Accélération du variant Delta : le Conseil scientifique avance ses nouvelles mesures anti-Covid

Par latribune.fr  |   |  744  mots
Alors qu'il y a dix jours, le variant Delta représentait "20% des nouveaux cas" de Covid-19, il "n'était pas loin de 50%" des nouveaux cas de contamination jeudi soir, a indiqué Olivier Véran. (Crédits : Christian Hartmann)
Dès ce weekend, le variant Delta sera probablement majoritaire en France, a estimé Olivier Véran. La progression de ce variant, 60% plus contagieux que les souches précédentes, rapproche l'arrivée d'une quatrième vague de Covid-19. Le Conseil scientifique a donné une série de recommandations pour faire barrage.

Le variant Delta, qui a fait son apparition en Inde en avril, progresse à vitesse grand V en France. Alors qu'il y a dix jours, il représentait "20% des nouveaux cas" de Covid-19, il "n'était pas loin de 50%" des nouveaux cas de contamination jeudi soir, a indiqué Olivier Véran.

"Il est en train progressivement de remplacer toutes les autres souches du coronavirus qui existaient et il sera bientôt majoritaire, probablement ce weekend, dans notre pays", a ajouté le ministre de la Santé.

Avant de probables annonces d'Emmanuel Macron la semaine prochaine, le Conseil scientifique a réclamé vendredi un tour de vis pour faire barrage au variant Delta, notamment la vaccination obligatoire des soignants et des mesures de restrictions localisées dans les zones les plus touchées, au besoin dès cet été.

Il recommande aussi : un abaissement de la jauge (actuellement fixée à 1.000 personnes) pour les événements soumis à un pass sanitaire (vaccination ou test négatif) et des "mesures partielles de restrictions" dans les territoires les plus touchés, "y compris en juillet et août et dans des zones de vacances comme cela a été réalisé récemment au Portugal".

L'instance évoque aussi la possibilité d'un pass vaccinal pour accéder par exemple aux restaurants, activités culturelles ou sportives, ce qui permettrait de limiter les restrictions sanitaires en cas de quatrième vague.

Déjà-vu

Dans son dernier point, Santé Publique France déplore effectivement une "dégradation de la situation, après plusieurs semaines d'amélioration des indicateurs" (jeudi soir, on comptait 4.442 nouvelles contaminations, 70% de plus qu'une semaine plus tôt), et note une "augmentation marquée du taux d'incidence particulièrement chez les 15/44 ans".

"Il se passe un phénomène assez proche de ce que l'on a connu l'été dernier : le virus touche essentiellement des personnes jeunes, qui font peu de formes graves mais se contaminent", a confirmé le ministre.

Aussi, le conseil scientifique avertit, dans son avis paru vendredi, qu'une "quatrième vague liée au variant Delta pourrait survenir rapidement, avec un retentissement sur le système de soins, malgré un niveau élevé de vaccination", jugé toutefois "insuffisant".

"L'épidémie ne pourra être contrôlée qu'avec 90% à 95% de personnes vaccinées ou infectées", met en garde l'instance.

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Une vaccination au ralenti

Mais pour l'heure, la propagation du virus va plus vite que la vaccination.

"Chaque semaine il y a environ 50% de contaminations de plus que dans la semaine précédente".

La France voit en effet son rythme de vaccination s'essouffler. Jeudi soir, on comptait 52% de Français vaccinés avec une première dose et 39% complètement. Le gouvernement vise les deux tiers des adultes complètement vaccinés à fin août.

De nouvelles mesures centrées sur la vaccination

Face à cela, le sujet de la vaccination obligatoire fait de plus en plus débat. L'Association des maires ruraux s'est exprimé hier en faveur et appelle à la rendre obligatoire "pour tous", rejoignant ainsi l'avis de la Haute Autorité de Santé.

Concernant une possible obligation vaccinale des soignants, aucune décision n'a été prise pour le moment, a précisé le ministre. Néanmoins, Olivier Véran et plusieurs organisations professionnelles de santé ont signé mercredi une déclaration commune dans laquelle ils se disent favorables à une obligation vaccinale des professionnels de santé sous certaines conditions.

Selon le Conseil scientifique, cette obligation "pourrait être étendue à d'autres catégories", comme les "aidants", "les services à la personne" et d'autres professionnels non sanitaires.

De son côté, la ministre du Travail Elisabeth Borne doit recevoir ce vendredi les partenaires sociaux pour évoquer avec eux le sujet, et aborder la question des sanctions disciplinaires en cas de refus, a-t-elle annoncé hier. Tandis que Jean Castex a sollicité associations d'élus et présidents de groupes parlementaires pour recueillir leur avis sur la vaccination obligatoire des soignants, mais également sur "l'extension du champ d'application du pass sanitaire" et des "mécanismes d'incitation à la vaccination", ainsi que sur "la question du renforcement des obligations d'isolement" des malades du Covid.

D'après des modélisations de l'Institut Pasteur, même avec un taux de vaccination de 30% chez les 12/17 ans, 70% chez les 18 à 59 ans, 90% pour les plus de 60 ans, "un pic d'hospitalisations, similaire au pic de l'automne 2020, pourrait être observé, en l'absence de mesures de contrôle".

(Avec agences)