Budget : Bruxelles a été trop indulgent avec la France (président de l'Eurogroupe)

Par latribune.fr  |   |  412  mots
Jeroen Dijsselbloem regrette que la Commission ait décidé l'an dernier de ne pas ouvrir de procédure de déficit excessif contre la France, lui donnant plus de temps pour se mettre en conformité avec les règles communes.
Le ministre néerlandais des Finances Jeroen Dijsselbloem déplore que le président de la Commission ait justifié l'octroi de dérogations en matière de règles budgétaires "parce que c'est la France".

Le président de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem s'en est pris vendredi au président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, à qui il reproche sa mansuétude à l'égard de la France dans une interview accordée au Figaro et à six autres quotidiens européens, dont le Süddeutsche Zeitung.

Le ministre néerlandais des Finances déplore que le président de la Commission ait justifié l'octroi de dérogations en matière de règles budgétaires "parce que c'est la France".

"La Commission devrait se soucier davantage de sa crédibilité.[...] Lorsque vous apprenez que son président dit que la perspective est différente dans le cas de la France -je ne suis pas sûr des mots- c'est bien sûr dommageable. Comment voulez-vous redynamiser l'union monétaire, après le vote britannique par exemple, si vous traitez ainsi les règles existantes? Personnellement, je trouve que c'est très inquiétant."

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Jean-Claude Juncker avait expliqué cette semaine dans un entretien à la chaîne Public Sénat qu'il ne cessait de donner des dérogations à la France en matière budgétaire "parce que c'est la France" et "qu'on ne peut pas appliquer le pacte de stabilité de façon aveugle"

Pour rappel, le Pacte de stabilité fixe notamment pour règle de ramener et de contenir le déficit public sous le seuil de 3% du PIB. La Commission a décidé l'an dernier de ne pas ouvrir de procédure de déficit excessif contre la France, lui donnant plus de temps pour se mettre en conformité avec les règles communes.

Une exception malvenue

Le président de l'Eurogroupe ajoute que les pays membres de la zone euro ont besoin d'un "arbitre objectif" qui fasse respecter les règles du Pacte de stabilité.

"Une chose est sûre: si la Commission n'affiche de fermeté qu'avec les petits pays, l'effet sera dévastateur pour la confiance entre les capitales de l'euro", prévient-il.

"Si la Commission ferme les yeux sur l'un, elle sera obligée de le faire pour d'autres et au bout du compte, c'est toute l'union monétaire qui sombre dans l'aveuglement", prévient Jeroen  Dijsselbloem. Un système de "deux poids, deux mesures", auquel est notamment confrontée la Grèce.

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(Avec AFP)