L'emploi des seniors au cœur des discussions entre Matignon et les organisations patronales

La Première ministre Elisabeth Borne a reçu lundi à Matignon des organisations patronales, le Medef et la CPME, qui lui ont fait part des sujets post-réforme des retraites sur lesquels ils étaient disposés à négocier. Parmi eux, l'emploi des seniors.
Le paton du Medef, Geoffroy Roux de Bezieux, a évoqué la possibilité de discuter de « la retraite progressive », des salaires élevés des cadres seniors « qui freinent leur embauche » ou de la dégressivité des allocations chômage.
Le paton du Medef, Geoffroy Roux de Bezieux, a évoqué la possibilité de discuter de « la retraite progressive », des salaires élevés des cadres seniors « qui freinent leur embauche » ou de la dégressivité des allocations chômage. (Crédits : Reuters)

Après les censures du Conseil constitutionnel des articles de la réforme des retraites liés à l'emploi des seniors, Elisabeth Borne et les organisations patronales remettent ce dossier en haut de la pile. Mi-mai, Emmanuel Macron avait déjà jugé que le dossier de la réforme des retraites n'était pas « classé », en raison justement des dispositions censurées, notamment sur l'emploi des séniors.

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Fin avril, la Première ministre avait donné le ton des discussions à venir avec les syndicats : « C'est par le dialogue social finalement qu'on apporte des bonnes solutions au bénéfice des salariés », a fait valoir la cheffe du gouvernement, alors en déplacement sur le site de Vélizy-Villacoublay du motoriste et équipementier aéronautique Safran pour saluer la récente signature d'un accord sur l'emploi des seniors (voir encadré en fin d'article) que l'exécutif est « déterminé à faire progresser ». « C'est dans cet esprit qu'on proposera aux organisations syndicales et patronales d'engager un agenda social pour préparer un nouveau pacte de la vie au travail ».

Le Medef ouvert au dialogue

Geoffroy Roux de Bézieux, patron du Medef, reçu par la cheffe du gouvernement, s'est ainsi dit lundi « prêt à discuter de l'emploi des seniors ». Il a évoqué la possibilité de discuter de « la retraite progressive », des salaires élevés des cadres seniors « qui freinent leur embauche » ou de la dégressivité des allocations chômage.

La Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), de son côté, a remis sur la table lors de ces entretiens à Matignon sa proposition d'exonérer de cotisations assurance-chômage les seniors à partir 57 ans. « Quitte à que l'entreprise rembourse les cotisations non versées si elle se séparait de ce senior avant la retraite », a indiqué son patron, François Asselin, à l'AFP.

Revoir le périmètre d'application du compte épargne-temps (CET)

Les deux premières organisations patronales entendent, par ailleurs, limiter le périmètre d'application du compte épargne-temps (CET) à la période située « juste avant la retraite » et non plus tout au long de la vie professionnelle.

Sur les salaires, le patron des patrons a redit que « les entreprises privées ont fait le job » avec un salaire moyen par tête en hausse de 5,8% selon l'Urssaf, contrairement à l'Etat-employeur chez lequel la hausse est « autour de 2% ». Geoffroy Roux de Bézieux s'est néanmoins dit prêt à parler du problème de la faible progression des salaires nets entre un et deux Smic, alors que selon certaines études, « entre 60% et 70% des augmentations de salaire ne se retrouvent pas en net », en raison notamment de la disparition de la prime d'activité. En revanche, il a dit qu'il ne « savait pas ce que voulait dire » conditionner les aides publiques aux entreprises à la hausse des salaires, comme réclamé par les syndicats. Et il a affirmé qu'il n'était « pas prêt à négocier » une révision des ordonnances travail, qui sont pour lui des « lignes rouges ».

Le président du Medef a en outre demandé à la Première ministre que l'accord conclu entre le patronat et quatre syndicats sur le partage de la valeur, qui va être transposé dans un projet de loi présenté mercredi en Conseil des ministres, fasse « jurisprudence » et que « s'il y a un accord sur l'emploi des seniors, il soit repris entièrement ».

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La dégressivité des allocations chômage défendue par le Medef

Le Medef a défendu aussi la dégressivité des allocations chômage, alors que selon le numéro un de la CFE/CGC, François Homeril, la cheffe du gouvernement envisagerait de « laisser les partenaires sociaux revenir » sur cette mesure entrée en vigueur en février.  Le syndicat exclut aussi de discuter avec les syndicats de sujets sur lesquels les positions sont trop antagonistes, comme l'indexation des salaires.

L'Union des entreprises de proximité (U2P), qui représente artisans et professions libérales, sera reçue ce mardi par Elisabeth Borne.

Safran cherche à faciliter les embauches et les reconversions des plus de 50 ans

La direction de Safran et tous les syndicats ont signé le 14 avril un accord concernant les salariés seniors, assurant notamment le niveau d'emploi et les embauches des plus de 50 ans et leur reconversion potentielle au sein du groupe. « Si l'on veut que les salariés expérimentés restent plus longtemps dans l'entreprise, il faut bien que les entreprises elles-mêmes changent leur organisation du travail », a justifié Stéphane Dubois, directeur des ressources humaines et sociétales de Safran.

Cet accord organise la « prise en compte du vécu physique des collaborateurs » pour préparer à partir de 50 ans une reconversion vers un nouveau métier au sein de Safran, a-t-il expliqué à des journalistes. Il permet également la possibilité d'une progressivité dans la cessation d'activité à partir de l'âge choisi par le salarié. « On est aujourd'hui à 32% de seniors, on vise 35% de plus de 50 ans », a-t-il détaillé. Quelque 13.500 salariés ont actuellement plus de 50 ans au sein de Safran. L'âge moyen du départ à la retraite est de 61,5 ans, 62,5 pour les cadres.

 (Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 23/05/2023 à 16:56
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On va se plaindre de la productivité du pays quand on commence à travailler à 23 ans et mis dehors à 56, ça fait peu d'années utiles, mais ça n'est pas le problème des entreprises, plutôt celui du pays. Un article du Monde dit que les gens pratiquant...

à écrit le 23/05/2023 à 13:32
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"La direction de Safran et tous les syndicats ont signé le 14 avril un accord concernant les salariés seniors.L'âge moyen du départ à la retraite est de 61,5 ans, 62,5 pour les cadres." Encore faut-il avoir le nombre de trimestre requis sinon, il ...

à écrit le 23/05/2023 à 9:25
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On ne serait pas dans ce problème, si l'on avez pris les annuités cotisés au lieu de fixer un âge de départ ! ;-)

le 23/05/2023 à 12:15
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"si l'on avait " et non avez !

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