Pesticides bannis dans cinq grandes villes, dont Paris et Lille

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Pesticides bannis dans cinq grandes villes, dont paris et lille[reuters.com]
(Crédits : Philippe Wojazer)

PARIS (Reuters) - Les villes de Paris, Clermont-Ferrand, Grenoble, Lille et Nantes annoncent jeudi, dans un communiqué commun, leur décision d'interdire les pesticides sur leur territoire dans l'espoir de "faire changer la loi" sur cette question sensible.

A six mois des prochaines élections municipales de mars 2020 et en plein débat sur la distance à respecter entre les zones d'épandage des pesticides et les habitations, elles disent agir "en application du principe de précaution", via un "arrêté municipal pris conjointement."

Cet arrêté a de bonnes chances d'être considéré comme illégal in fine, comme en a récemment décidé la justice dans le cas d'une décision similaire prise par un maire breton, contestée par le préfet.

Ces grandes villes, toutes dirigées par des maires de gauche, ou écologiste dans le cas de Grenoble, avaient déjà banni l'utilisation de produits phytosanitaires chimiques dans les parcs et jardins dont elles sont propriétaires.

"L'usage des produits phytosanitaires chimiques sera désormais interdit sur l'ensemble des territoires de nos villes", peut-on lire dans le communiqué. "Les différents acteurs concernés seront sensibilisés à ce sujet, par le biais d'une information large que nos villes diffuseront et rappelant les alternatives existantes aux pesticides pour l'entretien des espaces verts."

"Il s'agit pour nous d'engager une démarche concertée pour faire changer la loi", ajoutent-elles, affirmant agir au nom de la sauvegarde de la biodiversité et de la santé de leurs administrés.

BORNE DÉNONCE UN "COUP DE COM"

La ministre de la Transition écologique, Elisabeth Borne, a dénoncé sur Twitter un "coup de com" en expliquant que les maires se contentent d'appliquer la loi. "Merci à ces cinq communes d'avoir confirmé qu'elles respecteront la loi : depuis le 1er janvier 2017 l'utilisation des pesticides est déjà interdite dans les espaces publics, et depuis le 1er janvier 2019 chez les particuliers...", a-t-elle écrit.

Dans un entretien à Reuters, le maire socialiste de Clermont-Ferrand, Olivier Bianchi, lui a répliqué que la loi actuelle n'empêchait pas des acteurs économiques ou certaines copropriétés de recourir à des entreprises privées utilisant des pesticides.

"Par exemple dans la rue devant la gare, mes agents travaillent avec une bêche et de l'eau chaude et dix mètres plus loin, la SNCF balance ses produits sur les rails", a-t-il rapporté.

Le maire de la capitale de l'Auvergne, qui compte près de 150.000 habitants sur 42,6 km2, reconnaît que le but poursuivi est avant tout "d'ouvrir un débat politique".

"Notre objectif n'est pas d'appliquer cela immédiatement mais d'instaurer un principe de précaution et de mobiliser les gens, de poser les débats sur la table sans se battre pour 10 ou 150 mètres", a-t-il ajouté en référence au projet d'instaurer des zones tampons entre les cultures traitées aux pesticides et les habitations.

Le gouvernement a lancé lundi via internet une consultation sur ce sujet.

En se basant sur les recommandations de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), il propose d'instaurer une zone tampon comprise entre cinq mètres pour les cultures "basses" comme les légumes et dix mètres pour les cultures "hautes" comme les vignes et les arbres fruitiers.

Loin des 150 mètres réclamés par des dizaines de maires et des organisations de défense de l'environnement, au grand dam de certains représentants du monde agricole.

(Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)