Avant les annonces de Macron, nouvelles manifestations des "gilets jaunes"

Par AFP et Reuters  |   |  757  mots
Des milliers de protestataires manifestent samedi à Toulouse, proclamée "capitale des gilets jaunes" pour leur 22e samedi consécutif d'action, dans l'attente des annonces ces prochains jours du président Emmanuel Macron censées mettre un terme à une crise de près de cinq mois. (Crédits : Charles Platiau)
Le 22e samedi de manifestations des "Gilets jaunes" fait figure de test avant les annonces d'Emmanuel Macron en réponse à ce mouvement parti en novembre d'une contestation des taxes sur le carburant et marqué par des dérapages violents.

A Toulouse, abcès de fixation de cette journée de mobilisation en province, des incidents ont opposé depuis la mi-journée des manifestants, auxquels se sont mêlés des militants extrémistes "black blocks", aux forces de l'ordre.

Lors du 21e samedi de manifestations, le 6 avril, la mobilisation a été la plus faible depuis le début du mouvement, avec 22.300 participants recensés en France par le ministère de l'Intérieur, dont 3.500 à Paris.

A Paris, où le préfet de police a de nouveau interdit tout rassemblement de personnes se revendiquant des "Gilets jaunes" sur l'avenue des Champs-Elysées et dans un périmètre incluant la présidence de la République et l'Assemblée nationale, deux manifestations et trois rassemblements ont été déclarés. Des manifestants ont commencé à converger en fin de matinée vers les points de départ des cortèges déclarés, dans le XVIIe arrondissement et le quartier de la place de la Nation (XIIe).

Rassemblements interdits

Comme à Paris, les rassemblements de "Gilets jaunes" ont été interdits dans les points sensibles de grandes villes de province, comme le centre-ville de Lille (Nord) ou la place du Capitole à Toulouse (Haute-Garonne). Les "Gilets jaunes" ont fait de Toulouse le point de ralliement principal de cette 22e journée en province, avec des appels, sur les réseaux sociaux et les murs de la ville, à "reprendre" la place du Capitole, où se trouve la mairie.

On pouvait ainsi lire cette semaine sur les murs de la rue d'Alsace-Lorraine : "16 mars, les riches perdent les Champs, 13 avril on prend le Capitole" - allusion au saccage des Champs-Elysées qui a marqué les manifestations du 16 mars.

Des appels à "une journée noire et de mobilisation nationale pour lutter contre Macron et son monde" ont été diffusés sur les réseaux sociaux. "Montrons-leur que tout ne fait que commencer", lisait-on notamment sur un de ces messages. La manifestation toulousaine a débuté vers midi au métro Jean-Jaurès, vers lequel des premiers manifestants avaient commencé à converger vers 10h00.

Tensions à Toulouse

Très vite, des manifestants, qui ont notamment mis le feu à une barraque de chantier et un deux-roues, se sont heurtés sur les Allées Jean-Jaurès aux forces de l'ordre, qui ont fait usage de grenades lacrymogènes et de désencerclement.

Plusieurs personnes ont été interpellées devant les caméras des équipes de télévision présentes. Deux figures du mouvement des "Gilets jaunes" étaient annoncées : Maxime Nicolle, alias "Fly Rider", effectivement aperçu au milieu des manifestants, et Priscillia Ludosky.

Le maire Les Républicains (LR) de Toulouse, Jean-Claude Moudenc, avait dit s'attendre à "une plus grande mobilisation" que le week-end dernier et s'était déclaré "assez inquiet", malgré des moyens supplémentaires obtenus par le préfet. En début d'après-midi, une correspondante de Reuters à Toulouse évaluait le nombre de manifestants entre 2.000 et 2.500.

Le chef de l'Etat doit tirer dans les prochains jours les conclusions du "grand débat national" lancé le 15 janvier pour répondre à ce mouvement aux revendications hétéroclites.

Des mesures puissantes et concrètes

Le Premier ministre, Edouard Philippe, a promis mardi à l'Assemblée nationale des "décisions puissantes et concrètes", notamment en matière de fiscalité, mais le mystère demeure sur les pistes qui seront finalement retenues par l'exécutif.

Sa marge de manoeuvre budgétaire est cependant réduite, après l'annonce début décembre de mesures en faveur du pouvoir d'achat chiffrées à dix milliards d'euros, et le scepticisme, pour ne pas dire la défiance, règne dans les rangs des "Gilets jaunes", qui ont largement boudé le "grand débat national". "S'ouvre pour le président de la République l'acte II de son quinquennat. Il n'aura pas de seconde chance", avertit dans Le Figaro le président LR du Sénat, Gérard Larcher.

Polémique sur la loi anti-casseurs

Ce 22e samedi de mobilisation est le premier lors duquel les préfets pourront s'appuyer sur la loi "anti-casseurs" promulguée le 10 avril mais privée par le Conseil constitutionnel d'une de ses principales dispositions.

L'article 3 censuré autorisait les préfets à interdire de manifestation toute personne "à l'égard de laquelle il existe des raisons sérieuses de penser que son comportement constitue une menace d'une particulière gravité pour l'ordre public". Demeure en revanche, notamment, le délit de dissimulation du visage "sans motif légitime" dans une manifestation, passible d'un an de prison et de 15.000 euros d'amende