"Il ne suffit pas de communiquer pour améliorer le marketing de la France"

Dans un entretien accordé à La Tribune, Marc Lhermitte, associé EY et auteur du baromètre sur l’attractivité de la France, explique la perte de vitesse de l'Hexagone par rapport à ses concurrents dans la course aux investissements directs étrangers.
"La France s'est laissée distancée en 2015. Alors que le nombre de projets d'investissements étrangers (IDE) a progressé de 14% en Europe, pour s'élever à 5.083, la France a vu le nombre de projets reculer de 2% l'année dernière", explique Marc Lhermitte..

La Tribune - La France est-elle toujours attractive ?

Marc Lhermitte - Elle s'est laissée distancée en 2015. Alors que le nombre de projets
d'investissements étrangers (IDE) a progressé de 14% en Europe, pour s'élever à 5.083, la France a vu le nombre de projets reculer de 2% l'année dernière.

Quel est l'impact des IDE en termes d'emplois ?

Alors que le nombre de projets d'IDE a reculé, le nombre d'emplois créés a augmenté, passant de 12.579 à 13.639 entre 2014 et 2015. Soit une progression de 8%. C'est une bonne nouvelle. Toutefois, il convient de rappeler que les emplois créés ont fait un bond de 17% sur la période en Europe.   

Quels sont nos concurrents ?

Le Royaume-Uni a accueilli 1.065 projets l'année dernière, contre 887 en 2014. L'Allemagne affiche 946 implantations, contre 870 l'année précédente.

Les incertitudes liées au Brexit n'inquiètent donc pas les investisseurs ?

Les projets ayant abouti en 2015 ont été décidés en 2012 ou 2013. A cette époque, la question d'une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne ne se posait pas. En revanche, seuls 23% des dirigeants que nous avons interrogé indiquent envisager un nouveau projet au Royaume-Uni d'ici un an. C'est un pourcentage comparable à celui observé pour la destination France (24%).  

La France reste-t-elle la première destination des IDE industriels ?

Oui, comme en 2014. Elle a accueilli 212 implantations d'usines l'année dernière. A titre de comparaison, le Royaume-Uni et l'Allemagne n'affichent respectivement que 183 et 142 projets industriels.

Qui investit en France ? Les grands groupes ?

Bien entendu. Mais pas seulement. Les ETI représentent d'un tiers des projets d'IDE et 43% des emplois créés.

La France a-t-elle perdu la bataille des sièges sociaux et des centres de décision ?

Clairement, et au bénéfice du Royaume-Uni qui a accueilli 150 projets de ce type l'année dernière, contre 57 en 2014. Seuls 11 états-majors se sont installés en France en 2015, comme en 2014. Les nouvelles entreprises préfèrent le Grand Londres et plus globalement le Royaume-Uni que la France. Manchester, Coventry ou encore  Newcastle arrivent à tirer leur épingle du jeu, notamment grâce une politique marketing sur le sujet de l'attractivité très agressive. Nos amis anglais ont su forger une image du Royaume-Uni très avantageuse. Pour les investisseurs, tout est plus facile, plus simple,
plus rapide au Royaume-Uni. L'Allemagne nous distance également, avec 48 projets contre 23 un an plus tôt.

Quelles sont les faiblesses du site France ?

Les perceptions des investisseurs varient peu. Le niveau des charges et des coûts salariaux, le niveau des charges fiscales de l'entreprise, la flexibilité du droit du travail sont les faiblesses principalement citées.  

Pourtant, des avancées ont été réalisées dans ces domaines !

C'est exact. Pourtant, les investisseurs semblent méconnaître les réformes récentes.

Le gouvernement communique mal ?

Le gouvernement communique de mieux en mieux mais il ne suffit pas de communiquer pour améliorer le marketing de la France, il faut améliorer le produit !

Dans ce tableau un peu sombre, quelles sont les bonnes nouvelles ?

Il y en a plusieurs, heureusement. La France reste la cinquième destination mondiale des centres de recherche et développement.

Le crédit impôt recherche reste notre atout-maître dans ce domaine ?

Oui, mais pas seulement. Le discours qui porte la French tech, le soutien à l'innovation et plus globalement à l'entrepreneuriat porte à l'étranger. La capacité d'innovation et de recherche de la France est l'atout el plus fréquemment cité par les dirigeants que nous avons interrogés. Viennent ensuite des spécificités sectorielles fortes et également sa capacité et à former des talents.

Commentaires 7
à écrit le 25/05/2016 à 6:26
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"Elle s'est laissée distancée" ... On est largués y compris sur la grammaire ;-)

à écrit le 24/05/2016 à 12:30
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les criteres cites sont effectivement les premiers a l'esprit mais que la france se rassure, nous, on n'oublie pas de faire la pub de la loi florange, du compte penibilite, de dailymotion, des autorisations administratives diverses qu'on doit obteni...

à écrit le 24/05/2016 à 11:34
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Il aurait été intéressant de connaître l'impact sur l'attractivité de la France des agissements de ceux qui sont capables de bloquer le pays quand quelque chose ne leur plait pas.

à écrit le 24/05/2016 à 11:30
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La différence se trouve dans les taxes cumulées depuis des années comme pour le pouvoir d'achat taxé avant d'acheter , il est normal que l'économie intérieur comme extérieur ne s'améliore pas, on peut faire toutes les lois possible sur l'emploi , mai...

à écrit le 24/05/2016 à 11:08
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Il est évident qu'un pays qui tolère qu'un syndicat néo stalinien qui ne représente qu'une part infime des salariés puisse se permettre de menacer de bloquer le pays en faisant bloquer quelques points névralgiques est mal parti dans la course à l'at...

à écrit le 24/05/2016 à 10:56
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Les sièges sociaux seraient pour l'essentiel à Paris. Donc il ne faut pas se leurrer, les mêmes causes qui font fuir actuellement les touristes de la capitale font fuir également les cadres sups étrangers: terrorisme, grèves, émeutes... Si j'étais am...

à écrit le 24/05/2016 à 9:08
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L'attractivité de la France n'a pas changé du point de vue social (qui était bien plus contraignant auparavant) mais se dégrade depuis son allégeance a Bruxelles et l'inadaptation des mesures misent en place! C'est le résultat des vases communicants...

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