Conseil de l’Europe : Les Russes, sitôt revenus, déjà contestés

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Feu vert pour le retour des russes a l'assemblee du conseil de l'europe[reuters.com]
(Crédits : Grigory Dukor)

STRASBOURG (Reuters) - La délégation russe a fait son retour mardi au sein de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) et a vu aussitôt ses pouvoirs contestés, comme attendu, par les Ukrainiens et leurs alliés, Géorgiens, Polonais et Britanniques et parlementaires des pays baltes.

Les dix-huit parlementaires russes jouissent provisoirement de tous leurs droits jusqu'au débat et au vote sur leur contestation qui aura lieu mercredi après-midi.

Nino Goguadze, une parlementaire géorgienne, a contesté leurs pouvoirs pour « raisons substantielles », rappelant que la levée des sanctions prononcées en 2014, puis en 2015 contre la délégation russe, était assortie de conditions précises.

« Depuis lors, nous avons été témoins de violations graves des principes fondateurs du Conseil de l'Europe et avons constaté l'incapacité persistante de la Fédération de Russie à respecter ses engagements », a-t-elle dit en évoquant « l'annexion illégale de la Crimée » et « l'occupation illégale de deux régions de la Géorgie, l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud ».

Volodimir Ariev, le président de la délégation ukrainienne, a pris le relais en contestant les pouvoirs de la délégation pour « raisons formelles », soulignant que certains de ses membres avaient été élus « par des voix illégales », celles des citoyens de la Crimée annexée.

Nigel Evans, un conservateur britannique, a fermé le ban en contestant les pouvoirs russes « en tant qu'homme ouvertement homosexuel », en raison de la « persécution contre les personnes LGBTI dans la république russe de Tchétchénie ».

Sa contestation pour raisons substantielle faisant doublon, il a été invité à joindre ses récriminations à la première.

Le retour des Russes à Strasbourg fait suite au vote, dans la nuit, par l'APCE, d'une modification de son règlement qui exclut désormais toute sanction privant une délégation de ses droits de vote, de parole ou de représentation au sein de ses organes.

Cette modification, souhaitée par une majorité des 47 Etats membres, et notamment par la France, qui préside actuellement le Conseil de l'Europe, a été approuvée par 118 voix contre 62 et 10 abstentions,

C'était une revendication des parlementaires russes qui refusaient de siéger depuis qu'ils avaient été privés de leurs droits de vote, en 2014, en réaction à l'annexion de la Crimée par Moscou.

L'affaire s'est envenimée en 2017 quand le gouvernement russe, pour protester contre une sanction qu'il juge illégale, a cessé de verser sa contribution au budget du Conseil de l'Europe, menaçant de quitter l'organisation de défense de la démocratie et des droits de l'Homme.

(Gilbert Reilhac, édité par Sophie Louet)