Richard Ferrand entendu par les juges à Lille

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(Crédits : Benoit Tessier)

PARIS (Reuters) - Le président de l'Assemblée nationale française, Richard Ferrand, était entendu mercredi à Lille par les juges enquêtant sur l'affaire des Mutuelles de Bretagne, a-t-on appris auprès de son entourage et de sources proches de l'enquête.

Cette audition se déroule dans le cadre de l'information judiciaire pour prise illégale d'intérêts ouverte en janvier 2018 à la demande du Parquet national financier (PNF) et confiée à des magistrats lillois.

L'entourage de Richard Ferrand a confirmé cette audition, considérée comme une "suite logique de la procédure", et que Richard Ferrand aborde "très sereinement".

Interrogée sur ce sujet lors du compte rendu du conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, s'est pour sa part refusée à tout commentaire, invoquant la séparation des pouvoirs.

L'ouverture de cette information judiciaire a fait suite à une plainte avec constitution de partie civile déposée en novembre 2017 par l'association Anticor.

Après cinq mois d'enquête, une première plainte avait été classée sans suite par le procureur de Brest, pour qui "aucune infraction au code de la mutualité (n'avait) été établie".

"INDÉPENDANCE DE LA JUSTICE"

Le parquet de Brest avait ouvert le 1er juin 2017 cette procédure pour déterminer s'il y avait lieu ou non de poursuivre Richard Ferrand pour avoir permis à la société immobilière de sa compagne, Sandrine Doucen, d'emporter en 2011 un marché immobilier lors de la location d'un local commercial par les Mutuelles de Bretagne, qu'il a dirigées de 1998 à 2012.

L'affaire a déjà coûté un poste de ministre à ce fidèle soutien d'Emmanuel Macron, qui a démissionné un mois à peine après sa nomination au début du quinquennat.

L'élu breton, passé par le Parti socialiste avant de se rallier à la Macronie, a toujours assuré n'avoir "rien commis d'illégal ni d'immoral".

Interrogé par Reuters, le député La République en marche (LaRem) Bruno Bonnell s'est déclaré confiant quant à la suite des évènements pour le quatrième personnage de l'Etat.

"Sans élément nouveau, la conclusion devrait rester la même logiquement", a-t-il déclaré. "C'est d'ailleurs un signe de maturité de la majorité qui respecte l'indépendance de la justice en lui faisant confiance sans arrêter sa marche en avant", a-t-il considéré.

Le député Les Républicains Philippe Gosselin a dit pour sa part à Reuters l'importance de "faire preuve de prudence" en la matière, tout en rappelant la récente démission du gouvernement de l'ancien président de l'Assemblée nationale François de Rugy après la publication d'informations sur son train de vie.

"Comment ne pas relever qu'avec Rugy, puis Ferrand, le président de l'Assemblée nationale est frappé d'une sorte de malédiction du pharaon", a plaisanté l'élu normand.

Le député Rassemblement national Sébastien Chenu a déclaré sur BFM TV qu'il ne demandait pas la démission de Richard Ferrand. "On verra bien. Pour l'instant que la justice fasse son boulot. Wait and see", a-t-il dit.

(Simon Carraud et Elizabeth Pineau avec Marine Pennetier et Pierre Savary à Lille, édité par Yves Clarisse)