Grève massive à la RATP, Paris embouteillé

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(Crédits : Christian Hartmann)

PARIS (Reuters) - Le trafic sur le réseau de métro parisien était presque intégralement paralysé vendredi, conformément aux prévisions de la RATP, en raison de la grève massive de ses agents dénonçant la réforme des retraites actuellement en chantier.

Dix lignes de métro sur seize sont entièrement fermées pour la journée. D'autres sont ouvertes uniquement aux heures de pointes entre 6h30 et 9h00 et entre 17h00 et 20h00, parfois sur certains tronçons seulement, et de façon limitée, avec un train sur trois ou sur quatre.

Seules les lignes 1 et 14, qui sont automatisées, fonctionnent normalement, avec toutefois un risque de saturation.

Un bus sur 3 circulait également sur l'ensemble du réseau en moyenne, ainsi qu'un tram sur deux.

De nombreuses entreprises ont invité leurs employés à travailler de chez eux. Les autres devaient pour la plupart avoir recours au système "D", soit le covoiturage, la marche, la trottinette électrique ou le vélo pour les plus sportifs.

De très nombreux bouchons se sont par ailleurs formés aux abords de la capitale.

"Je marche pour aller bosser aujourd'hui, deux heures aller, deux heures retour. Ça va pour ce matin, mais ce sera un peu plus dur ce soir parce que je ne finirai pas avant minuit", a déclaré à Reuters Anthony, 21 ans, qui travaille dans un restaurant de l'ouest de Paris.

L'ensemble des syndicats de la RATP a appelé à une grève pour dénoncer le projet de réforme des retraites du gouvernement, qui vise à mettre fin aux 42 régimes existants pour instaurer un régime unique par points.

Le Premier ministre, Edouard Philippe, a confirmé jeudi que les régimes spéciaux, tels que ceux de la RATP, de la SNCF ou encore des entreprises du secteur électrique et gazier étaient voués à disparaître.

Selon Olivier Dussopt, secrétaire d'Etat à Bercy, le régime de la RATP est déficitaire.

"Les cotisations payées par les agents de la RATP représentent 40% du coût des retraites versées chaque année et l'Etat, donc le contribuable, finance 60%. Si l'Etat arrêtait de financer, le régime exploserait", a-t-il justifié sur Sud Radio.

Les avantages dont bénéficient les agents n'ont par ailleurs plus lieu d'être, a-t-il encore dit.

Les conducteurs, les agents travaillant dans des ateliers ou encore dans les souterrains peuvent partir à la retraite à 52 ou 57 ans, s'ils ont effectué 27 ans de service. L'âge moyen de départ dans l'entreprise s'élève donc à 55 ans et 7 mois, selon Olivier Dussopt.

"PAS UNE GRÈVE DE PRIVILÉGIÉS"

"Le principe même de ce régime universel, ce que j'appelle cette maison commune, dans laquelle tout le monde doit converger, c'est justement l'égalité, avec la même manière de prendre en compte les spécificités, les pénibilités ou la durée de carrière", a-t-il ajouté.

Selon la CGT, la grève actuelle ne vise pas à défendre les régimes spéciaux puisque les réformes de 2008, 2010 et 2014 ont déjà prévu leur alignement progressif sur le régime de la fonction publique et à terme sur le régime général.

Tous les agents de la RATP engagés après 2009, par exemple, devront avoir cotisé 172 trimestres (43 ans) en 2035 pour prétendre à une retraite pleine, comme les salariés du privé.

"Ce n'est pas une grève de privilégiés", a argué le secrétaire général de la centrale, Philippe Martinez, sur franceinfo. "C'est une grève de salariés qui disent: 'on veut avoir une retraite à un âge raisonnable et partir dans des conditions raisonnables'."

Le secrétaire d'État aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari a pour sa part souligné sur LCI que le régime universel tiendrait compte de la pénibilité et de la dangerosité des métiers.

Mais pour la CGT, il s'agit d'un nivellement des droits par le bas. "Au lieu de baisser les droits de ceux qui en ont, augmentons les droits de ce qui n'en ont pas", a dit Philippe Martinez.

"Le dialogue est ouvert", a dit sur France Inter le Haut-commissaire à la Réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, en référence aux discussions appelées à reprendre la semaine prochaine et à se poursuivre jusqu'au mois de décembre, selon le calendrier dévoilé jeudi par Edouard Philippe.

Les professions libérales - avocats, médecins, chirurgiens, kinésithérapeutes, infirmiers, orthophonistes et podologues - ainsi que les pilotes, hôtesses et stewards appellent de leur côté à se mobiliser lundi pour défendre leurs régimes.

FO et la CGT appellent à des manifestations, respectivement les 21 et 24 septembre, contre la réforme gouvernementale.

(Caroline Pailliez avec Matthias Blamont, édité par Jean-Michel Belot et Simon Carraud)