Baisse de la durée d’indemnisation chômage des seniors : Élisabeth Borne met la pression sur les partenaires sociaux

Par latribune.fr  |   |  748  mots
« Nous passer de leur expertise et de leur expérience est un immense gâchis, et nous ne pourrons pas atteindre le plein-emploi sans relever ce défi », a affirmé Élisabeth Borne (Crédits : POOL)
La Première ministre Élisabeth Borne a affirmé ce jeudi qu'elle considérait comme « un immense gâchis » le fait de se passer de l'expertise des seniors au travail et appelle les partenaires sociaux à « trouver des solutions ». Une déclaration qui va de paire avec celle de son ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, qui a annoncé vouloir diminuer la durée d'indemnisation chômage des seniors pour augmenter le taux d'emploi des 60-64 ans.

Le gouvernement a entamé une nouvelle bataille politique : celle  d'« atteindre le plein emploi »... notamment chez les seniors. Pour rappel, le taux d'emploi des 60-64 ans est actuellement de 36,2%. Un sous-emploi que la Première ministre à encore jugé problématique ce jeudi, lors de l'évènement « Impact PME » organisé par la CPME à Paris et qui réunit cette année 2000 dirigeants de TPE-PME autour de la thématique « Talents, IA, transition écologique : comment réussir 2024 ».

« Nous passer de leur expertise et de leur expérience est un immense gâchis, et nous ne pourrons pas atteindre le plein-emploi sans relever ce défi », a-t-elle affirmé.

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Pour résoudre ce que le gouvernement considère comme un problème, Élisabeth Borne s'est dite « convaincue » des mérites du dialogue social, « une méthode qui a fait ses preuves ». « Je compte sur les partenaires sociaux pour trouver des solutions nouvelles et ambitieuses », leur a-t-elle notamment lancé en précisant que de nombreux chantiers attendaient ses interlocuteurs. Et pour cause, l'exécutif a annoncé l'ambitieux projet de faire monter le taux d'emploi des 60-64 ans à 65% « à l'horizon 2030 ».

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Pour y parvenir, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, s'est dit favorable à un abaissement de la durée d'indemnisation chômage des plus de 55 ans pour l'aligner sur celles des autres chômeurs. Autrement dit : passer d'une durée de « 27 mois » à « 18 mois ».

Bruno Le Maire défend son projet

Bruno Le Maire a d'ailleurs précisé ses propos ce jeudi. Il a répété sur France Inter « vouloir qu'on mette fin à toutes les hypocrisies du modèle social français » au sujet des plus de 55 ans. Il a noté que sa proposition de baisse du temps de cotisation, pour l'instant reprise par aucun membre du gouvernement, avait « peut-être cassé de la vaisselle », mais avait mis la lumière sur le fait qu'en France, « on discrimine les plus de 55 ans » au travail.

Pour ramener plus de seniors vers l'emploi, le ministre s'est targué de mettre sur la table des « mesures très concrètes ». Il a, par exemple, proposé que dans « tous les métiers difficiles », les 35 à 45 ans aient « un droit automatique à une nouvelle formation », pour « ne pas finir (son) activité dans des métiers qui sont pénibles physiquement ». Bruno Le Maire a aussi proposé de travailler avec les partenaires sociaux « à une sortie progressive et non pas brutale du marché du travail pour les plus de 55 ans » : « par exemple, les plus de 55 ans pourraient avoir droit à des contrats dans lesquels ils travaillent à 4/5, 80% du temps de travail, mais avec 90% de leur salaire et 100% de leurs cotisations retraite », a-t-il avancé.  « Ça a un coût, a-t-il convenu, il faut que nous regardions qui peut assumer ce coût ». Pour lui, « les entreprises ont un rôle majeur à jouer » dans cette affaire.

Le gouvernement tient d'ailleurs tellement à ce projet d'augmentation du taux d'emploi des 60-64 ans qu'il a estimé ne pas avoir suffisamment de garanties concernant l'indemnisation des seniors, pour ratifier la convention d'assurance chômage, pourtant conclue le 15 novembre.

Élisabeth Borne fait une concession sur les « tests PME »

La Première ministre a aussi annoncé jeudi être d'accord pour la mise en place de « tests » avant l'entrée en vigueur de nouvelles normes concernant les PME. « J'ai entendu votre demande de mettre en place un "test PME" pour évaluer en amont l'impact des normes sur les PME: c'est une mesure de bon sens, je vous annonce que nous la mettrons en œuvre », a déclaré Élisabeth Borne.

Quelques minutes auparavant, le président de la CPME François Asselin avait confié que « à l'heure où on multiplie sans cesse les normes, notamment en matière environnementale, où le reporting extra-financier des entreprises, la fameuse CSRD, va se traduire par un véritable tsunami administratif (...) Envoyez-nous des signaux, mettez en place un test PME qui impose une période d'expérimentation avant la mise en place de nouvelles règles nous concernant », avait-il plaidé. François Asselin a ainsi indiqué à l'AFP être très satisfait de l'annonce de la Première ministre. Il prévoit des « panels » d'expérimentation d'une centaine de PME des différents grands secteurs de l'économie avant la mise en place d'une nouvelle norme. « Si ça fonctionne, on déroule, sinon, revoyons la copie! », a-t-il dit.

(Avec AFP)