Attractivité : la France regagne une partie du terrain perdu

Par Fabien Piliu  |   |  824  mots
Les investissements directs étrangers en France ont fait un bond de 30% en 2016 selon le Baromètre de l'attractivité du cabinet EY.
Le nombre de projets d'investissements étrangers a fait un bond de 30% entre 2015 et 2016, selon le Baromètre de l'Attractivité d'EY. La France est désormais réputée pour son écosystème entrepreneurial et sa capacité à innover. Plusieurs handicaps doivent être encore corrigés pour rivaliser avec l'Allemagne et le Royaume-Uni.

Le quinquennat de François Hollande se termine mieux qu'il n'a commencé. Nombreux sont les indicateurs sont actuellement dans le vert. Ainsi, au premier trimestre, pour la première fois depuis 2012, le taux de chômage est repassé sous la barre des 10%. Porté par une consommation solide et une reprise confirmée de l'investissement, le PIB a continué de progresser à un rythme acceptable et il devrait s'accélérer entre avril et juin. Bonne surprise, cette dynamique s'accompagne d'une reprise des investissements étrangers (IDE) en France.

En effet, selon le Baromètre de l'attractivité d'EY, le nombre de projets a fait un bond de 30% entre 2015 et 2016 pour s'élever à 779, permettant de conserver sa troisième place au niveau européen, loin derrière l'Allemagne (1.063 projets, en hausse de 12% sur la période) et surtout le Royaume-Uni (1.144, +7%). Au total, ces 779 projets ont permis la création de 16.908 emplois en France. Rappelons que dans le secteur marchand, une personne sur huit travaille pour un groupe étranger installé en France.

Un phénomène de rattrapage

"Deux explications peuvent être avancées. La France profite d'un phénomène de rattrapage après plusieurs années décevantes au cours desquelles un certain nombre de projets ont été gelés. Elle bénéficie également de la dynamique européenne. Entre 2015 et 2016, les IDE ont progressé de 15% en Europe pour s'élever à 5.845 ", précise Marc Lhemitte, associé chez EY Advisory.

"La satisfaction à l'égard du site France retrouve son niveau d'avant-crise, notamment parce que l'écosystème entrepreneurial et la capacité d'innover de la France sont désormais davantage reconnus au niveau international", poursuit-il.

Deux secteurs tirent leur épingle du jeu : les fonctions tertiaires et commerciales ainsi que la logistique. Et l'industrie ? La France reste la première destination des IDE manufacturiers, avec 212 projets industriels - un nombre stable -, loin devant le Royaume-Uni (160, -13%).

Un bémol, les projets sont de petite taille, et pas seulement dans l'industrie. En moyenne, seuls 22 emplois sont créés. Des projets géants comme celui de Toyota à Valenciennes en 1997 est-il encore envisageable ? "Pour l'instant, il n'y a rien dans les tuyaux. Impossible de prédire l'avenir", explique Marc Lhermitte. En moyenne, en Europe, chaque projet d'IDE entraîne la création de 44 postes.

Une tendance lourde ?

Et après ? La victoire d'Emmanuel Macron à l'élection présidentielle est-elle de nature à transformer cette reprise des IDE en tendance lourde ? C'est largement envisageable, à condition que le président de la République applique son programme à la lettre, sachant que la perception de la fiscalité, la complexité administrative et les rigidités du marché du travail restent très négatives. Notons que l'attractivité fut un sujet majeur pour une partie de l'exécutif. Emmanuel Macron relança les Conseils de l'attractivité créés par Christine Lagarde lorsqu'il fut secrétaire général adjoint de l'Elysée ; Muriel Pénicaud, la nouvelle ministre du Travail était jusqu'à mercredi à la tête de Business France ; quant à Edouard Philippe, dans le sillage d'Antoine Rufenacht, son prédécesseur à la mairie du Havre, et Gérard Collomb à Lyon, ils ont beaucoup œuvré pour attirer les investisseurs dans leurs municipalités.

Alors que les négociations ont à peine commencé et qu'elles ne s'achèveront pas avant 2019, le Brexit peut-il profiter à l'Hexagone ? Selon le baromètre EY, 14% des entreprises internationales implantées au Royaume-Uni envisagent de relocaliser tout ou partie de leurs activités. Pour l'instant, c'est l'Allemagne qui semble la destination privilégiée, 60% des personnes interrogées citant notre puissant voisin et concurrent comme première alternative. La France recueille 40% des suffrages, contre 21% pour l'Espagne mais également l'Italie et les Pays-Bas.

La France peut également compter sur ses atouts. Nombreux si l'on en croit le Baromètre d'EY. De fait, 50% des personnes interrogées ont cité sa capacité d'innovation et de recherche. Ce pourcentage est en hausse de 13 points par rapport à 2015. Viennent ensuite son rayonnement touristique (35%), son accessibilité internationale et ses infrastructures (29%), sa capacité à accompagner l'entrepreneuriat (22%) et ... les récentes réformes en matière de compétitivité (20%).

Paris ne concentre pas tous les regards

" La French tech est clairement une marque reconnue au niveau mondial ", constate Marc Lhermitte. Et tant pis si les efforts du gouvernement pour promouvoir la French tech à Las Vegas ou ailleurs ne sont pas réellement accompagnées de mesures fortes pour stimuler le développement des startups. Un exemple : les business angels français souffrent d'un environnement fiscal bien moins favorable qu'au Royaume-Uni, ce dont pâtissent les startups tricolores.

A noter, Paris ne concentre pas la totalité des projets, loin s'en faut. "Plus des deux tiers des investissements industriels par exemple vont dans des villes moyennes et des territoires ruraux, qui sont certes frappés par la désindustrialisation, mais également la cible des investisseurs étrangers, notamment parce que le savoir-faire de la main-d'œuvre locale y est reconnu", avance Marc Lhermitte.

*Un graphique de notre partenaire Statista