Âge de départ à la retraite : « J’ai le sentiment que ce sera 64 ans, c’est inacceptable » (Laurent Berger CFDT)

Par latribune.fr  |   |  1002  mots
Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, se dit déterminé « à ne pas laisser passer une réforme qui va d'abord impacter les plus modestes ». (Crédits : Reuters)
La CFDT se mobilisera « en cas de relèvement à 64 ou 65 ans de l'âge légal de départ à la retraite », prévient son secrétaire général, Laurent Berger, à sa sortie d'un rendez-vous à Matignon. Pour lui, un relèvement à 64 ans semble se dessiner a-t-il dit ce mardi sur RTL, un niveau jugé « inacceptable ». De son côté, François Hommeril, le président de la CFE-CGC qui défend les intérêts des cadres, a lui aussi expliqué que la réforme n'était « pas justifiée » et « injuste » pour certains. En revanche, le président de Confédération des PME (CPME), François Asselin, a salué un projet de réforme des retraites « équilibré ».

Si Elisabeth Borne pensait offrir des gages aux syndicats de salariés en soulignant que « l'âge de départ à la retraite à 65 ans n'est pas un totem », elle doit sans doute être inquiète aujourd'hui après la réaction de plusieurs syndicats reçus mardi à Matignon. Laurent Berger, après sa rencontre, secrétaire général de la CFDT, s'est ainsi dit déterminé «  à ne pas laisser passer une réforme qui va d'abord impacter les plus modestes ». D'autant plus que même un report à 64 ans ne passera pas.

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« Une des mesures les plus dures de ces trente dernières années » (CFDT)

Mais « la CFDT ne sort pas en disant "on a fait plier la Première ministre" », a dit Laurent Berger après son entrevue avec la cheffe du gouvernement. « Je le dis ici et je l'ai dit à la Première ministre : s'il y a un report de l'âge légal de départ en retraite à 64 ou 65 ans, la CFDT se mobilisera pour contester cette réforme », a martelé devant la presse le numéro un de la centrale réformiste. Sur RTL, ce mardi, il ne s'est pas dit désabusé par cette rencontre et a parlé de statu quo. Son sentiment, « ce sera 64 ans, qui est un aussi report brutal. 64 ans, c'est inacceptable pour nous ». Il a aussi estimé que « si le système des retraites était menacé en 2003 et 2010, il ne l'est pas aujourd'hui ».

Pour rappel Laurent Berger déclarait début décembre : « On nous parle de 100 milliards d'euros de déficit sur dix ans. Mais dans le même temps, 3 600 milliards d'euros seront versés sur dix ans. Le déficit est donc de 3 %. Il n'y a aucune raison de s'inquiéter. On peut faire autrement. »

Le responsable de la CFDT a jouté ce matin sur RTL : « Contrairement à ce qu'a dit le président de la République lors de ses vœux, cette réforme, telle qu'elle se profile, ce n'est pas une réforme qui rendra le système plus juste, c'est une réforme qui rendra le système plus injuste et qui n'est pas nécessaire aujourd'hui (...)  Pour autant ce gouvernement s'apprête à prendre les mesures les plus dures de ces trente dernières années dans une réforme des retraites ». Pour le responsable syndical, au micro de RTL , « ce sera une taxe sur les travailleurs modestes » et même « ceux qui ont des carrières longues partiraient à 62 ans et non plus à 60 ans ».

Le responsable cédétiste a aussi déploré n'avoir « pas eu beaucoup d'éclaircissements » sur d'autres points de la réforme, comme l'emploi des seniors, les carrières longues, la pénibilité et le minimum contributif. « Il faut un peu de contraintes pour les entreprises afin d'améliorer le taux d'emploi des seniors ». Or, selon nos informations, Elisabeth Borne a justement l'intention d'imposer un index aux entreprises.

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Voyant les rencontres bilatérales avec les partenaires sociaux comme un « dernier tour de piste » avant la présentation de la réforme prévue le 10 janvier, Laurent Berger s'est dit d'ores et déjà « déterminé » à appeler « les salariés à se mobiliser » dans la rue, en lien avec les autres syndicats.

« Une voiture sans moteur » mais « avec des sièges en cuir » (CFE-CGC)

Reçu également à Matignon mardi, le président de la CFE-CGC, qui défend les intérêts des cadres, François Hommeril a lui aussi expliqué que la réforme n'était pas « justifiée » et « injuste » pour certains. Si la Première ministre « propose un certain nombre de mesures », telles qu'un « suivi renforcé plus important de la population par la médecine du travail dans l'entreprise à partir d'un certain âge », « nous ne sommes pas tout à fait sur la même planète », lui a-t-il expliqué. « La Première ministre est en situation de quelqu'un qui vous vend une voiture sans moteur, quand vous lui faites remarquer qu'il n'y a pas de moteur dans la voiture elle vous dit « oui, mais j'ai mis les sièges en cuir », a-t-il imagé.

En début de soirée, le secrétaire général de FO, Frédéric Souillot, a affiché la même détermination, promettant une mobilisation « importante », alors qu'une « majorité de Français est contre un recul de l'âge de départ, ça veut dire grèves, manifestations et puis les assemblées générales décideront de la reconduction ».

Quant à la gauche, elle a vivement réagi après les propos de la Première ministre et sa volonté de « compromis ». « Le départ à 65 ans n'est pas un totem » selon Élisabeth Borne. Pour mieux faire avaler un départ à 64/63 ans avec le soutien des LR ? Ils avaient fait la même diversion en 2019 en retirant l'âge pivot. Pour nous et la majorité des Français, c'est NON », a tweeté Clémentine Autain, députée de la France Insoumise.

Un « projet équilibré » pour la Confédération des PME

En revanche, le président de Confédération des PME (CPME) François Asselin a salué mardi un projet de réforme des retraites « équilibré », à la suite de son entrevue avec Elisabeth Borne. « Ce projet de réforme est un projet équilibré » à partir du moment où parallèlement au relèvement de l'âge du départ en retraite « on prend en compte les carrières longues, on prend en compte les métiers qui physiquement sont plus exposés que d'autres ». il ajoute : « avoir un minimum contributif de l'ordre de 85% du Smic, nous y sommes favorables, d'autant plus si nous arrivions à faire en sorte que les indépendants, donc beaucoup de chefs d'entreprise, soient aussi concernés par ces mesures ».

D'autres organisations syndicales seront reçues ce mardi.