Les derniers instants du concert au Bataclan

Par latribune.fr  |   |  1631  mots
Le parquet a ouvert une enquête pour assassinats en relation avec une entreprise terroriste sur ces attaques.
Les six attaques qui ont ensanglanté Paris et l'Île-de-France, vendredi soir, ont fait 129 morts et 352 blessés. L'état d'urgence a été décrété et un renforcement des contrôles aux frontières a été mis en place. François Hollande a évoqué "un acte de guerre" commis par Daech. L'organisation terroriste a d'ailleurs revendiqué les attentats.

Publié le 14/11/2015 à 07:36. Dernière mise à jour: le 15/11/2015 à 11:39.

"Horreur" et scènes de guerre, le soir du vendredi 13 novembre à Paris qui a connu plusieurs attaques terroristes sans précédent. Revue de détail des faits connus et des premières mesures prises par le gouvernement en réaction à ces attaques.

Au moins 129 morts et 352 blessés

Ces attaques ont fait 129 morts, selon le procureur de Paris. En outre, 300 personnes sont prises en charge dans les hôpitaux de l'AP-HP comme le rapporte Le Monde. Quatre-vingts sont en situation d'"urgence absolue" (pronostic vital engagé, Ndlr), 177 sont en situation d'urgence relative, 43 personnes impliquées (témoins ou proche) ont été prises en charge et 53 sont sorties. Au total, souligne le procureur de Paris, 352 personnes ont été blessées.

Au total, six attaques quasi simultanées ont été menées dans autant de sites, principalement dans les Xe et XIe arrondissements, avec de lourds bilans - toujours provisoires - en particulier rue de Charonne (19 morts) et rue Alibert (au moins 12 morts).

Le Bataclan, où se tenait un concert de métal, a été le théâtre de l'attaque la plus sanglante.

Au moins trois explosions ont retenti aux alentours du Stade de France vers 21h20 pendant que 80.000 personnes dont François Hollande assistaient au match amical de football France-Allemagne. Le public a été d'abord confiné puis évacué à la fin du match. Selon des sources policières, les déflagrations ont eu lieu dans un restaurant McDonald's et une brasserie.

Sept assaillants morts

"Sept terroristes sont morts au cours de leur action criminelle", et non huit comme indiqué jusque là, a détaillé le procureur de Paris samedi en fin d'après-mdi, dont six se sont fait exploser. Le communiqué de l'Etat islamique (EI) revendiquant l'attaque mentionnait une action menée par "huit frères portant des ceintures explosives et armés de fusils d'assaut (...)". Il y avait "très vraisemblablement trois équipes de terroristes" au total, a-t-il souligné.

Selon le procureur, les "terroristes" qui ont perpétré l'attaque de la salle de spectacle du Bataclan à Paris ont évoqué la Syrie et l'Irak.

D'après le procureur, un des auteurs de la prise d'otage du Bataclan a été formellement identifié. Il est né en novembre 1985 en banlieue parisienne.

De nationalité française, il "est connu pour des délits de droit commun puisque son casier judiciaire porte mention de huit condamnations entre 2004 et 2010". Il avait fait l'objet en 2010 d'une fiche de renseignement pour radicalisation "mais n'avait jamais été impliqué dans un dossier de filière ou d'association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", selon le procureur.

A proximité de l'un des trois kamikazes qui se sont faits exploser au Stade de France "a été découvert un passeport syrien au nom d'un individu né en septembre 1990 en Syrie", a-t-il ajouté, mais cet homme "n'était pas connu de services de renseignement français".

L'Etat islamique revendique la série d'attentats

L'Etat islamique a revendiqué samedi dans un communiqué officiel la responsabilité des attentats. L'organisation  djihadiste précise que l'opération avait été soigneusement préparé, précisant que des attaques visaient à démontrer que la France demeurera une cible privilégiée tant qu'elle poursuivra la même politique au Moyen-Orient.

Dans ce texte, le groupe islamique précise que ces attaques meurtrières constituaient la réponse aux insultes faites au prophète Mahomet et aux bombardements menés par l'armée de l'air française contre les territoires tenus par l'EI en Syrie en Irak.

Par ailleurs, un passeport syrien a été retrouvé près du corps d'un des trois kamikazes qui se sont fait sauter vendredi soir près du Stade de France, a appris Reuters de sources proches de l'enquête.  Ce dernier est passé par la Grèce en octobre, a annoncé le vice-ministre grec chargé de la police.

Un peu plus tôt dans la journée, l'Etat islamique avait rediffusé une vidéo mise en ligne il y a un an sur internet, où il menaçait la France de nouveaux attentats si les raids aériens se poursuivaient en Syrie et en Irak.

État d'urgence décrété

Dans une allocution télévisée, le chef de l'État avait déclaré l'état d'urgence dès samedi 00h "sur le territoire métropolitain et en Corse" pour douze jours d'après le décret daté de samedi paru au JO.

