Dassault évoque un "plan B" en cas d'échec du projet d'avion de combat du futur

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Dassault a un plan b en cas d'echec du projet d'avion de combat du futur, dit le pdg du groupe[reuters.com]
(Crédits : Denis Balibouse)

par Tim Hepher et Tangi Salaün

PARIS (Reuters) - Dassault Aviation aurait un "plan B" en cas d'abandon du projet d'avion de combat du futur, qui fait l'objet d'âpres négociations entre la France, l'Allemagne et l'Espagne, a déclaré vendredi le PDG du constructeur aéronautique.

"Un chef d'entreprise a toujours en tête un plan B. Il fait tout pour la réussite du plan A, tout. Mais le jour où le plan A ne marche pas, il lui faut un plan B", a souligné Eric Trappier pendant une conférence de presse après la présentation des résultats financiers de Dassault.

"Je ne crois pas que le processus vital (du projet SCAF) est engagé mais je ne vais pas vous dire que le malade n'est pas dans un état difficile", a-t-il ajouté.

Eric Trappier a annoncé que Dassault avait accepté de réduire à 33% sa part globale dans le projet de Système de combat aérien du futur (SCAF), par "souci d'égalité" avec ses partenaires allemands et espagnols.

Paris et Berlin s'étaient entendus en 2019 sur un partage des tâches à 50%-50% entre Dassault, désigné maître d'oeuvre en raison de son expertise, et Airbus, qui représentait à l'époque la seule partie allemande.

Mais les négociations ont été rouvertes après l'arrivée de Madrid et de nouvelles exigences de Berlin, les discussions portant notamment sur le partage du travail et les droits de propriété intellectuelle, alors que les trois pays doivent s'entendre sur le financement d'un démonstrateur de l'appareil destiné à remplacer le Rafale à l'horizon 2040.

"ON Y CROIT ENCORE"

"Dassault a accepté qu'Airbus ait une part des deux tiers parce qu'il représente à la fois l'Allemagne et l'Espagne", a déclaré Eric Trappier, en précisant que cela ne signifiait pas que ce partage devait s'appliquer de la même manière à tous les aspects du projet.

La France, qui est consciente de ne pas pouvoir assumer seule le coût financier exorbitant du SCAF, insiste notamment pour conserver le contrôle de la fabrication des commandes de vol, rappelant qu'Airbus a développé cette compétence dans ses usines à Toulouse, et non en Allemagne.

Le PDG de Dassault a reconnu que les négociations étaient difficiles mais il a dit avoir bon espoir qu'elles aboutissent.

"On y croit encore. On croit qu'on est encore capable d'y arriver", a assuré Eric Trappier, précisant ne pas vouloir se laisser enfermer dans un calendrier électoral, alors que l'actuel Bundestag allemand tiendra sa dernière session en juin avant des élections à l'automne.

Le PDG de Dassault a par ailleurs affirmé qu'une fusion entre le SCAF et un projet concurrent, le Tempest, développé par la Grande-Bretagne, l'Italie et la Suède, n'était pas à l'ordre du jour, quand bien même les voix sont nombreuses en France à souhaiter un tel rapprochement.

Dans une tribune publiée lundi, le groupe de réflexion Mars, réunissant des experts de la défense, a appelé le gouvernement français à ne pas "persévérer dans l'erreur" en voulant à tout prix faire aboutir le projet du SCAF "si les revendications fantaisistes de Berlin devaient perdurer".

Une manière d'accentuer la pression politique sur Emmanuel Macron alors que le président français veut faire de la coopération avec l'Allemagne un pilier de la politique européenne de défense qu'il appelle de ses voeux.