Bilan du quinquennat : quelles ont été les erreurs du gouvernement ?

Par Fabien Piliu  |   |  774  mots
Menée par le gouvernement de François Hollande, la politique économique n'a pas réussi à réduire le déficit public aussi vite qu'il l'espérait et à faire reculer le nombre de demandeurs d'emplois.
Dans une étude dévoilée ce lundi, l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) décrypte la politique économique menée entre 2012 et 2016. Principal enseignement, en optant pour l'austérité budgétaire et une politique de l'offre aux effets dépressifs sur le pouvoir d'achat, le gouvernement s'est trompé.

La croissance faible ? Le gouvernement serait fautif. Tel est le principal enseignement de l'étude publiée ce lundi par l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). "Le quinquennat de François Hollande a été marqué par des difficultés économiques profondes mais également par un début d'embellie cette dernière année de mandat. La France aura donc une croissance faible de 2012 à 2014, du fait notamment de la politique de consolidation budgétaire, puis une croissance modérée au-delà. L'ampleur du choc fiscal en début de quinquennat, dont l'impact négatif sur la croissance avait été sous-estimé par le gouvernement, n'était pas compatible avec une baisse du chômage au cours de la première moitié de mandat ", explique l'OFCE.

Un effet négatif sur le PIB estimé à 0,8 point chaque année !

Quel fut l'impact de cette consolidation budgétaire, consolidation par ailleurs appliquée par la plupart de nos partenaires européens, ce qui explique le manque de ressort global de la zone euro depuis 2012 ? Selon l'OFCE, la consolidation budgétaire en France et en Europe a eu un effet négatif estimé de 0,8 point en moyenne chaque année entre 2012 et 2017. "Autrement dit, et toutes choses égales par ailleurs le PIB aurait été plus élevé de 4,2% en 2017 si la politique budgétaire européenne avait été globalement neutre", précise l'OFCE.

Comment cette consolidation budgétaire s'est-elle articulée ? Outre une réduction des dépenses publiques, au niveau de l'Etat, des collectivités locales et de la Sécurité sociale, cette stratégie d'austérité initiée début 2014 a eu pour bras armé une politique de l'offre dont l'objectif fut de réduire le coût du travail pour les entreprises via le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) et les allègements de cotisations contenues dans le Pacte de responsabilité.

Les entreprises sont passées avant les ménages

Le problème, c'est que cette stratégie a pesé sur le pouvoir d'achat des ménages et donc sur leur consommation, qui représente 53% du PIB, et qui reste le principal moteur de la croissance depuis le début des années 2000. Celle-ci a baissé en juillet pour le quatrième mois consécutif a observé l'Insee.

"De 2012 à 2016, la France est, avec l'Espagne, le grand pays qui a connu le plus fort ajustement de la masse salariale. A l'inverse, en Allemagne sur la même période, la part de la rémunération du travail dans le PIB a continué à croître plus vite que la moyenne de la zone euro (+0,7 point de PIB) se rapprochant ainsi du niveau français", calcule l'OFCE.

Cette stratégie a certes permis de redresser le taux de marge des entreprises tombé à un niveau historiquement bas en 2014, et de favoriser le redressement de leur investissement. Selon ses calculs, " malgré un début de rétablissement grâce à la baisse des cours du pétrole et de l'accélération de la masse salariale, le pouvoir d'achat par ménage en France est toujours inférieur de 350 euros par rapport à son niveau de 2010, année qui marque le début des politiques d'austérité ", explique l'OFCE.

Deux objectifs majeurs ont été ratés

Déséquilibrée - l'offre est soutenue mais pas la demande -, la politique économique a donc échoué à atteindre deux objectifs majeurs fixés en début de quinquennat. D'une part, le gouvernement n'a pas réussi à faire passer le déficit public sous les 3% en 2012.

Il devrait être atteint en 2017, à condition que la croissance ne s'écroule pas ! Il n'a pas non plus éviter à la dette publique de progresser. Celle-ci est actuellement à un sommet historique. Selon l'OFCE, elle s'élèverait à 96,5% du PIB en 2017, après avoir fait un bond de 11,3 points de PIB depuis 2012.

D'autre part, et c'est probablement sur ce point que les Français auront le plus de reproches à faire à François Hollande s'il devait se présenter à la prochaine élection présidentielle, le nombre de demandeurs d'emplois se maintient à des niveaux historiquement élevés.

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A qui imputer ces erreurs d'appréciation ? Les ministres de l'Economie et des Finances se sont succédé au cours du quinquennat, donnant à Bercy une allure de maison ouverte aux quatre vents. En reprenant le portefeuille détenu depuis août 2014 par Emmanuel Macron, Michel Sapin est devenu le quatrième ministre de l'Economie du quinquennat actuel. Faut-il voir dans cette instabilité ministérielle une explication au moins partielle de l'échec de la politique économique menée depuis 2012 ?