Sanders peut-il battre Trump ? Un nombre croissant de démocrates y croient

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(Crédits : Mike Segar)

par Joseph Ax

NEW YORK (Reuters) - Les rivaux de Bernie Sanders dans la primaire démocrate affirment que l'investiture du sénateur du Vermont garantirait la réélection de Donald Trump le 3 novembre prochain, mais un nombre croissant d'électeurs démocrates estiment au contraire qu'il est leur meilleure chance d'en finir avec le président républicain.

Après sa large victoire samedi aux caucus du Nevada, la capacité du vétéran de la primaire, qui s'assume en candidat socialiste, à conduire le Parti démocrate à la victoire a été au centre du débat entre prétendants qui s'est tenu mardi soir en Caroline du Sud.

Tous ses adversaires ont concentré leurs attaques sur lui, affirmant que son ambitieux programme de gauche, symbolisé par son projet de Medicare for All qui remplacerait les assurances santé privées, condamnerait le parti à une "catastrophe" électorale.

Mais la dernière livraison du sondage Reuters/Ipsos montre qu'une dynamique portant le sénateur du Vermont s'est bel et bien installée en ce début de marathon des primaires.

Tout proche de la victoire dans l'Iowa, vainqueur d'une courte tête dans le New Hampshire et triomphateur dans le Nevada, Sanders voit sa cote progresser parmi l'électorat démocrate.

L'enquête nationale menée entre les 17 et 25 février montre que 26% des démocrates et indépendants jugent désormais qu'il est le mieux à même de battre Donald Trump. Il devance de six points l'ancien maire milliardaire de New York Michael Bloomberg (20%) et de neuf l'ex-vice-président de Barack Obama, Joe Biden (17%).

Le revirement est spectaculaire: un mois plus tôt, ils étaient 27% à penser que Biden était le mieux placé pour s'imposer face à Trump contre 17% seulement pour Sanders.

BATTRE LE RAPPEL DES ÉLECTEURS DÉMOCRATES

Dans le Nevada, l'adversaire malheureux d'Hillary Clinton en 2016 a démontré sa capacité à dépasser sa base traditionnelle: il est arrivé en tête dans la plupart des catégories de genre, d'âges, de revenus et a attiré une majorité d'électeurs hispaniques. Deux exceptions notables: les plus de 65 ans et l'électorat afro-américain.

Mais là encore, la donne pourrait changer: le même sondage Reuters/Ipsos le donne désormais et pour la première fois devant Biden auprès de l'électorat noir du parti.

La primaire de samedi en Caroline du Sud aura à cette aune valeur de test: les Afro-Américains constituent 60% environ de l'électorat démocrate dans cet Etat du Sud. Trois jours plus tard, le "Super Tuesday" du 3 mars pourrait permettre à Sanders de se détacher inexorablement dans la course à l'investiture.

Jusqu'à présent, il a profité à plein de la fragmentation du vote modéré, qui s'est réparti sur trois candidats (Joe Biden, Pete Buttigieg, l'ancien maire de South Bend dans l'Indiana, et la sénatrice Amy Klobuchar). Bloomberg, qui a fait l'impasse sur les quatre premières étapes de primaires, s'alignera à partir du 3 mars.

Face aux attaques de ses rivaux, Bernie Sanders affirme que l'enthousiasme suscité par sa campagne se traduira par un bond de la participation au scrutin du 3 novembre. Lui et lui seul, dit-il, est capable de mobiliser les jeunes et les électeurs qui se sont éloignés des urnes ces derniers temps.

Lors du débat télévisé mardi à Charleston, il a par ailleurs estimé que ses adversaires faisaient fausse route en dénonçant la prétendue radicalité de ses idées. "Elles ne le sont pas. Sous une forme ou sous une autre, elles existent dans des pays du monde entier", a-t-il dit.

"La santé est un droit humain", a-t-il ajouté. "Et nous avons la nécessité, l'impératif moral, de faire face à la menace existentielle que représente le changement climatique."

"CHOISIR ENTRE UN SOCIALISTE ASSUMÉ ET UN ASPIRANT DICTATEUR"

A l'image de ses rivaux dans la primaire démocrate, plusieurs parlementaires démocrates élus lors des élections de mi-mandat en 2018 dans des circonscriptions penchant plutôt du côté républicain s'inquiètent pour leur réélection.

"J'entends les électeurs de ma circonscription dire qu'ils ont peur de devoir choisir entre un socialiste assumé et un aspirant dictateur", rapporte Stephanie Murphy, représentante démocrate de Florida et co-présidente de la Blue Dog Coalition, un groupe d'élus démocrates modérés. "Aucun Américain ne devrait avoir à faire ce choix."

L'équipe de campagne de Bloomberg a diffusé des sondages montrant que dans 42 des circonscriptions les plus vulnérables actuellement représentées par des démocrates au Congrès, les électeurs préféreraient Trump à Sanders.

Mais la sénatrice Kirsten Gillibrand, qui s'est retirée l'an dernier de la course à l'investiture démocrate, souligne elle que "pour l'emporter dans ces circonscriptions rouges (ndlr, la couleur du Parti républicain) ou violettes (mélange du rouge républicain et du bleu démocrate), le plus important, c'est de compter sur des gens qui vous aiment ou qui sont prêts à se battre pour vous".

"Il vous faut de la passion, et ce que Bernie a démontré jusqu'à présent, c'est qu'il y a beaucoup de passion dans sa campagne", a-t-elle ajouté sur MSNBC.

(avec Richard Cowan, Julio-Cesar Chavez, Trevor Hunnicutt et Simon Lewis; version française Henri-Pierre André, édité par Jean-Stéphane Brosse)