec Henri-Pierre André pour le service français, édité par Jean-Philippe Lefief)