L'Iran dépassera dans 10 jours son plafond d'uranium faiblement enrichi

reuters.com  |   |  617  mots
L'iran depassera dans 10 jours son plafond d'uranium faiblement enrichi[reuters.com]
(Crédits : Leonhard Foeger)

DUBAI/LONDRES (Reuters) - L'Iran dépassera dans dix jours le plafond d'uranium faiblement enrichi qu'il est autorisé à stocker en vertu de l'accord de 2015 sur son programme nucléaire, mais les pays européens peuvent encore sauver cet accord, a déclaré lundi Behrouz Kamalvandi, porte-parole de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA).

"Nous avons quadruplé la capacité d'enrichissement et l'avons même augmentée tout récemment, de sorte que, dans dix jours, nous dépasserons le plafond des 300 kg", a-t-il dit à la télévision iranienne. "Il reste encore du temps (...) si les pays européens agissent."

"Les réserves de l'Iran augmentent chaque jour à un rythme plus rapide. Et s'il est important pour eux (les Européens) de préserver l'accord, qu'ils fassent tous les efforts possibles(...) Dès qu'ils honoreront leurs engagements, la situation reviendra à la normale", a dit le porte-parole.

"Les Européens ont manifesté indirectement leur incapacité à agir. Ils ne doivent pas penser qu'au bout des 60 jours (délai fixé en mai par l'Iran), ils auront encore une rallonge de 60 jours", a-t-il ajouté.

Le président iranien Hassan Rohani, qui recevait l'ambassadeur de France à Téhéran, a quant à lui parlé d'un "moment critique".

"La France peut encore agir avec les autres signataires et jouer un rôle historique pour sauver l'accord, mais il reste très peu de temps", a-t-il ajouté, selon l'agence de presse Fars.

A Paris, Emmanuel Macron s'est dit prêt à oeuvrer avec ses partenaires pour convaincre l'Iran de continuer à respecter ses engagements.

"Je regrette les annonces iraniennes de ce jour mais aujourd'hui, comme l'a souligné l'AIEA, l'Iran respecte ses obligations et nous l'encourageons donc très fortement à continuer à adopter un comportement patient et responsable", a dit le président français lors d'une conférence de presse.

INSTEX EN RETARD

A Washington, un porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison blanche a parlé de "chantage nucléaire".

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a quant à lui réclamé des sanctions immédiates si le plafond d'uranium enrichi est effectivement dépassé.

L'accord de Vienne limite le stock iranien d'hexafluorure d'uranium enrichi à 3,67% à 300 kg pendant 15 ans.

Le gouvernement iranien avait annoncé en mai qu'il ne se considérait plus tenu par les engagements pris dans le cadre de l'accord de Vienne, dans la mesure où les Etats-Unis l'ont dénoncé en mai 2018, ce qui a ouvert la voie au rétablissement des sanctions américaines. Elles s'étendent désormais au secteurs pétrolier et bancaire, ce qui a entraîné une forte réduction des exportations iraniennes.

Les signataires européens, qui ont promis de tout faire pour sauver le "Plan d'action global commun" conclu en 2015, ont promis la mise en place prochaine d'un dispositif nommé Instex, censé compenser les sanctions américaines, mais le programme a pris du retard et Téhéran juge leurs efforts insuffisants.

Heiko Maas, chef de la diplomatie allemande, s'est rendu à Téhéran la semaine dernière pour assurer qu'ils n'y avaient pas renoncé, malgré le scepticisme qu'il suscite.

L'armée iranienne a nié lundi toute implication.

"Si la République islamique d'Iran décide de bloquer les exportations de pétrole via le détroit d'Ormuz, elle dispose d'une puissance militaire suffisamment importante pour le faire pleinement et au grand jour", a déclaré son chef d'état-major, le général Mohammad Baqeri, cité par l'agence de presse Fars.

(Rédaction de Dubaï et Parisa Hafezi, avec Bozorgmehr Sharafedin, William Schomberg, Ben Blanchard, Francois Murphy, Robin Emmott, Dan Williams, Andrew Osborn, Andrey Kuzmin et Jean-Baptiste Vey; Eric Faye, Guy Kerivel et Jean-Philippe Lefief pour le service français, édité par Tangi Salaün)