Avant le Brexit, le déficit commercial se creuse encore en France

Par Grégoire Normand  |   |  696  mots
Au total, les exportations se sont repliées de 1%, à 42,5 milliards d'euros, après avoir bondi de 4,2% en décembre. (Crédits : Reuters/Benoit Tessier)
Le déficit commercial français s'est creusé en janvier pour atteindre 4,2 milliards d'euros, contre 3,6 milliards en décembre, en raison notamment d'un recul des exportations automobiles et des produits pétroliers raffinés, ont annoncé les douanes vendredi.

Le commerce extérieur français est loin d'avoir retrouvé des couleurs. Selon les derniers chiffres de l'administration des douanes publiés ce vendredi 8 mars, le déficit commercial s'est creusé au mois de janvier de 600 millions d'euros pour atteindre 4,2 milliards d'euros. Il a augmenté par rapport au déficit de décembre, qui a été révisé à 3,6 milliards d'euros en données corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrés (CVS-CJO), contre 4,7 milliards auparavant . Ces révisions sont liées à des changements méthodologiques précise l'administration de Bercy dans un communiqué. Au final, les exportations se sont repliées de 1% après leur fort rebond en décembre (4,2%), pour atteindre un total de 42,5 milliards d'euros. De leur côté, les importations ont ralenti à 0,4% contre 1,2% en décembre pour atteindre un montant de 46,7 milliards d'euros.

Cette semaine, l'OCDE a révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour la France à 1,3% en 2019 contre 1,5% en 2018. Le coup de frein prévu des grandes économies de la zone euro, notamment l'Italie et l'Allemagne, ne devraient pas tirer les exportations tricolores vers le haut. Enfin, les derniers rebondissements politiques au Royaume-Uni ont plongé les industriels dans le flou le plus total. La mise en oeuvre d'un Brexit sans accord entre le Royaume-Uni et l'Union européenne et l'application des règles de l'organisation mondiale du commerce (OMC) pourraient avoir des répercussions sur quelques secteurs stratégiques. Selon une récente interview accordée à La Tribune du directeur  du centre d'études prospectives et d'informations internationales (CEPII) Sébastien Jean :

"Les secteurs les plus directement touchés seraient ceux ayant des chaînes d'approvisionnement complexes et réparties entre le Royaume-Uni et le continent, comme l'aéronautique ou l'automobile. L'agriculture pourrait également être touchée, il s'agit d'un secteur sensible pour la France dans ce contexte, notamment s'agissant des produits laitiers (fromages notamment), de l'élevage, du vin et des préparations alimentaires."

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Les hydrocarbures ont plombé le déficit commercial

Les mauvais résultats du début de l'année s'expliquent en bonne partie par une dégradation du solde pour les hydrocarbures naturels "du fait du rebond marqué des approvisionnements [...] et d'un repli des livraisons". La détérioration de la balance commerciale est également très visible pour le pétrole raffiné, en raison d'un recul des ventes.

Du côté de l'industrie automobile, les chiffres se dégradent après une nette amélioration en décembre. "Cela s'explique par le repli partiel des exportations qui l'emporte sur la nouvelle baisse des importations." Les services des douanes soulignent que ce moindre dynamisme s'explique par une baisse des livraisons de véhicules à l'Union européenne en janvier, notamment à l'Allemagne, la Belgique, l'Italie et le Danemark. En revanche, l'excédent de la balance commerciale des produits aéronautiques et spatiaux a rebondi en début d'année après un repli partiel des importations. Au mois de janvier, les livraisons d'Airbus ont atteint 2,1 milliards d'euros pour 22 appareils contre 3,3 milliards d'euros pour 43 appareils en décembre.

Par zone géographique, le déficit avec les pays hors Europe s'est réduit à 3,29 milliards d'euros (3,70 milliards en décembre). Celui avec les autres pays de l'Union européenne s'est accru à 2,39 milliards (contre 1,69 milliard). Avec la seule zone euro, il s'est inscrit à 2,93 milliards contre 2,68 milliards un mois plus tôt.

Une balance des transactions courantes favorable

Les résultats de la balance des transactions courantes sont encourageants. Selon les données communiquées par la banque de France ce vendredi matin, le solde est excédentaire de 900 millions d'euros en janvier alors qu'il était déficitaire de 100 millions d'euros en décembre en statistiques corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrés. "Cette amélioration est principalement due à celle du solde des biens, dont le déficit se réduit de 1,4 milliard d'euros malgré la hausse de la facture énergétique, du fait de l'amélioration des échanges hors douanes. Le solde des services quant à lui continue à être excédentaire, à 2,7 milliards d'euros" souligne ministère de l'Économie.