COP21 maintenue

En outre, la  France a renforcé vendredi ses aux frontières pour un mois afin de sécuriser l'entrée sur le territoire dans le cadre de la conférence de Paris sur le climat (COP21) qui se tiendra du 30 novembre au 11 décembre au Bourget.La conférence climat de Paris sera toutefois maintenue mais avec une sécurité renforcée, a annoncé Laurent Fabius. Barack Obama y participera comme prévu.

L'Élysée a également annoncé la mobilisation de "1.500 militaires supplémentaires".

    Lire >> Hollande décrète l'état d'urgence

Par ailleurs, dans un communiqué, samedi 14 novembre, le ministère de l'Intérieur recommande aux "personnes qui se trouvent à leur domicile, chez des proches ou dans des locaux professionnels en Île-de-France d'éviter de sortir sauf nécessité absolue".

Protection des ambassades françaises renforcées

La protection des ambassades, des instituts et des lycées français à l'étranger va être renforcée, a déclaré samedi le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius.

Trois jours de deuil national

Trois jours de deuil national ont été décrétés.

Les manifestations sur la voie publique interdites pendant cinq jours

Les manifestations sur la voie publique sont interdites à Paris et départements limitrophes jusqu'à lundi car "les forces de sécurité intérieure" sont mobilisées pour "assurer la sécurisation générale de l'agglomération", selon l'arrêté signé par le préfet de police.

Enquête pour assassinats en relation avec une entreprise terroriste

Le parquet a ouvert une enquête pour assassinats en relation avec une entreprise terroriste sur les attaques, les plus meurtrières en Europe occidentale de ces quarante dernières années après les attentats de Madrid en mars 2004. L'enquête devra établir s'il y a encore "des complices ou coauteurs dans la nature", a indiqué le procureur de Paris François Molins.

G20 annulé pour Hollande

François Hollande a décidé d'annuler sa participation au sommet du G20 prévue ce week-end en Turquie. Il  sera représenté au G20 par les ministres des Affaires étrangères et de l'Économie, Laurent Fabius et Michel Sapin.

Le président iranien reporte son voyage en France

Le président iranien Hassan Rohani a condamné les attentats en France en les qualifiant de "crimes contre l'humanité". Il a par ailleurs reporté sa tournée en Italie et en France qu'il devait entamer ce samedi.

Compétitions annulées, sites et magasins fermés

L'ensemble des compétitions sportives prévues samedi et dimanche dans la région parisienne ont été suspendues. Par ailleurs, le parc d'attractions Disneyland Paris, situé à l'est de Paris, reste fermé samedi, "en solidarité" avec les victimes des attentats.

Les établissements publics culturels d'Ile-de-France (musées, salles de spectacle...) sont fermés samedi et dimanche .

La Tour Eiffel, qui n'a pas été ouverte samedi est également fermée jusqu'à nouvel ordre.

En outre, après avoir ouvert quelques heures samedi matin, plusieurs grands magasins ont fermé à la demande de la préfecture.

A l'instar des des Galeries Lafayette Haussmann ou du BHV Marais, NP Paribas et la Société générale ont annoncé avoir fermé certaines de leurs agences bancaires situées dans le périmètre des attaques meurtrières.

    Lire >> Attentats à Paris : quels sont les dispositifs de sécurité adoptés par les magasins ?

Grèves suspendues

Conséquence des attentats, le premier syndicat des contrôleurs aériens, le SNCTA, a suspendu samedi son préavis de grève prévu pour mardi, face "à la gravité de la situation". Les contrôleurs aériens étaient appelés à faire grève à partir de mardi, entre 05H30 et 08H30, pour des revendications salariales et sur les conditions de travail.

Même son de cloche du côté des médecins libéraux. Les principaux syndicats de la profession ont appelé à mettre fin à la grève qui avait démarré vendredi contre le projet de loi de santé, par  "solidarité" avec les victimes des attentats.

Six personnes interpellées

Six personnes ont été placées en garde à vue dans le cadre de l'enquête sur les attentats de Paris, dont le père, un frère et quatre personnes de l'entourage d'un kamikaze identifié sur le site du Bataclan, a-t-on appris dimanche de sources judiciaire et policière.

Une source proche de l'enquête a par ailleurs confirmé l'information d'Europe 1 selon laquelle la voiture de marque Seat utilisée par l'un des commandos avait été retrouvée à Montreuil.
 Lors d'une conférence de presse samedi soir, le procureur de Paris François Molins avait annoncé que l'un des assaillants du Bataclan avait été formellement identifié.

Il est connu de la justice pour des délits de droit commun mais n'a jamais été incarcéré.
 Il a fait l'objet d'une fiche "S" en 2010 pour radicalisation mais n'a jamais été impliqué dans des filières djihadistes, avait précisé le procureur de Paris.